Au moins 70 planètes errantes repérées dérivant dans l’espace sans étoile


À la dérive loin de toute étoile, des planètes flottent dans l’obscurité comme des vaisseaux fantômes dans la nuit…

Cette représentation artistique présente un exemple de planète vagabonde, avec le nuage de Rho Ophiuchi visible à l’arrière-plan. Les planètes errantes ont des masses comparables à celles des planètes de notre système solaire, mais elles ne sont pas en orbite autour d’une étoile, elles se déplacent librement. (ESO/M. Kornmesser)

Pour en apercevoir une, il faut de la patience et une bonne vue. Mais une nouvelle approche basée sur des dizaines de milliers d’images recueillies par les installations de l’Observatoire européen austral a permis d’identifier pas moins de 170 planètes vagabondes/ errantes potentiels, des objets libres de masse planétaire dans notre coin de la galaxie.

Si une bonne partie d’entre elles sont confirmées comme étant des planètes, cela suggérerait que la Voie lactée grouille d’exilées solaires.

Les planètes errantes commencent toutes leur existence dans les mêmes tourbillons de gaz et de poussière qui donnent naissance à un système solaire typique, mais certains de ces nuages de matière peuvent être trop petits pour former la partie étoilée du système.

Il est difficile de dire combien sont des cas de naissance vierge, créés sans étoile, et combien sont chassés de leur foyer. Il n’y a tout simplement pas assez d’informations.

Étant des planètes, elles ne brillent pas avec la force d’une étoile. Détachées d’un système solaire, elles ne suivent pas une trajectoire orbitale qui

La plupart des suspectes ont été aperçues indirectement, comme des empreintes dans l’espace-temps, lorsque leurs corps massifs déforment brièvement le fond de la lumière des étoiles, une méthode qui ne se prête généralement pas à un second examen.

Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un échantillon important de vagabondes que nous pourrions retrouver à plusieurs reprises pour les suivre et les analyser.

Les astronomes à l’origine de ce dernier sondage ont tiré parti du fait que les planètes naissantes continuent de briller avec une chaleur résiduelle pendant des millions d’années.

En recherchant cette faible signature radiative dans les images prises à l’aide des télescopes de grande puissance de l’ESO, ils ont pu dresser une énorme liste de candidates au titre de « planètes vagabondes » dans les constellations du Scorpion supérieur et d’Ophiuchus.

Cette image montre l’emplacement de 115 planètes vagabondes potentielles évoluant librement, récemment découvertes par une équipe d’astronomes dans la direction des constellations du Scorpion supérieur et d’Ophiuchus, mises en évidence par des cercles rouges. Le nombre exact de rogues découvertes par l’équipe se situe entre 70 et 170, en fonction de l’âge supposé de la région étudiée. Cette image a été créée en supposant un âge intermédiaire, ce qui donne un nombre de planètes candidates situé entre les deux extrêmes de l’étude. (ESO/N. Risinger)

Selon Núria Miret-Roig, astronome au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et premier auteur :

Nous avons mesuré les mouvements infimes, les couleurs et les luminosités de dizaines de millions de sources dans une vaste zone du ciel. Ces mesures nous ont permis d’identifier avec certitude les objets les plus faibles de cette région, les planètes vagabondes.

Il est peu probable que toutes s’avèrent être des planètes. Sur les 170 signatures, pas plus de 70 pourraient effectivement être considérées comme telles.

Si les effets de lentille gravitationnelle ou l’oscillation révélatrice d’une étoile attirée par une compagne massive peuvent donner des indices clairs sur la taille d’une planète, il est plus difficile d’estimer la masse à partir de sa seule lumière.

Effets de lentille gravitationnelle induit par une planète ou étoile passant devant une étoile beaucoup plus éloignée en arrière-plan. La masse de l’objet déforme la toile de l’espace-temps créant un effet de loupe. (David Specht/ Eamonn Kerins/ Université de Manchester)

Une étoile vagabonde plus brillante pourrait être plus grosse. Ou alors, c’est un signe qu’elle est tout juste arrivée à maturité.

L’association de chaque candidate à l’âge approximatif de la région de l’espace où se forme l’étoile dans laquelle elle se trouve permet de fixer des limites à sa masse probable, mais certaines d’entre elles pourraient être suffisamment grosses pour être considérées comme des étoiles de faible masse à combustion lente.

Bien qu’il y ait encore beaucoup de travail à faire pour retrouver ces sombres nomades potentielles, le succès de cette technique permet d’obtenir les chiffres nécessaires pour mieux comprendre leurs origines.

Déjà, la densité des vagabondes suggère à elle seule que le modèle isolé de l’effondrement du noyau ne peut être la seule façon de les produire, ce qui rend crédible l’idée qu’une partie importante de ces planètes sont des exilées.

Par ailleurs, nous sommes à l’aube d’une toute nouvelle génération de technologies d’observation de l’espace qui devraient nous aider à approfondir nos connaissances sur ces objets insaisissables, nous permettant potentiellement d’étudier leur destin ainsi que leur passé.

Selon Hervé Bouy, astronome au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux, en France :

Ces objets sont extrêmement peu lumineux et les installations actuelles ne permettent pas de les étudier. L’ELT (Télescope géant européen) sera absolument crucial pour recueillir davantage d’informations sur la plupart des planètes rebelles que nous avons trouvées.

L’étude publiée dans Nature Astronomy : A rich population of free-floating planets in the Upper Scorpius young stellar association et présentée sur le site de l’Observatoire européen austral : ESO telescopes help uncover largest group of rogue planets yet.

Lire aussi : Découverte d’une planète 10 fois plus massive que Jupiter dans un système brulant à deux étoiles

Source : GuruMeditation


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