Neuralink d’Elon Musk obtient le feu vert de la FDA pour tester ses implants cérébraux sur des humains


Après des essais réalisés uniquement sur les animaux.

La société d’implants cérébraux d’Elon Musk, Neuralink, a déclaré jeudi que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis avait donné son feu vert à son premier essai clinique sur l’homme, une étape critique après des difficultés antérieures à obtenir l’approbation. Si cette nouvelle est vraie, cela signifie que des humains pourraient bientôt se faire implanter un dispositif de Neuralink dans leur tête.

L’objectif de Neuralink, une entreprise fondée par Elon Musk en 2016, est de créer un appareil pouvant être implanté dans le cerveau et de l’utiliser pour contrôler un ordinateur avec une activité cérébrale. Selon Musk, ces implants pourraient avoir des applications médicales, comme aider les personnes souffrant de paralysie, de maladies neurodégénératives ou de troubles mentaux, mais aussi des applications plus futuristes, comme augmenter les capacités cognitives, sensorielles ou émotionnelles des humains.

Les implants de Neuralink sont constitués d’une puce électronique appelée “Link” qui est insérée dans le crâne et reliée à des électrodes implantées dans le cerveau. Ces électrodes enregistrent et stimulent l’activité neuronale et transmettent les données sans fil à une application qui les décode en actions ou en intentions. La puce mesure 23 mm de diamètre pour 8 mm d’épaisseur et peut être implantée facilement, en ne laissant qu’une petite cicatrice sous le cuir chevelu.

« Nous voulons surpasser les performances humaines des personnes valides grâce à notre technologie », a déclaré la société dans un tweet datant d’avril.

Neuralink a déjà réalisé des expériences sur des animaux, notamment des singes et des cochons, qui ont montré qu’ils pouvaient contrôler mentalement un ordinateur ou un jeu vidéo grâce aux implants. En effet, en 2019, Musk a révélé que l’entreprise testait son appareil sur des singes. En 2020, des implants ont été posés sur des cochons. Et en 2021, Neuralink a publié une vidéo montrant un singe jouant au Pong avec son cerveau. Avec deux puces Neuralinks implantées dans la zone du cortex moteur de son cerveau, le singe était capable de jouer à Pong en utilisant exclusivement son cerveau.

Pager, un macaque de 9 ans, s’est fait implanter une puce cérébrale environ six semaines avant le tournage de la vidéo. Il est ensuite passé par un processus d’apprentissage qui consistait à jouer à des jeux vidéo à l’aide d’une manette en échange de purée de banane en guise de récompense. En parallèle, le dispositif Neuralink enregistrait des informations sur les neurones qui s’activaient, ce, pour s’en servir comme informations de prédiction des mouvements de la main. Après l’apprentissage avec succès des schémas, le joystick utilisé par Pager pour jouer a été déconnecté de l’ordinateur. Le singe semble continuer à jouer au jeu en utilisant uniquement son esprit. Illustration…

Évidemment, Elon Musk a voulu rassurer les spectateurs sur le bien-être des animaux. « C’est important de montrer que Sake aime vraiment faire la démo. Il n’est pas attaché à la chaise ou autre. Les singes aiment vraiment faire les démonstrations. Et ils ont droit à des smoothies à la banane, donc c’est un jeu amusant. Je pense que ce que j’essaie de dire, c’est que nous nous soucions du bien-être des animaux. Et je suis sûr que nos singes sont plutôt heureux », a déclaré Musk.

Bientôt des essais sur des humains

La prochaine étape pour Neuralink est de tester ses implants sur des humains volontaires. La société a reçu l’autorisation de la FDA pour mener une étude clinique de phase I. Neuralink espère commencer les essais cliniques sur des humains à la mi-2023, après avoir recruté les candidats et obtenu leur consentement éclairé. La société a également lancé un registre de patients qui permet aux personnes intéressées par les implants de se faire connaître et de recevoir des informations sur les futures études.

La FDA ne confirme généralement pas les approbations pour les essais cliniques humains, mais a fait une déclaration vendredi : « la FDA reconnaît et comprend que Neuralink a annoncé que son exemption de dispositif expérimental… pour son implant/robot R1 a été approuvée par la FDA et qu’elle peut maintenant commencer à mener des essais cliniques humains pour son dispositif », a déclaré vendredi un porte-parole de l’agence dans un communiqué.

