La livraison d’un poumon par drone prouve qu’il est possible de faire voler des organes de donneurs sans équipage


Un poumon a été livré par drone entre des hôpitaux de Toronto, ouvrant la voie à une augmentation du nombre d’organes pouvant être transplantés avec succès.

Un drone modifié spécifiquement pour le transport des poumons : (A) vol d’essai, (B) décollage de l’hôpital Toronto Western, (C) survol de Toronto, (D) approche d’atterrissage, et (E) atterrissage à l’hôpital général de Toronto. Crédit image : Sage et al/Science Robotics

Un drone modifié a transporté un poumon de donneur du Toronto Western Hospital au Toronto General Hospital en l’espace de cinq minutes, et l’organe a été transplanté avec succès chez un patient atteint de fibrose pulmonaire. Bien que des organes de donneurs aient déjà été transportés par drone entre des hôpitaux, les poumons et les cœurs sont considérés comme particulièrement difficiles. L’opération démontre que les drones sont une méthode pratique pour transporter tout organe susceptible d’être transplanté vers l’hôpital où se trouve le receveur le plus approprié.

Des centaines de personnes dans le monde sont inscrites sur des listes d’attente pour recevoir des organes de donneurs, et beaucoup mourront avant de pouvoir recevoir ce dont elles ont besoin. La pénurie de donneurs n’est qu’une partie du problème : de nombreux organes sont gaspillés parce qu’ils ne peuvent pas être remis à temps à un receveur compatible.

La circulation est l’un des nombreux obstacles à l’acheminement de chaque organe sain vers une personne qui en bénéficiera. Même avec des gyrophares et des sirènes hurlantes, les ambulances peuvent perdre un temps précieux à se déplacer entre les hôpitaux d’une grande ville. Mais cela pourrait bientôt appartenir au passé, après la description, dans Science Robotics, d’un vol de drone qui a permis de sauver des vies l’année dernière.

Le premier transfert par drone d’un organe de donneur signalé était un rein, permettant à un receveur de 44 ans de cesser huit années de dialyse. Tout organe a plus de chances d’être implanté avec succès s’il est livré rapidement, mais les reins peuvent durer jusqu’à 48 heures hors du corps. Gagner quelques minutes en transit est utile, mais rarement essentiel. La livraison entre villes est un plus grand défi, mais elle est souvent possible.

Cependant, les cœurs et les poumons doivent être transplantés dans les 4 à 6 heures suivant le décès du donneur. Si l’on tient compte du temps nécessaire pour effectuer l’opération à chaque extrémité, il reste très peu de temps pour la livraison si le donneur ne meurt pas dans le même hôpital qu’un receveur prioritaire.

Une équipe de l’University Health Network de Toronto avait prévu depuis des années de procéder à la livraison d’un poumon par télécommande, en installant une boîte de transport de poumons spécialement conçue dans un drone M600 Pro. Ils ont également retiré le train d’atterrissage et le support de charge utile normal pour augmenter le poids disponible – les poumons ne sont peut-être pas lourds, mais tout l’équipement nécessaire à leur fonctionnement est une autre affaire. Malgré l’ajout d’un système de récupération par parachute, de caméras, de lumières et de traceurs GPS, l’ensemble du système pèse moins de 25 kilogrammes.

Plus de 400 vols d’essai ont été effectués entre les toits des deux hôpitaux, dont aucun n’est conçu pour accueillir des hélicoptères avec équipage. Bien que la disponibilité soudaine d’un organe soit toujours le résultat d’une tragédie, au moins à cette occasion les conditions étaient excellentes, sans pluie, avec un vent faible et une bonne visibilité.

La transplantation s’est tellement bien déroulée que le patient de 63 ans a pu quitter les soins intensifs deux jours après l’opération.

Les deux hôpitaux de Toronto ne sont distants que de 1,5 kilomètre, de sorte que même en cas de mauvaise circulation, le transfert serait probablement rapide. Cependant, le succès de ce projet démontre la capacité d’entreprendre des transferts de plus en plus longs entre des hôpitaux plus éloignés au sein d’une même ville, et éventuellement entre des villes très éloignées. Les auteurs espèrent que des “routes de livraison transcontinentales” pourront être établies à l’aide de boîtes conçues pour transporter tous les types d’organes.

L’amélioration des transports ne pourra jamais résoudre la pénurie d’organes – seuls les projets visant à produire des organes à partir de cellules souches ou à modifier génétiquement des animaux pourront y parvenir. Mais en attendant, elle peut atténuer la crise.

Le compte rendu du transfert est décrit dans Science Robotics.

Lire aussi : Un drone livre une greffe de poumons à un hôpital de Toronto en première mondiale

Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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