Le champignon de « The Last Of Us » est réel, pourrait-il provoquer une pandémie ?

Il est temps d’ajouter les champignons à votre carte de bingo de l’apocalypse.

Le champignon zombie est sorti des cadavres parasités d’insectes et a fait irruption dans le monde des médias. Il est passé du jeu à la télévision et a été traité par HBO dans The Last Of Us, lancé hier. Le jeu original du même nom a été inspiré par nul autre que Sir David Attenborough, puisque sa série Planet Earth de 2006 a attiré l’attention des réalisateurs Bruce Straley et Neil Druckmann sur l’horrible réalité de l’Ophiocordyceps.

C’est vrai, la pandémie de The Last Of Us est basée sur un vrai champignon.

L’Ophiocordyceps est connu sous le nom de champignon zombie en raison de la façon dont il infecte et contrôle son hôte en tant que champignon parasite. Une fois à l’intérieur, le champignon voleur de corps commence à envahir des zones comme le système nerveux et influence réellement le comportement de son hôte. Cela implique souvent de grimper jusqu’au point de vue le plus catastrophique, d’où le corps fructifiant de l’Ophiocordyceps explose hors du corps du “zombie” et répand ses spores.

L’objectif du champignon zombie est essentiellement d’infecter le plus grand nombre d’hôtes possible, ce qui l’amène à répandre ses spores sur le sol de la forêt où il peut se fixer à d’autres organismes, qui le transmettront comme leur prédécesseur. C’est pourquoi on trouve souvent des insectes infectés accrochés à des brindilles et à des branches situées en hauteur, là où le champignon a le plus de prise.

Vous avez peut-être entendu parler du champignon zombie sous le nom de Cordyceps, et pendant longtemps, c’est ce que les scientifiques ont compris. Mais avec le temps, nous avons approfondi nos connaissances sur les différents genres et espèces de champignons mangeurs de corps et sur les hôtes spécifiques qu’ils parasitent, si bien qu’ils sont désormais classés dans la catégorie Ophiocordyceps.

L’introduction de la série explique bien pourquoi, à ce jour, l’homme n’a pas eu à craindre les Ophiocordyceps. Ce groupe spécifique de champignons ne s’accommode pas bien de la température corporelle, c’est pourquoi ils sont friands d’ectothermes comme les insectes.

“Mais que se passerait-il si cela devait changer ?” Le Dr Newman, interprété par John Hannah (La momie), pose la question dans la séquence d’ouverture de la série HBO. “Et si, par exemple, le monde devenait légèrement plus chaud ? Eh bien, maintenant il y a une raison d’évoluer.”

C’est un concept angoissant en tant qu’hôte potentiel vivant sur une planète toujours plus chaude, mais est-ce faisable ? Le premier exemple d’une nouvelle maladie fongique émergeant du changement climatique a été suggéré dans un rapport sur l’augmentation de Candida auris sur trois continents.

C. auris est devenu l’un des quelques centaines de champignons capables d’infecter les humains, ce qui est difficile à faire grâce à l’effet combiné de notre système immunitaire (lorsqu’il fonctionne correctement) et de notre température corporelle basale élevée. Le fait qu’il ait réussi à infecter des humains sur plusieurs continents suggère que C. auris a surmonté l’une des deux principales faiblesses des champignons : la réponse immunitaire et la température.

Si sa transition vers une menace pour l’homme a été rendue possible par l’adaptation de sa tolérance à la chaleur, une voie de transmission possible aurait été qu’il passe d’un champignon environnemental à un champignon capable d’infecter un hôte aviaire. La tolérance thermique nécessaire pour infecter les oiseaux est inférieure à celle de l’homme, de sorte qu’en théorie, ils ont pu servir de terrain d’entraînement mobile permettant à l’agent pathogène de se déplacer sur la planète jusqu’à ce qu’il ait une tolérance thermique suffisante pour se déplacer vers les parties plus froides des mammifères hôtes, comme l’oreille humaine où il a été identifié pour la première fois (une autre raison pour laquelle vous ne devriez pas faire de câlins aux oiseaux de compagnie lorsqu’ils sont malades).

L’infection par C. auris peut aller de l’état asymptomatique à une maladie potentiellement mortelle caractérisée par de la fièvre, des frissons et des douleurs. Ce n’est pas tout à fait le destin zombie des cliqueurs de The Last Of Us, mais nous ne manquons pas de champignons aux pouvoirs altérant l’esprit.

Les accusés du procès des sorcières de Salem ont peut-être été victimes de pain moisi infecté par le champignon Claviceps purpurea, qui peut provoquer un ergotisme convulsif. Ses symptômes comprennent de violentes crises qui peuvent durer des heures, ainsi que la manie, la psychose et les hallucinations, ce qui – à une époque où les superstitions étaient monnaie courante – a pu amener les habitants de Salem à soupçonner la sorcellerie.

Ainsi, en théorie, si l’on combine l’imperméabilité au climat suggérée par Candida auris, le pillage du corps par Ophiocordyceps et les pouvoirs de modification de l’esprit par Claviceps purpurea, il serait possible qu’une pandémie fongique donne naissance à des humains au comportement étrange, devenus des facilitateurs involontaires de la dispersion des spores. Toutefois, la menace la plus réaliste est celle que les champignons font peser sur notre approvisionnement alimentaire.

Quant au caractère intimidant d’une pandémie, il dépend du mode de transmission et de la longévité des zombies. Dans The Last Of Us, les cliqueurs finissent par s’achever sous la forme d’une tache obsédante mais – à leur décharge – assez belle de champignon sur le mur.

La durée de l’attente pourrait simplement consister à attendre que les infectés se désagrègent, ce qui, par coïncidence, est un sujet que nous avons abordé avec l’Institute Of Human Anatomy dans notre numéro de janvier de CURIOUS, le magazine électronique gratuit d’IFLScience.

Les anatomistes Justin Cottle et Jonathan Bennion se sont rendus dans une forteresse gelée dans l’espoir de créer des zombies fragiles et immobiles qui seraient faciles à échapper. Mais ce n’est peut-être pas la meilleure stratégie dans le cas d’une apocalypse de zombies fongiques, car il existe des champignons psychrophiles et psychotropes qui peuvent se développer à des températures glaciales, que ce soit en Arctique, en Antarctique ou même au fond de votre réfrigérateur-congélateur.

Une perspective sinistre, mais pour laquelle Cottle éprouve une fascination morbide.

“The Last Of Us est un cas intéressant. Nous parlons du champignon [Ophiocordyceps] qui est un type de zombie complètement différent, parce que techniquement, je ne sais pas si ça compte parce qu’ils sont vivants, non ? C’est un peu comme un cadavre vivant, mais je pense que c’est juste fascinant.”

“Je ne veux pas être dans cet univers, cependant. Si on parle de choses que je trouve intellectuellement intéressantes par rapport à ce dans quoi je préfèrerais être ? Je choisirais les zombies de type George A Romero, comme dans les années 70. Je veux que mes zombies soient lents et très, très incapables sur le plan cognitif, mais je pense que les zombies de The Last Of Us sont de loin les plus cool.”

L’adaptation leur a jusqu’ici rendu justice, le premier épisode s’avérant prometteur, même s’il a manqué quelques éléments clés du jeu.

Regardez The Last Of Us chaque semaine sur HBO.

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Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche