Gilets jaunes soutenus par l’Italie : Paris assure ne pas «donner de leçons» à Rome. Vraiment ?


Réagissant au soutien apporté aux Gilets jaunes par l’exécutif italien, le ministre français chargé des Affaires européennes a estimé que la France se gardait de «donner des leçons à l’Italie». Une remarque que Rome a qualifiée d’hypocrite.

Nathalie Loiseau n’a pas apprécié le récent soutien aux Gilets jaunes affiché par le gouvernement italien, qui appelait le mouvement à ne pas faiblir et précisait soutenir «les citoyens honnêtes qui protestent contre un président gouvernant contre son peuple». Alors qu’elle se trouvait ce 8 janvier à Bruxelles pour rencontrer ses homologues européens, Nathalie Loiseau, ministre française chargée des Affaires européennes, a appelé, devant les journalistes, le gouvernement italien à faire davantage preuve de «respect», soulignant le fait que les deux pays étaient «voisins, alliés et amis».

«La France se garde de donner des leçons à l’Italie»

Et de poursuivre : «Je pense que la priorité du gouvernement italien c’est de s’occuper du bien-être du peuple italien, je ne suis pas sûre que de s’intéresser aux Gilets jaunes a quoi que ce soit à voir avec le bien-être du peuple italien.»

La veille, dans une publication sur son compte Twitter, Nathalie Loiseau avait estimé que «la France se gard[ait] de donner des leçons à l’Italie», encourageant Matteo Salvini et Luigi Di Maio, les deux vice-présidents du Conseil des ministres italien «à balayer devant leur propre porte».

Paris pas donneur de leçon ? «Hypocrisies», répond Rome

Des remarques qui n’ont guère plu à l’exécutif italien. «Que d’hypocrisies !», a lancé sur Facebook Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), l’une des deux composantes de la majorité gouvernementale avec la Ligue de Matteo Salvini. «[Nathalie Loiseau] peut-être, ne se souvient pas du président Macron quand il nous comparait à la lèpre en parlant de notre gouvernement», a-t-il lancé.

Luigi Di Maio a conclu : «Le peuple français demande le changement et une meilleure prise en compte de ses exigences. Je ne peux pas ne pas partager ces souhaits.»

Quatre mois avant cette passe d’armes, Nathalie Loiseau, elle-même, n’avait pas hésité à tacler la politique nationale du gouvernement italien, affirmant que son voisin européen s’était désengagé de consultations citoyennes. Elle s’était aussi interrogée sur le fait que «des populistes auraient peur de donner la parole au peuple».

En outre, malgré l’intention affichée par Nathalie Loiseau de présenter la France et l’Italie comme des pays «voisins, alliés et amis», il est à noter que leurs relations bilatérales ont essuyé une série de tensions lors de récentes interférences françaises dans la politique italienne. Ainsi, le 12 juin 2018 en pleine crise de l’Aquarius, Emmanuel Macron avait dénoncé «la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien» alors que celui-ci avait refusé d’accueillir le navire et les 629 migrants qu’il transportait.

Des relations franco-italiennes également entachées par des questions budgétaires. Le 20 mai 2018, le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire avait officiellement mis en garde l’Italie, n’hésitant pas à recadrer ouvertement le programme anti-austérité annoncé par le gouvernement italien à son peuple. «Si le nouveau gouvernement prenait le risque de ne pas respecter ses engagements sur la dette, le déficit, mais aussi l’assainissement des banques, c’est toute la stabilité financière de la zone euro qui serait menacée», avait-il déclaré.

Perçus comme illégitimes par Nathalie Loiseau, les propos du gouvernement italien sur la crise des Gilets jaunes ne seraient-ils au fond qu’une pique de Rome, en réaction aux différentes critiques émises par Paris sur sa politique nationale ?

Lire aussi : Triomphe de Salvini au Sénat : l’Italie se ferme un peu plus aux migrants

Source : RT


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