Cette gravure sur os réalisée par des néandertaliens il y a 51 000 ans pourrait être l’une des plus anciennes œuvres d’art au monde


Dans une grotte des montagnes du Harz, dans le centre de l’Allemagne, des paléontologues ont découvert un artefact étonnant.

L’os d’orteil sculpté d’un cerf géant (Megaloceros giganteus), trouvé dans la grotte de la Licorne. (V. Minkus/ NLD)

L’os de l’orteil d’un cerf préhistorique, vieux de 51 000 ans, a été volontairement gravé de lignes par des Néandertaliens, probablement avec une signification symbolique. Il pourrait très bien s’agir de l’art le plus ancien du monde, affirment les chercheurs allemands.

La face avant de l’os est sculptée de chevrons superposés (des V inversés) qui pointent vers le haut, avec des incisions plus petites sur le bord inférieur qui pourraient avoir servi de base. Lorsque l’artefact a été placé sur sa base, il ne s’est pas renversé.

Images réalisées à partir de scans micro-tomodensitométrie de la relique. Dix gravures au total ont été trouvées sur l’os, dont six (en rouge) ont été utilisées pour créer le motif en chevron. (A. Tröller-Reimer/ D. Leder/ NLD)

Pour l’archéologue Dirk Leder, de l’office du patrimoine culturel de Basse-Saxe :

Il a probablement été laissé debout dans un coin de la grotte.

À côté de l’orteil sculpté, les archéologues ont découvert des os d’omoplate de cerf, qui peuvent ou non avoir appartenu au même animal, ainsi que le crâne d’un ours des cavernes. Il est intéressant de noter que ces restes ont été découverts dans la grotte d’Einhornhöhle, également appelée grotte de la licorne, en raison des os fossilisés qui y ont été trouvés depuis le XVIe siècle et qui, selon les habitants, provenaient des légendaires licornes.

La grotte de la licorne (Einhornhöhle). (Wikimedia)

Les fouilles modernes menées dans la grotte de la Licorne ont montré que le site a été habité par des générations successives de Néandertaliens depuis au moins 130 000 ans jusqu’à leur extinction il y a 47 000 ans. Ce n’est que bien plus tard, à partir d’il y a environ 12 000 ans, que les humains modernes ont investi la grotte.

Les chercheurs sont convaincus que l’objet a été sculpté par des mains néandertaliennes plutôt que par des humains. Bien que les humains et les Néandertaliens aient fait connaissance au moment où l’os a été gravé, il y a 51 000 ans, notre espèce n’avait pas encore fait connaître sa présence à Einhornhöhle. Les Néandertaliens étaient les seuls hominidés présents dans cette partie de l’Europe (et à Einhornhöhle en particulier) à l’époque, affirment les chercheurs dans leur étude (lien plus bas).

En ce qui concerne la signification des sculptures en chevron, les archéologues ne peuvent que spéculer. Elles pourraient représenter une figurine féminine, un paysage de montagne ou un art abstrait.

Ce qui semble plus certain, c’est que l’os a été sculpté délibérément comme un ornement plutôt que le résultat du dépeçage. Les sculptures sont gravées en profondeur, ce qui signifie que l’os a probablement été bouilli au préalable pour le rendre plus tendre. L’espèce de cerf, Megaloceros giganteus, dont provient l’os était assez rare dans la région, ce qui aurait rendu l’œuvre d’art d’autant plus spéciale.

Cet artefact symbolique n’est pas unique dans la culture néandertalienne. Auparavant, des chercheurs ont découvert un pendentif fabriqué à partir de serres d’aigle anciennes et des peintures rupestres réalisées par des artistes néandertaliens en Espagne. L’ensemble de ces découvertes montre que la réputation de brute des Néandertaliens n’est pas justifiée.

Mais cela soulève également une possibilité encore plus intéressante : puisque les humains et les Néandertaliens partageaient tous deux des capacités créatives, il est possible qu’ils les aient héritées d’un ancêtre commun. Si c’est le cas, nous devrons peut-être chercher encore plus loin, beaucoup plus loin, dans l’histoire pour trouver où ces capacités sont apparues pour la première fois. Ce faisant, nous apprendrons peut-être comment les humains en sont venus à développer les qualités dont nous dotons aujourd’hui l’humanité.

Leder et ses collègues prévoient d’effectuer d’autres fouilles à Einhornhöhle dans l’espoir de trouver d’autres objets gravés, peut-être cachés dans un recoin sombre de la grotte.

L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : A 51,000-year-old engraved bone reveals Neanderthals’ capacity for symbolic behaviour et présentée sur le site de l’Université de Göttingen : Neanderthal artists? Our ancestors decorated bones over 50,000 years ago.

Lire aussi : Découverte d’une mutation génétique séparant les humains et les Néandertaliens

Source : GuruMeditation


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