Censure du film Autant en emporte le vent. « La Pureté dangereuse » ou l’éradication du mal


Comment purger notre innocente époque des œuvres ignobles des temps antérieurs ? La réponse est simple : soustraire, occulter, rendre invisible.

Après le crime raciste commis contre George Floyd, la chaîne HBO a trouvé la panacée : retirer de sa plate-forme Autant en emporte le vent, ce brûlot sudiste et esclavagiste qui a souillé les consciences de quatre générations d’Américains.

Le raisonnement est simple : le film de Fleming est raciste, les policiers sont racistes, donc censurons le chef-d’œuvre, et ledit racisme ne trouvera plus de combustible. Les drogues envappent la jeunesse ? Brûlez Les Paradis artificiels. L’antisémitisme sévit toujours ? Haro sur Le Marchand de Venise. L’obésité est un fléau ? Déféquez sur La Grande Bouffe

Une bien-pensance aussi frileuse que stupide

La bien-pensance est aussi frileuse que stupide, incapable de comprendre le sens profond de ce qu’est l’histoire. Il lui a été très pénible d’apprendre qu’on ne trouvait aucun végan chez les Romains, nul zadiste à la Renaissance et nul défenseur de la parité sous Louis XIV. Le politiquement correct, la pensée woke, ne peuvent penser le monde qu’à partir de leur découpe morale, certains de la pérennité de leurs valeurs. On peut y voir de la naïveté, de l’orgueil ou du révisionnisme. De la même manière que Winston Smith, dans 1984, réécrit des articles anciens pour les faire coïncider avec les réalités de son temps, le bien-pensant entre en convulsion lorsqu’on lui parle de contextualisation et de mise en perspective. Et pourtant la fin de La Raison dans l’histoire a été écrite avant Martin Luther King ; Bonald a publié avant Pétain et Barrès avant la Shoah.

Mais que l’on se rassure. Autant en emporte le vent n’a pas déserté HBO. Le temps de rédiger un carton d’avertissement, et Hattie pourra trompéter à Scarlett : « Modam’ est se’vie ! ». Ainsi, les flics américains réfléchiront à deux fois avant de vérifier la résistance anaérobique des noirs de 46 ans. On se demande pourquoi on n’y avait pas pensé avant. C’est ainsi que les lycéen.nes devraient être admonesté.es avant la lecture de Dom Juan : « Il est périlleux de défier Dieu, de ne pas payer ses dettes et de mentir à son père. » Avant le visionnage d’Orange mécanique : « C’est mal de rosser les SDF, de violer les femmes et de porter des chemises au col pelle à tarte. » Devant Suzanne et les vieillards : « Ce n’est pas bien de reluquer les jeunes filles quand on est grabataire. » Pour la pensée woke, l’œuvre ultime aurait le résumé suivant : « Iel et un cis-genre, après avoir vu Parent I et Parent II, décident d’une GPA auprès d’une racisée, rencontrée dans un commun, lors de luttes intersectionnelles, dans le respect bien compris des sensibilités de chacun.e. Iels décident de faire la fête. Ils se rendent dans une AMAP et reprennent deux fois des graines germées. » HBO attend avec impatience la version non expurgée.

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Source : Breizh-info.com


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1 réponse

  1. marv38 dit :

    Dans le domaine litteraire pour parler de la France il faut interdire toutes les oeuvres antérieures à l’abolition de l’esclavage car les auteurs savaient et n’ont rien dit. De plus l’image vehiculée de la femme, des differentes communautés racisées et des LGBTI+ est souvent intolerable dans la litterature française de l’époque, il convient au moins de prevenir les innocents lecteurs .

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