Le gouvernement lâche-t-il sa police ? Policiers de terrain et organisations syndicales en colère


Après les différentes annonces du gouvernement et surtout du ministre de l’Intérieur concernant les questions du racisme et de la violence au sein des forces de sécurité intérieure, certains policiers s’estiment lâchés par le gouvernement.

Après des mois de contestation sociale par les Gilets jaunes, puis une relève du mouvement social par les syndicats et les manifestants opposés à la réforme des retraites, le gouvernement français a-t-il finalement cédé à la pression en abandonnant ses policiers et ses gendarmes accusés par une frange de la population de racisme et de violence ?

Selon certains policiers et responsables syndicaux interrogés par RT France, il s’agit à présent d’un sentiment partagé dans la police nationale : Christophe Castaner aurait lâché ses flics. « Nous sommes carrément lâchés et livrés en pâture », nous a même assuré un agent de la police nationale.

« Soupçon avéré » : l’expression qui ne passe pas

Après plusieurs manifestations de soutien à la famille Traoré et les accusations de racisme et de violences dont des policiers et gendarmes se seraient rendus coupables, les dernières déclarations du patron de Beauvau ont été manifestement mal vécues par une grande partie des policiers : le terme de « soupçon avéré » concernant les expressions racistes employées par certains fonctionnaires a particulièrement fait tiquer les policiers.

Ceux que RT France a pu interroger ces derniers jours ont aussi fait remonter le sentiment d’une méconnaissance de Christophe Castaner vis-à-vis de sa fonction, du droit et du monde policier.

Par ailleurs, les policiers reprochent au ministre de l’Intérieur la position qu’il a prise à propos des manifestations interdites pour raisons sanitaires, mais tolérées consécutivement à la mort de George Floyd aux Etats-Unis.

Le secrétaire général du syndicat Alternative police, Denis Jacob, a ainsi répondu à la question que lui posait RT France au téléphone, « le gouvernement a-t-il lâché ses policiers ? » : « Si ce n’est pas le cas… cela y ressemble fortement ! »

« Nous sommes carrément livrés en pâture »

Et le policier militant de préciser : « On ne peut pas passer d’un extrême à l’autre. Il ne faut pas nier le racisme et les violences policières, évidemment, mais les mesures qui sont prises actuellement ressemblent à une généralisation et les policiers sont très en colère, c’est la goutte d’eau pour nous et la révolte n’est pas loin ! Nous nous trouvons dans le même schéma qu’en 2016 [lorsque des policiers ont manifesté dans la rue pour exprimer leur colère]. A présent, cela peut prendre plusieurs formes, mais je crois que les policiers vont avoir à cœur de démontrer que si l’institution ne tourne plus, la lutte contre la délinquance va s’arrêter. »

Des rapports de police lacunaires pour dénoncer les conditions de travail

Dont acte ! Certains policiers facétieux ont déjà commencé à rendre des rapports faisant état d’une « conjoncture actuelle nationale » selon laquelle il vaudrait mieux laisser un individu continuer à les « insulter copieusement lors du contrôle » plutôt que de l’interpeller pour outrage. Avant de conclure le rapport par une provocation amusée à l’administration : « Remettons l’individu en circulation sur son vélo, le saluons poliment et lui souhaitons une bonne fin de journée. Pas d’interpellation afin d’éviter toute éventuelle émeute ou accusation future de racisme. »

Même retour d’un ancien policier qui continue de prendre des nouvelles de ses collègues et qui a confié à RT France : « Les gars dans certains commissariats ne veulent plus interpeller de personnes noires, c’est aussi simple que ça. Ils ne veulent pas servir de fusibles. Ils ne se sentent pas du tout soutenus par ce gouvernement. »

Dans une autre vidéo qui circule dans le milieu policier et que RT France a pu visionner, on voit un policier affecté en brigade anticriminalité en Ile-de-France filmé à l’intérieur d’un véhicule qui fait son rapport à la radio et annonce, pendant que le générique des Bisounours retentit dans l’habitacle : « Contrairement aux allégations choquantes de votre requérante, nous n’avons vu aucun individu avec une barre de fer dans un lieu où tout n’est que paix et amour. Nous avons fait attention à rouler très gentiment à cet endroit afin de ne pas effrayer ces petits êtres de ce monde magique, fin de transmission », rapporte le policier. Ce rapport humoristique a bientôt été diffusé sur les réseaux sociaux.

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