L’hypocrisie de la PDG de YouTube : Susan Wojcicki dit vouloir « autant de liberté d’expression que possible »


De la part de la responsable d’une plateforme qui censure des millions de vidéos chaque année.

YouTube censure régulièrement des vidéos, démonétise des créateurs et introduit de nouvelles règles de censure. Pourtant, lors d’une récente interview, Susan Wojcicki, PDG de YouTube, a affirmé que la plateforme souhaitait permettre “autant de liberté d’expression que possible”.

Mme Wojcicki a fait ces commentaires lors d’une interview avec la journaliste indonésienne Najwa Shihab, qui lui demandait ce que YouTube pensait des gouvernements qui utilisent des réglementations pour restreindre la liberté d’expression. Dans sa réponse, Wojcicki a présenté YouTube comme un champion de la liberté d’expression.

“En général, nous voulons permettre le discours politique. Ainsi, lorsque nous recevons des demandes qui impliquent la suppression d’un discours politique, nous sommes très hésitants ou réticents à les supprimer”, a déclaré Mme Wojcicki.

Elle a poursuivi en ajoutant la mise en garde suivante : “Chaque cas dépend de ce qui se passe” avant de faire une déclaration encore plus audacieuse sur les valeurs supposées de liberté d’expression de YouTube :

“Nous voulons permettre aux gens d’exprimer leurs points de vue et permettre autant de liberté d’expression que possible.”

Wojcicki a poursuivi en affirmant que YouTube défend également la liberté d’expression contre les gouvernements élus de manière non démocratique.

“Si vous avez, par exemple, un gouvernement élu de manière non démocratique et qu’il nous demande de retirer un contenu qui supprimerait la liberté d’expression de personnes persécutées d’une manière ou d’une autre, c’est un endroit… où il serait plus difficile pour nous de… retirer ce contenu”, a déclaré Wojcicki. “Nous le maintiendrions.”

Mme Shihab a insisté auprès de Mme Wojcicki sur sa prétendue position en faveur de la liberté d’expression en demandant au PDG de YouTube si elle croit en la censure. Shihab a suggéré que la censure pourrait être contre-productive lorsqu’il s’agit de lutter contre la “désinformation” et que la libre circulation de l’information plutôt que la censure pourrait être une meilleure solution.

Bien qu’elle ait affirmé plus tôt dans l’interview que YouTube voulait permettre la plus grande liberté d’expression possible, Wojcicki a répondu à cette question en disant : “Il y a des lignes que nous traçons et dont nous pensons […] qu’elles n’ont pas de sens pour nous d’avoir sur notre plateforme.”

La PDG de YouTube a déclaré que le contenu pour adultes était l’une des premières catégories que YouTube a interdites parce que l’autoriser aurait changé la nature de YouTube. Cependant, elle a poursuivi en décrivant d’autres catégories de contenu plus vagues qui sont interdites pour apaiser les annonceurs :

“Si nous avons beaucoup de contenu qui est considéré comme indésirable ou qui ne soutient pas la société ou qui n’est pas responsable, nous verrons également un retrait de notre communauté publicitaire. Donc… nous voulons faire ce qui est juste, mais nous fonctionnons aussi, en tant qu’entreprise, très différemment de l’internet dans son ensemble, où les gens peuvent aller et poster leurs informations.”

Ce n’est pas la première fois que Wojcicki et d’autres hauts responsables de YouTube tentent de présenter YouTube comme une plateforme de liberté d’expression.

L’année dernière, Mme Wojcicki a reçu un prix de la liberté d’expression décerné par un groupe favorable au premier amendement lors d’une cérémonie de remise de prix parrainée par YouTube. Elle a également déclaré précédemment que la célébration de la liberté d’expression était une “valeur fondamentale” chez YouTube. Au début de l’année, Neal Mohan, directeur des produits de YouTube, a affirmé que YouTube était une “plateforme ouverte” où chacun peut partager ses idées “sans garde-fou”.

Malgré ces affirmations de ses dirigeants, les actions de YouTube racontent une histoire différente. Au deuxième trimestre 2022, YouTube a supprimé plus d’un million de vidéos pour avoir enfreint ses règles très strictes en matière de “discours de haine”, de “harcèlement”, de contenu “nuisible” et de “désinformation”. Ce trimestre, YouTube a continué à censurer des créateurs et des journalistes populaires et à mettre à jour ses règles de censure.

Lire aussi : La PDG de YouTube admet qu’il existe « diverses définitions » de la « haine et du harcèlement » lors de l’examen de la politique de censure

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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