Chris Hughes, le cofondateur de Facebook, s’allie aux autorités US pour œuvrer au démantèlement du réseau social


Quelques jours après que le gouvernement américain ait lancé une enquête générale antitrust contre la Big Tech, le New York Times et le Washington Post ont annoncé conjointement ce vendredi que Chris Hughes revient également à la charge dans sa campagne de démantèlement de Facebook, la plus grande société de médias sociaux qu’il a fondée avec Mark Zuckerberg.

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Ces dernières semaines, il aurait rencontré de hauts cadres du gouvernement américain et du Département de la justice, des universitaires, des procureurs généraux et les dirigeants de la Federal Trade Commission pour discuter d’un potentiel dossier antitrust contre Facebook.

Selon des rapports publiés séparément par le New York Times et Washington Post ce vendredi, Hughes, qui a quitté le géant des médias sociaux en 2007 et a encaissé ses actions pour une valeur de près de 500 millions de dollars, a fait le tour de la capitale du pays pour plaider en faveur du démantèlement du réseau social. Il s’est rendu dans la capitale du pays pour rencontrer une douzaine de législateurs et de régulateurs du ministère de la Justice, les responsables de la Federal Trade Commission (FTC) et d’autres agences intéressées à examiner si Facebook a amassé trop de pouvoir au cours de ces dix dernières années.

Il s’est aussi entretenu avec le personnel du procureur général de New York. Pendant son tour de la capitale, il a également rencontré deux éminents universitaires du droit de la concurrence, Scott Hemphill de l’Université de New York et Tim Wu de l’Université de Columbia. Au cours des différentes réunions qu’il a tenues, Chris Hughes et ses interlocuteurs auraient discuté d’un potentiel dossier antitrust mettant en accusation le géant des médias sociaux, qui compte aujourd’hui plus de 2.7 milliards d’utilisateurs actifs par mois. Pour Hughes, le constat est simple : « Facebook et Mark Zuckerberg tuent la concurrence ».

En effet, il avait déjà insinué cela lorsqu’il a lancé son appel au démantèlement de Facebook en mai dernier dans un éditorial qu’il a publié dans le New York Times. « Cela fait 15 ans que j’ai cofondé Facebook à Harvard et je n’ai plus travaillé pour la société depuis une décennie. Mais je ressens un sentiment de colère et de responsabilité. L’influence de Mark est stupéfiante, bien au-delà de toute autre personne du secteur privé ou du gouvernement. Il contrôle trois plateformes de communication principales – Facebook, Instagram et WhatsApp – utilisées par des milliards de personnes chaque jour », a déclaré Hughes dans son article qu’il a publié dans le New York Times.

Selon lui, le gouvernement doit demander des comptes à Mark. Il estime que pendant trop longtemps, les législateurs se sont émerveillés de la croissance explosive de Facebook et ont négligé leur responsabilité de veiller à la protection des Américains et à la compétitivité des marchés. « Bientôt, la Federal Trade Commission devrait infliger une amende de 5 milliards de dollars à l’entreprise, mais cela ne suffit pas. Facebook ne propose pas non plus de nommer une sorte de responsable de la protection de la vie privée. Après le témoignage de Mark au Congrès l’an dernier, il aurait fallu lui demander d’assumer vraiment ses erreurs », avait-il expliqué dans son éditorial.

Selon Hughes, les législateurs qui ont interrogé Mark Zuckerberg après le scandale du Cambridge Analytica ont été ridiculisés et présentés comme étant trop vieux et déconnectés pour comprendre le fonctionnement de la technologie. Pour lui, c’est l’impression que Zuckerberg voulait que les Américains obtiennent, car cela signifie que peu de choses changeront. Tout de suite après sa déclaration, il a été rejoint par des personnalités politiques comme la sénatrice Elizabeth Warren ou des journalistes comme l’ancien éditorialiste du Wall Street Journal, Walt Mossberg.

Ces derniers avaient saisi Twitter pour témoigner leur soutien à Hughes, soulignant qu’ils partagent son opinion, à savoir le démantèlement de Facebook et une réglementation des entités restantes en vertu d’une nouvelle loi fédérale sévère sur la protection de la vie privée. Ceux qui veulent que le gouvernement dissolve Facebook soutiennent que cette décision entraînerait une concurrence accrue entre les entreprises de médias sociaux, ce qui pourrait signifier plus d’options pour les consommateurs. D’autres disent également que cela pousserait la société à faire plus d’efforts en matière de protection de la vie privée.