« Vous ne voudriez pas d’un iPhone 1 dans votre tête si un iPhone 14 était disponible »

En novembre, Neuralink a tenu un évènement durant lequel la structure a fait une présentation technique de son “Link”, montrant comment le système a été construit, les défis auxquels l’équipe a été confrontée, comment la technologie s’est améliorée jusqu’à ce moment et quels développements sont à venir. Les chercheurs de la société ont déclaré qu’ils développaient des traitements qui pourraient soit aider à améliorer ou à restaurer la vision, soit à restaurer le mouvement chez les personnes paralysées. Sur le plan technique, l’entreprise a l’ambition de s’assurer que l’appareil lui-même peut être mis à niveau facilement.

« Je suis presque sûr que vous ne voudriez pas d’un iPhone 1 dans votre tête si un iPhone 14 était disponible », a déclaré Musk.

« Nous voulons être extrêmement prudents et certains que cela fonctionnera bien avant de mettre un appareil dans un être humain », a déclaré Musk lors d’une mise à jour publique très attendue sur l’appareil. S’adressant à une foule d’invités sélectionnés lors d’une présentation au siège de Neuralink qui a duré près de trois heures, Musk a souligné la vitesse à laquelle l’entreprise développe son appareil.

« Les progrès au début, en particulier en ce qui concerne les humains, sembleront peut-être atrocement lents, mais nous faisons tout pour les mettre à l’échelle en parallèle », a-t-il ajouté. « Donc, en théorie, les progrès devraient être exponentiels. »

Durant le même évènement, Elon Musk a indiqué que les deux premières applications humaines ciblées par le dispositif de Neuralink sont de restaurer la vision et de permettre le mouvement des muscles chez les personnes qui ne peuvent pas le faire : « Même si quelqu’un n’a jamais eu la vision, même s’il était né aveugle, nous pensons que nous pouvons toujours restaurer la vision », a-t-il déclaré.

Pour ce qui est de restaurer le mouvement chez les personnes paralysées, Neuralink a réalisé des expérimentations en implantant des électrodes dans la moelle épinière d’un porc. Les chercheurs sont parvenus à contrôler différents mouvements des pattes avec l’implant. Un procédé qui pourrait permettre aux quadriplégiques de retrouver l’usage de la marche et de leurs mains. La puce Neuralink est capable d’intercepter les commandes de mouvement du cerveau et de les diriger vers les jambes. Elle sait aussi recevoir les signaux sensoriels des membres afin que le cerveau puisse les interpréter.

Concernant les non-voyants, une autre expérience avec un singe a permis de lui ajouter des éléments capturés par une caméra dans son champ de vision. C’est avec cette technologie que Neuralink espère développer une prothèse visuelle pour les aveugles.

Cela ne veut pas nécessairement dire qu’une puce Neuralink sera bientôt sur le marché

Neuralink a donné de longues présentations hautement techniques sur sa technologie, abordant des sujets tels que la manière dont elle atténuera le risque de cicatrisation des tissus cérébraux et la diminution du signal électronique de l’implant.

Toutefois, l’entreprise s’est attirée des critiques pour ses recherches sur les animaux de la part du Physicians Committee for Responsible Medicine, qui a appelé à une enquête sur les « graves problèmes de sécurité » découlant de ses pratiques.

« Musk doit abandonner son obsession de coller un appareil dans nos têtes », a déclaré vendredi Ryan Merkley, directeur de la recherche auprès du Physicians Committee, dans un communiqué. « S’il se souciait de la santé des patients, il investirait dans une interface cerveau-ordinateur non invasive. »

Un essai clinique du dispositif chez l’homme n’est pas une garantie de succès réglementaire ou commercial. Neuralink et d’autres sont tenus de faire face à un examen minutieux de la part de la FDA pour s’assurer que leurs appareils sont sûrs et fiables, en plus de faire face à des questions d’éthique et de sécurité soulevées par une technologie qui pourrait conférer un avantage cognitif à ceux qui ont un implant.

Quand commenceront les essais cliniques chez l’homme ?

Il n’est pas précisé quand les essais cliniques pourraient commencer. Un registre de patients sur le site Web de Neuralink indique que seuls les patients atteints de certaines conditions (y compris la paralysie, la cécité, la surdité ou l’incapacité de parler) sont éligibles pour participer.

L’interface cerveau-ordinateur est l’un des paris les plus ambitieux de Musk dans un empire commercial qui s’étend des voitures électriques aux fusées propulsant les humains dans l’espace et qui s’est récemment développé pour englober l’intelligence artificielle générative et les médias sociaux.

Lire aussi : « L’atteinte d’une forme d’intelligence artificielle de niveau humain (AGI) est possible dans une décennie », d’après le PDG de Google Deepmind

Sources : Developpez – annonce Neuralink


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