Maladie d’Alzheimer : il pourrait être possible de rétablir la mémoire


Une équipe de chercheurs annonce avoir corrigé le dysfonctionnement cognitif inhérent à la maladie d’Alzheimer chez des modèles de souris. Une avancée prometteuse, dont les détails sont publiés par la revue Brain.

Alzheimer est un type de démence entraînant des troubles de la mémoire, de la pensée et du comportement. Nous savons que la maladie peut dépendre de facteurs de risque génétiques et environnementaux. Ceux-ci se combinent pour entraîner des changements épigénétiques – des modifications qui ne sont pas codées par la séquence d’ADN. En revanche, on ignore encore beaucoup de choses concernant les processus en cours. Mais l’histoire pourrait bientôt changer. Des chercheurs, concentrés sur ces changements épigénétiques, expliquent avoir été capables de rétablir les capacités de mémoire de plusieurs souris.

« Nous avons non seulement identifié les facteurs épigénétiques qui contribuent à la perte de mémoire, mais avons également trouvé des moyens de les inverser temporairement dans un modèle animal de la maladie », a déclaré Zhen Yan, de la faculté de médecine et de sciences biomédicales Jacobs de l’Université de Buffalo (États-Unis) et principal auteur de l’étude.

Anomalies épigénétiques

Les chercheurs savent désormais que la perte de récepteurs du glutamate – essentiels à l’apprentissage et à la mémoire à court terme – est l’une des principales causes du déclin cognitif observé aux derniers stades de la maladie. Il ressort aujourd’hui que la perte de ces récepteurs est le résultat d’un processus épigénétique appelé modification répressive de l’histone.

Cette modification répressive de l’histone a été observée chez deux modèles. À la fois chez des souris élevées pour présenter des mutations génétiques entraînant les symptômes de la maladie, mais aussi dans des tissus post-mortem de patients diagnostiqués. Et c’est cette modification répressive qui modifie la structure de la chromatine, qui contrôle l’accès du matériel génétique au mécanisme de transcription d’une cellule.

« Cette modification de l’histone anormale liée à la maladie est ce qui réprime l’expression des gènes, en diminuant les récepteurs du glutamate. Ceci entraîne ensuite une perte de la fonction synaptique et des déficits de mémoire », poursuit la chercheuse.

Inverser le déclin cognitif

Une fois ce processus identifié, les chercheurs ont alors pu se pencher sur les traitements éventuels. Sachant que la modification répressive de l’histone est contrôlée par des enzymes, les chercheurs ont alors pu corriger le dysfonctionnement cognitif en inhibant certaines d’entre elles, bien ciblées. Le but était alors de restaurer les récepteurs du glutamate.

Et ça semble fonctionner. « Lorsque nous avons administré cet inhibiteur enzymatique aux animaux, nous avons constaté une récupération de la fonction cognitive. Celle-ci a été confirmée par des évaluations de la mémoire de reconnaissance, de la mémoire spatiale et de la mémoire de travail, s’enthousiasme la chercheuse. Nous avons été assez surpris de voir une amélioration cognitive aussi spectaculaire ».

Ces “récupérations” des fonctions cognitives n’ont duré qu’une semaine, mais les chercheurs ambitionnent maintenant de poursuivre dans cette voie. L’idée serait de pouvoir enregistrer les mêmes améliorations, mais sur une durée beaucoup plus longue. « Si de nombreux gènes dysrégulés sont restaurés en ciblant les bonnes enzymes, alors il pourrait être possible de restaurer les fonctions cognitives des personnes atteintes de la maladie », conclu Zhen Yan.

Lire aussi : Une intelligence artificielle détecte la maladie d’Alzheimer 6 ans avant un diagnostique humain

Source : SciencePost


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