Jusque-là, on ne sait pas encore si ces différentes sorties suffiront pour faire dissoudre Facebook, mais toujours est-il que si cela se produisait, ce serait un cas rare. Comment cela se passerait-il ? Difficile de l’imaginer pour l’instant, mais Hughes et ses compagnons ne baissent pas pour autant les bras. Selon les deux médias américains, le New York Times et le Washington Post, au cours de certaines de ses récentes réunions, ses collaborateurs et lui-même ont présenté un diaporama de 39 pages présentant un argument juridique point par point en faveur du démantèlement du réseau social, s’inspirant de décennies de jurisprudence antitrust.

Hughes et al. tiennent-ils la bonne formule cette fois-ci ? Encore une fois, rien ne permet de le confirmer. Cela dit, l’implication de Hughes est remarquable, car peu de fondateurs ont plaidé en faveur du démantèlement de leur entreprise. La puissance de Facebook repose sur sa richesse et son pouvoir, ainsi que sur son nombre très élevé d’utilisateurs. Ces différents points ont fait d’elle un monopole et ses acquisitions de rivaux ont écrasé la concurrence. Facebook a annoncé mercredi que plus de 2,7 milliards de personnes utilisent Facebook ou ses autres plateformes (Instagram et WhatsApp), au moins une fois par mois.

En effet, sur la base des diapositives présentées aux représentants du gouvernement, Hughes et ses collaborateurs ont tenté de démontrer que depuis près de dix ans, Facebook a procédé à des « acquisitions (Instagram pour 1 milliard de dollars en 2012 et Whatsapp pour 19 milliards de dollars en 2014, pour les cas les plus flagrants) défensives en série » afin de protéger sa position dominante sur le marché des réseaux sociaux. « Regrouper leurs rivaux naissants peut permettre à Facebook de facturer des prix plus élevés aux annonceurs et de donner aux utilisateurs une pire expérience », ont-ils fait comprendre.

À lui seul, Facebook a acquis plus de 75 petites entreprises au cours des 15 dernières années. De plus, les deux universitaires spécialistes de lois antitrust et collaborateurs de longue date ont développé un argument en faveur de la fragmentation de Facebook qui figure sur les différentes diapositives présentées lors des différentes réunions avec les membres du gouvernement et les régulateurs. « Les achats d’Instagram et de WhatsApp représentaient une violation flagrante du Sherman Act, la plus vieille loi antitrust du pays », a déclaré Wu dans une interview.

D’un autre côté, la surveillance exercée par les plus grandes entreprises de technologie du monde s’est intensifiée au cours de l’année écoulée, de nombreuses plaintes à leur sujet ont été formulées par des concurrents ou des universitaires. Selon le Washington Post, la sénatrice Marsha Blackburn a convoqué Hughes pour une réunion au début du mois afin de discuter de la protection de la vie privée et de la concurrence. Elle a récemment créé un groupe de travail spécial qui est chargé d’étudier ces questions et éventuellement de proposer des solutions législatives dans les mois à venir.

Les législateurs et les régulateurs ont également tenu des réunions avec d’autres experts antitrust tels que Barry Lynn de l’Open Markets Institute et Gene Kimmelman, un ancien haut responsable antitrust du ministère de la Justice qui dirigeait jusqu’à récemment, Public Knowledge, un groupe de défense de l’intérêt public. Le principal point de la lutte de Hughes et ses collaborateurs semble être le fait que Facebook tue la concurrence en rachetant les petites entreprises avant même qu’elles ne puissent se développer.

Cependant, il n’est pas certain que la FTC poursuive son enquête sur les achats de la société. Les enquêtes de l’agence, qui peuvent durer des mois ou des années, sont en grande partie secrètes. Un représentant de la FTC a refusé de commenter. Néanmoins, le New York Times a souligné que les experts antitrust s’accordent à dire qu’il pourrait s’agir de la cible d’enquête la plus prometteuse de ces dernières années, centrée sur une poignée d’acquisitions plutôt que sur un vaste examen du comportement de l’entreprise en général.

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Source : Developpez par Bill Fassinou


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