Les scientifiques appellent de plus en plus à réduire l’intensité du Soleil

24 novembre 2022

Ce n’est plus de la science-fiction.

L’idée de la “géo-ingénierie solaire”, qui consiste à envoyer des particules d’une valeur incalculable dans la stratosphère pour réduire le réchauffement du soleil, a longtemps été considérée comme un dernier recours pour faire face à une crise climatique croissante.

Malgré une forte opposition à l’idée d’intervenir sur des écosystèmes entiers en même temps, un nombre croissant de scientifiques commencent à étudier sérieusement cette possibilité, rapporte le New Yorker.

Le mois dernier, la Maison Blanche a annoncé un plan de recherche quinquennal pour étudier la géo-ingénierie, signe que l’idée a quitté le domaine de la science-fiction dans un contexte de hausse rapide des températures et d’échec des objectifs climatiques.

Même avec un arrêt presque complet de l’utilisation des combustibles fossiles, l’humanité se dirige vers une catastrophe. L’accord de Paris, un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique, a été adopté par 196 pays, qui ont convenu de faire de leur mieux pour limiter le réchauffement de la planète à un niveau aussi proche que possible de 1,5 degré Celsius.

Mais atteindre cet objectif s’est avéré presque impossible. Selon un rapport publié en octobre par les Nations unies sur le changement climatique, nos efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ont été insuffisants pour atteindre cet objectif d’ici la fin du siècle.

Face à ces sombres perspectives, de plus en plus de chercheurs se tournent vers la géo-ingénierie comme solution de dernier recours.

Tout comme les particules libérées par un volcan massif – il a été démontré que de précédentes éruptions ont entraîné une baisse des températures – l’injection de dioxyde de soufre en aérosol dans la stratosphère pourrait avoir des résultats similaires.

Si les experts s’accordent à dire qu’il y a de fortes chances que ces particules fassent de l’ombre et refroidissent la surface, nous commençons seulement à comprendre les effets secondaires possibles, notamment à l’échelle mondiale.

Par exemple, les fluctuations de température pourraient déclencher des phénomènes météorologiques extrêmes, comme des inondations, dans des endroits inattendus de la planète. Une augmentation des réservoirs locaux pourrait même permettre à des maladies comme la malaria de se propager, comme le rapporte The New Yorker.

En outre, les efforts de géo-ingénierie d’un pays pourraient avoir des ramifications politiques vastes et potentiellement désastreuses.

“Nous pensons qu’il n’existe aucun système de gouvernance qui pourrait décider de cela, et qu’aucun n’est plausible”, a déclaré au magazine Frank Biermann, politologue à l’université d’Utrecht. “Il faudrait prendre des décisions sur la durée, sur le degré – et s’il y a des conflits – ‘nous voulons un peu plus ici, un peu moins ici’ – tout cela doit être arbitré.”

En bref, il s’agit d’une idée très controversée qui pourrait tout simplement ne jamais voir le jour, car il faudrait que tout le monde y adhère.

Par exemple, la seule fois où des scientifiques ont tenté activement d’expérimenter cette idée, elle a été arrêtée presque immédiatement, des groupes d’activistes ayant rédigé une lettre que même la célèbre écologiste Greta Thunberg a signée.

Malgré l’opposition, les dirigeants mondiaux sont de plus en plus désespérés face à une catastrophe climatique d’une ampleur sans précédent.

“La géo-ingénierie comme solution possible à cette catastrophe deviendra définitivement la seule option de dernier recours si nous, en tant que communauté mondiale, continuons sur la voie que nous avons empruntée”, a déclaré au New Yorker l’écologiste Anote Tong, ancien président de Kiribati, une petite nation insulaire déjà fortement touchée par l’élévation du niveau de la mer.

Y aura-t-il un jour un moment où l’humanité devra recourir à des mesures aussi radicales que la géo-ingénierie ? Au vu de nos récents résultats, ce n’est pas totalement exclu.

Source : Futurism – Traduit par Anguille sous roche