Luca Parmitano, l’astronaute qui a bien failli se noyer dans l’espace


Il y a quasiment huit ans, l’astronaute italien Luca Parmitano a affronté l’une des pires expériences de sa vie.

NASA

Au cours de sa deuxième sortie extravéhiculaire le 16 juillet 2013, de l’eau s’est en effet infiltrée dans son casque, au point de lui laisser imaginer le pire.

Le 9 juillet 2013, Luca Parmitano clôture sa première sortie extravéhiculaire d’une durée de 6 h 7 min après avoir effectué plusieurs opérations de maintenance de l’ISS. Il devient alors le premier astronaute italien à sortir dans l’espace. Une semaine plus tard, le 16 juillet, une seconde sortie l’attend déjà. La première s’est bien passée, alors pourquoi pas celle-là ?

De l’eau dans le casque

Ce jour-là, il quitte ainsi l’intérieur de la station pour mener ses opérations de maintenance. La sortie doit durer environ six heures, mais elle est vite écourtée. Après une heure et demie, l’astronaute de l’Agence spatiale européenne évoque en effet “sensation inattendue d’avoir de l’eau sur la nuque”, explique-t-il dans un article de blog.

Très vite, il avertit son compagnon de sortie, l’astronaute américain Chris Cassidy, ainsi que la base de Houston. Pendant un temps, personne ne réalise à quel point la situation est grave. Ainsi pendant vingt-trois longues minutes, l’astronaute poursuit ses travaux alors que de l’eau continue d’intégrer son casque.

“Je sens tout à coup que la température du liquide est trop froide pour être de la sueur et j’ai la sensation distincte qu’elle s’accroît en volume”, poursuit l’astronaute dans son récit. On oublie finalement les protocoles. La NASA lui donne l’ordre de mettre un terme à sa sortie. Son seul objectif désormais est de rentrer dans la station.

Luca Parmitano accomplissant sa première sortie extravéhiculaire. Crédits : NASA

Seul, aveugle et coupé du monde

Alors qu’il tente de revenir vers le sas, le volume d’eau continue de croître dans son casque. “Je la sens recouvrir l’éponge de mes écouteurs et je me demande si je vais perdre le contact audio. L’eau a également presque complètement recouvert l’avant de ma visière, adhérant à elle et obscurcissant ma vision”, poursuit l’astronaute.

Il réalise alors que pour revenir dans la station, il va devoir ajuster la position de son corps en se retournant complètement. “À ce moment-là, deux choses se produisent : le soleil se couche et ma capacité à voir, déjà compromise par l’eau, disparaît complètement, rendant mes yeux inutiles, mais pire que cela, l’eau recouvre mon nez, une sensation vraiment horrible que j’aggrave par mes vaines tentatives pour déplacer l’eau en secouant la tête”, écrit Parmitano.

Pendant son pénible retour vers la station, il se retrouve finalement avec toute la partie supérieure de son casque désormais pleine d’eau. “Je ne sais pas si la prochaine fois que je respirerai, je réussirai à me remplir les poumons d’air ou de liquide”, poursuit-il, alors qu’il progresse lentement vers l’ISS en devinant les contours des poignées lui permettant de se déplacer autour de la station. Puis sa radio se coupe. Il se retrouve alors seul, quasiment aveugle, incapable d’entendre qui que soit, et l’eau continue de couler.

Il envisage alors d’ouvrir la soupape de sécurité par son oreille gauche. “Si je crée une dépressurisation contrôlée, je devrais réussir à faire sortir une partie de l’eau, au moins jusqu’à ce qu’elle gèle par sublimation, ce qui arrêterait l’écoulement. Mais faire un ‘trou’ dans ma combinaison spatiale serait vraiment un dernier recours”, écrit l’astronaute.

Tout est bien qui finit bien

Il réussit finalement à se frayer un chemin jusqu’au sas où il attendit les yeux fermés. Il pourra un soupir de soulagement en ressentant les vibrations des pas de Chris Cassidy en train de le rejoindre. Très vite, le sas est repressurisé, et l’astronaute peut enlever son casque. Les enquêtes sur l’incident ont révélé une fuite dans le système de refroidissement de la tenue de Parmitano plutôt que dans la canule d’alimentation en eau potable reliée à son casque.

“L’espace est une frontière dure et inhospitalière et nous sommes des explorateurs, pas des colonisateurs”, conclut l’astronaute sur son blog. “Les compétences de nos ingénieurs et la technologie qui nous entoure font que les choses semblent simples alors qu’elles ne le sont pas, et nous l’oublions peut-être parfois.”

“Mieux vaut ne pas oublier.”

Lire aussi : Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, un cosmonaute s’est retrouvé coincé dans l’espace

Source : SciencePost


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4 réponses

  1. Phoenix dit :

    “Ressentant les vibrations des pas de Chris Cassidy”
    Y’a que moi que ça choque?

    • Bruno dit :

      Soit c’est un rêve, soit ils sont dans la piscine, soit le vide n’est pas complet, soit il s’agit de vibrations plus subtiles, etc. « L’espace est une frontière dure et inhospitalière et nous sommes des explorateurs, pas des colonisateurs », ça c’est important, très important même.

      • K dit :

        Exactement… Il devait être dans la “piscine d’entrainement” de la NASA.
        Le problèùe, c’est que parfois ils nous font croire à de vraies missions alors que la scène est filmée dans cette fameuse (littéralement) piscine.

        Never A Straight Answer.

        • Bruno dit :

          National Aeronautics and Space Administration (le dernier mot est important) ; je parlais de la piscine sous vide (vacuum pool) tapissée d’un fond vert pour les effets numériques, située sous la base de la zone 51, assez grande pour contenir près de trois stations spatiales comme celle qui orbite actuellement et reliée à Cap Canaveral par un réseau de transport hyperloop. Aussi le stress ressenti par l’astronaute lui aura fait compresser son vécu au stade post-traumatique, ce qui explique le récit (lui permettant d’évacuer le stress) un peu à la façon d’un film de cinéma.

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