Cette petite grenouille est l’animal le plus toxique au monde


La grenouille dendrobatidae est une créature très trompeuse – en dépit de son petit gabarit de 5 cm, c’est la créature la plus toxique sur Terre.

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Une seule piqûre peut tuer plus de 10 hommes adultes en 3 minutes environ. En fait, l’espèce tire son nom des chasseurs indigènes Emberas de Colombie, qui ont déjà utilisé les grenouilles pour faire des fléchettes de sarbacane mortelles.

Les grenouilles jaunes lumineuses se trouvent seulement dans une petite forêt tropicale sur la côte pacifique de la Colombie, et leur couleur peut parfois varier entre le jaune, l’orange ou le vert pâle. Le glamour de leur apparence est un stratagème délibéré, une tactique appelée aposematique ou une coloration “d’avertissement”, pour éloigner les prédateurs potentiels. Comme prouvé par une étude réalisée en 2001 par Kyle Summers de East Carolina University à Greenville, les grenouilles les plus brillantes sont toujours les plus toxiques.

Le contact avec cette grenouille ne vous met pas nécessairement dans une situation de danger mortel, car les amphibiens produisent et excrètent la toxine puissante à travers leur peau seulement quand ils se sentent menacés. Mais ramasser une de ces minuscules créatures et la tenir dans votre main pendant plus de quelques secondes sans gants est suicidaire. La peau de la grenouille devient rapidement couverte de poison alcaloïde (batrachotoxin) qui a la capacité de “geler” les nerfs, empêchant toutes transmissions de pulsions. En quelques minutes, la victime éprouve des contractions musculaires incontrôlables et éventuellement une insuffisance cardiaque.

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Photo : Marcel Burkhard

Les scientifiques n’ont pas été en mesure de déterminer la raison exacte derrière l’extrême toxicité de la grenouille. Ils ont retracé ses origines à 40-45 millions d’années, dans les forêts du nord de l’Amérique du Sud, et ont constaté que leurs ancêtres n’étaient pas toxiques. Il y a une certaine spéculation que les créatures ne génèrent pas leur propre poison, mais ingèrent d’énormes quantités de poisons végétaux , principalement portés par leurs proies – les mouches, les fourmis, les grillons, les coléoptères et les termites. Leur taux métabolique élevé aurait permis de traiter le venin assez rapidement, ce qui leur permet de résister et même l’absorber. Cette théorie est encore renforcée par le fait que les grenouilles élevées en captivité ne développent jamais de venin.

Fait intéressant, une étude 2014 par Ralph Saporito de l’université John Carroll, Ohio, a constaté que de minuscules têtards reçoivent le venin de leurs mères par le biais d’une alimentation constituée d’œufs non fécondés. Les bébés absorbent le venin à travers l’alimentation et deviennent toxiques eux-mêmes. “Maman est en mesure de leur fournir une défense en plaçant des alcaloïdes dans les œufs”, a expliqué Saporito. “Il semble que les alcaloïdes des têtards sont suffisantes pour dissuader certains arthropodes prédateurs potentiels tels que les libellules affamées.” Leur couleur vive, bien sûr, empêche les prédateurs d’attaquer en premier lieu.

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Photo : The Lord of the Allosaurs

Malheureusement, les magnifiques grenouilles toxiques sont une espèce en voie de disparition en raison de la destruction massive de leur habitat dans la forêt tropicale par la déforestation et l’exploitation aurifère illégale, la culture du cacao, et l’exploitation forestière. “Nous sommes sur le point d’effacer l’une des créatures les plus extraordinaires et passionnantes sur la planète”, a écrit le journaliste Simon Barnes en 2011. «Nous serions tous beaucoup plus pauvres, sans une telle créature pour nous donner des cauchemars.”

Pour protéger les espèces, l’oeuvre de bienfaisance de préservation de l’environnement World Land Trust a mis en place la Rana Terribilis Amphibian Reserve dans les forêts tropicales les plus humides de l’ouest de la Colombie. Selon le site Web de l’organisation, «La population de la réserve est une population en bonne santé, cette grenouille est l’une des créatures les plus extraordinaires de la planète. Avec une taille de seulement 5 cm, cette minuscule créature vivante porte un seul milligramme de toxine – une petite dose létale.”

Le site poursuit en expliquant que les Indiens Emberas ont appris à utiliser ce poison à leur avantage en brossant doucement les pointes de leurs flèches et fléchettes sur le dos d’une grenouille sans la blesser. Les armes préparées de cette manière demeureraient mortelle pendant plus de deux ans.

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Photo : Micha L. Rieser

Cependant, un compte-rendu de la BBC décrit un processus plus horrible de l’extraction de venin des grenouilles, qui maintient son poison dans les glandes sous sa peau.

“La population locale capture les grenouilles dans les bois et les confinent dans une canne creuse. Quand ils ont besoin du poison, ils prennent une grenouille et passent un morceau de bois pointu dans sa gorge et sur ses jambes. Sans surprise, la grenouille s’agite rapidement et commence à transpirer le poison, surtout sur le dos, qui se couvre d’écume blanche. Le peuple plonge ses flèches dans ce liquide toxique qui reste actif plus d’un an.”

Actuellement, les chercheurs médicaux et les experts des amphibiens sont intéressés à découvrir les usages médicinaux possibles du venin des grenouilles, d’autant plus que des analgésiques. “Ce n’est pas le fait que les composés causent des effets toxiques qui est d’intérêt ici”, a expliqué Richard Fitch de l’Indiana State University à la BBC. “C’est la façon dont ils le font qui est utile pour le scientifique et le médecin. Dans le passé, les alcaloïdes se sont révélées de bons éléments pour lutter contre le cancer avec des propriétés d’apaisement de la douleurs et ce sont des stimulants aussi puissant que la caféine. Bien sûr, le venin ne peut pas être directement administré comme médicament, mais la compréhension de sa structure et la chimie pourront aider à concevoir de meilleurs médicaments.”

Lire aussi : Pourquoi le saumon d’élevage est l’une des choses les plus toxiques pour le corps

Sources : Oddity Central, BBC, National Geographic, World Land Trust – Traduit par Anguille sous roche


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