Didymos et Didymoon : l’ESA montre la taille des astéroïdes que la NASA va percuter, s’ils visaient la Terre


La défense planétaire n’est pas qu’un sujet de science-fiction : face à la menace que font courir certains objets spatiaux, des projets de protection de la Terre sont étudiés. L’un d’eux consiste à détourner un astéroïde menaçant en le heurtant avec un impact. C’est la mission DART.

Si un astéroïde s’approchait dangereusement de la Terre, quelle stratégie devrait-on adopter ? Pour l’heure, la solution qui tient la corde est la déviation de la trajectoire au moyen d’un impacteur cinétique. Et c’est justement cette méthode que la NASA va expérimenter en 2022, avec le programme DART (Double Asteroid Redirection Test). La cible ? L’astéroïde binaire Didymos.

Cet objet céleste a la particularité d’avoir un corps central, l’astéroïde Didymos, autour duquel gravite une lune astéroïdale, surnommée Didymos B ou Didymoon. Et c’est justement ce qui fait tout son intérêt : en frappant Didymoon avec l’impacteur, il sera plus facile pour les astronomes de constater l’efficacité (ou non) de la manœuvre et quelle aura été éventuellement son ampleur.

L’orbite originale en blanc, l’orbite nouvelle en bleue, obtenue avec la collision.. // Source : Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory

En effet, il sera à la fois possible de constater l’évolution de la trajectoire de Didymoon par rapport à Didymos, mais aussi, éventuellement, la course de Didymos dans l’espace. Toute cette opération est sans risque, même si elle échoue : l’astéroïde binaire ne suit pas un chemin qui l’amènerait à heurter la Terre. Il ne constitue donc pas une menace pour la planète, indique l’université Johns-Hopkins.

« Un astéroïde binaire est le laboratoire naturel idéal pour ce test », expliquait ainsi en 2017 Tom Statler, l’un des scientifiques travaillant sur le programme DART. « Le fait que Didymos B se trouve en orbite autour de Didymos A rend plus facile la lecture des résultats après l’impact », ajoutait-il. Ce sera aussi la première fois que la Nasa fera la démonstration d’une technique qui pourrait servir à défendre la Terre.

Même si la lune Didymoon est la plus petite du système de deux astéroïdes Didymos, cet astéroïde serait un « tueur de ville » s’il heurtait la Terre, explique l’ESA. // Source : ESA

« La technique de l’impact cinétique fonctionne en modifiant la vitesse d’un astéroïde menaçant avec une petite fraction de sa vitesse totale, mais, en le faisant bien avant l’éventuel impact, cette petite pichenette va s’accumuler dans la durée pour produire au final un grand bouleversement dans le chemin de l’astéroïde par rapport à la Terre », complétait la NASA, en présentant ce projet.

Une mise à l’échelle pour comprendre l’enjeu

En ce qui concerne les caractéristiques physiques des deux corps spatiaux, Didymos a un diamètre de 780 mètres, tandis que Didymoon mesure 160 mètres. Il peut toutefois être difficile de se figurer ce que cela représenter vraiment — et qu’est-ce que ça donnera si les deux astéroïdes allaient la Terre. C’est pour cela que l’Agence spatiale européenne a eu la bonne idée de proposer une mise à l’échelle.

L’ESA s’intéresse évidemment au programme DART de la NASA, puisqu’elle va elle aussi envoyer une mission vers Didymos. Il ne s’agira pas de percuter à très grande vitesse l’astéroïde, pour le dévier de sa course, mais d’observer les résultats du choc. Le 29 novembre, les ministres européens ont justement approuvé cette mission, qui doit être lancée vers 2023 ou 2024.

Il est à noter que sur la photo représentant Didymos et Didymoon au-dessus de Paris, il a été fait remarquer que le premier corps ne semble pas tout à fait l’échelle, puisque la Tour Eiffel offre un précieux point de comparaison — elle mesure 300 mètres. Cependant, les deux astéroïdes ne paraissent pas sur le même plan. Si l’on se fie à l’éclairage, Didymos semble plus distant, en arrière-plan.

La représentation des deux astéroïdes au-dessus de trois villes montre bien la catastrophe qui résulterait d’une collision. « Même si la lune Didymoon est la plus petite du système de deux astéroïdes Didymos, cet astéroïde serait un tueur de ville s’il heurtait la Terre », prévient l’ESA. D’où les plans de défense planétaire qui occupent depuis plusieurs années maintenant les agences spatiales et les gouvernements.

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Source : Numerama par Julien Lausson


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