Des bactéries se mettent en hibernation pour laisser passer les antibiotiques


Des chercheurs de l’université de Copenhague (Danemark) rapportent que des bactéries pathogènes ont une tactique de défense surprenante contre les antibiotiques : l’hibernation. Les résultats de cette recherche, publiée cette semaine (lien plus bas), pourraient aider à combattre les infections résistantes aux antibiotiques.

Presque tous les types de bactéries pathogènes finissent par développer des souches qui sont tolérantes ou résistantes aux traitements antibiotiques. Cela est particulièrement problématique, car la fraction de bactéries qui survivent au traitement, bien que minime, peut se multiplier plus tard, maintenant l’infection en dépit de soins antibiothérapeutiques.

Cependant, un petit nombre d’espèces bactériennes se débarrassent complètement de ce mécanisme, tout en conservant la capacité de résister aux médicaments destinés à les tuer. Afin de comprendre pourquoi, l’équipe de Copenhague s’est tournée vers l’Escherichia coli.

Selon le professeur Kenn Gerdes du Département de biologie de l’université de Copenhague et coauteur de l’étude :

Nous avons étudié la bactérie E. coli à partir d’infections urinaires qui avaient été traitées avec des antibiotiques et qui étaient censées être sous contrôle. Avec le temps, la bactérie s’est réveillée et a recommencé à se répandre.

L’équipe a découvert que quelques individus de l’ensemble de la population bactérienne se sont “cachés” des antibiotiques dans un état de dormance et d’hibernation. Les bactéries ont dormi tout au long du traitement et n’ont repris leur activité normale qu’une fois que les composés dangereux ont été éliminés.

Les antibiotiques agissent généralement en s’attaquant à la capacité d’une cellule bactérienne à se développer, de sorte que ces bactéries en hibernation sont pratiquement immunisées contre leurs effets.

Selon le professeur Gerdes :

Une bactérie en hibernation n’est pas résistante. Elle est temporairement tolérante parce qu’elle cesse de croître, ce qui lui permet de survivre aux effets d’un antibiotique.

Selon l’équipe, les bactéries hivernantes semblent partager les mêmes caractéristiques génétiques que tous les autres individus d’une population donnée. Ainsi, à l’heure actuelle, ils ne peuvent pas dire exactement pourquoi certains membres entrent dans un état de dormance alors que leurs pairs ne le font pas. L’équipe a toutefois identifié une enzyme chez les individus dormants qui régit le processus “d’hibernation”. Un composé qui pourrait interférer avec le fonctionnement de cette enzyme, ou sa synthèse, pourrait aider à empêcher ces bactéries de devenir invulnérables aux antibiotiques.

Toujours selon le professeur Gerdes :

La découverte de cette enzyme est une bonne base pour le développement futur d’une substance capable de combattre les cellules bactériennes dormantes.

L’enzyme déclenche un “programme de survie” que presque toutes les bactéries pathogènes déploient pour survivre dans la nature et résister aux antibiotiques dans l’organisme. La mise au point d’un antibiotique ciblant ce programme général constituerait une avancée majeure.

Bien que les résultats soient encourageants, il faudra encore plusieurs années avant qu’ils puissent être transformés en un traitement sûr et utilisable, écrit l’équipe.

L’étude publiée dans la revue Science Signaling :The kinases HipA and HipA7 phosphorylate different substrate pools in Escherichia coli to promote multidrug tolerance et présentée sur le site de l’université de Tübingen : How infectious bacteria hibernate through treatment.

Source : GuruMeditation


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