Vers la création d’une vie semi-synthétique ?


Après avoir ajouté des bases nucléotidiques X et Y à l’alphabet génétique naturel de la bactérie E. coli, des chercheurs ont pu observer cet ADN générer de nouvelles protéines. C’est la première fois qu’un organisme fabrique des protéines en utilisant autre chose que les bases naturelles G, C, A et T.

Au cœur de toute vie sur Terre se trouve la molécule acide désoxyribonucléique (ADN). Parmi les différentes combinaisons de bases nucléotidiques de l’ADN – l’adénine (A), la cytosine (C), la guanine (G) et la thymine (T) – viennent les diverses expressions génétiques d’un être vivant. Mais que se passerait-il si vous pouviez ajouter plus de lettres à cet alphabet génétique ? C’est ce qu’à récemment entrepris le biologiste chimique Floyd Romesberg et son équipe, du Scripps Research Institute de La Jolla, en Californie.

Les chercheurs expliquent dans la revue Nature avoir élargi l’alphabet génétique naturel de la bactérie E. coli en incluant un X et un Y. Ils ont ensuite observé comment leur souche partiellement synthétique de E. coli pouvait traiter des instructions à partir de ses bases nucléotidiques additionnelles X et Y pour exprimer de nouvelles protéines. “C’est la première fois qu’une cellule traduit une protéine en utilisant autre chose que G, C, A ou T”, explique le chercheur. “C’est le premier changement à la vie jamais fait.”

Les chercheurs n’ont ici pas l’intention de créer de nouvelles formes de vie hybrides. Comme le souligne Floyd Romesberg : “Ces bases nucléotidiques X et Y ne peuvent se lier aux bases naturelles de l’ADN, et ces organismes semi-synthétiques (SSO) ne peuvent survivre en dehors d’un laboratoire. Ils ne peuvent pas échapper”, poursuit-il. “Il n’y aura donc pas de scénario à la Jurassic Park.”

Il pourrait en revanche y avoir de nombreuses applications beaucoup plus réalistes pour ces organismes semi-synthétiques. Ils pourraient également permettre le développement de nouveaux traitements médicamenteux à base de protéines. “Beaucoup de protéines attrayantes pour les traitements médicamenteux sont en revanche rapidement évacuées du corps par nos rein”, note le chercheur. “Un ADN semi-synthétique pourrait alors être utilisé pour créer des protéines qui empêcheraient cette élimination rapide.”

Au-delà de notre corps, ces organismes semi-synthétiques pourraient également être utilisés pour apaiser notre environnement. “Notre intérêt à long terme n’est pas que les bactéries et autres cellules fabriquent des protéines pour nous, mais plutôt de voir si nous pouvons obtenir que ces cellules utilisent les protéines elles-mêmes pour acquérir de nouvelles fonctions ou attributs”, explique le chercheur au site Futurism. “Nous pourrions par exemple permettre à ces bactéries de décomposer certains hydrocarbures que nous pourrions ensuite utiliser pour nettoyer les déversements de pétrole.”

Les chercheurs prévoient maintenant de poursuivre ces recherches sur les organismes semi-synthétiques en étendant l’alphabet génétique des cellules à des organismes plus complexes.

Source : SciencePost


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