StopCovid : la France travaille sur une application qui va tracer l’historique des contacts avec les malades


Mais la piste de la géolocalisation est écartée.

La France a confirmé mercredi travailler sur un projet d’application pour smartphone qui permettrait de prévenir les personnes ayant été en contact avec un malade testé positif au coronavirus, assurant que son installation serait volontaire et ne permettrait pas la géolocalisation. Une garantie qui avait déjà été donnée par le Premier ministre Édouard Philippe il y a quelques jours devant les députés : « Ces dispositifs en France ne seraient pas légalement permis. On pourrait peut-être sur le fondement d’un engagement volontaire utiliser ces méthodes pour mieux tracer la circulation du virus, mais nous n’avons pas d’instrument légal et nous ne travaillons pas sur des instruments qui le rendraient obligatoire », avait-il alors déclaré.

« Le gouvernement a décidé de lancer le projet StopCovid afin de développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission », a indiqué le secrétaire d’État au Numérique Cédric O dans un entretien accordé avec le ministre de la Santé Olivier Véran au Monde.

« L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner », explique-t-il.

Le projet s’appuie sur la technologie Bluetooth, qui permet à nos smartphones d’identifier des appareils à proximité (écouteurs, enceintes, imprimantes…) et non le recueil de données de géolocalisation. « L’application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure ni transmettre aucune donnée », explique le secrétaire d’État.

Le principe serait simple : l’application est installée volontairement ; lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique.

À l’heure actuelle, « aucune décision n’est prise » et cela dépendra de « si les scientifiques nous disent que cela peut nous aider à lutter contre la propagation de l’épidémie », prévient de son côté Olivier Véran.

Selon Olivier Véran, StopCovid est « compatible avec le droit européen des données personnelles, avec des données anonymisées ». « Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui. Le code informatique sera public » et la Commission nationale de l’informatique et des libertés est « étroitement » associée aux travaux.

Les deux représentants du gouvernement expliquent également ne pas savoir « aujourd’hui ni si l’application fonctionnera ni quelle sera la stratégie de déconfinement ». De même, « nous ne sommes pas certains de réussir à franchir toutes les barrières technologiques, car le Bluetooth n’a pas été prévu pour mesurer des distances entre les personnes ».

Olivier Véran assure dans cette interview que « depuis le premier jour de la crise épidémique, nous avons décidé d’être dans l’anticipation, c’est-à-dire de disposer au moment opportun de tous les moyens possibles pour lutter contre la diffusion du virus ».

Une mesure qui ne peut être efficace que si elle est adoptée par le plus grand monde

Selon une étude du CARE (comité analyse recherche et expertise), le traçage des contacts au travers d’une application téléphone est très utile parce qu’un individu peut infecter les autres avant même de montrer les symptômes du Covid-19. Une mise en quarantaine immédiate permettrait de protéger la famille, les amis et les collègues de ceux qui sont entrés en contact étroit avec une personne atteinte du Covid-19. Si utilisée par un nombre suffisant de personnes, une telle application permettrait de contrôler l’épidémie sans avoir besoin de recourir à des mesures prolongées et très coûteuses de confinement général.

« Une politique de traçage numérique ne peut être efficace que s’il y a un nombre suffisant de citoyens qui adhèrent au principe et installent l’application. Les résultats de notre étude sont à ce titre encourageants et suggèrent le potentiel d’une telle approche.

Notre étude suggère que le public français serait plus en faveur d’une installation volontaire que d’une installation automatique (avec possibilité de désinstallation), même si les deux modes d’installation semblent recueillir le soutien de la majorité des personnes que nous avons interrogées. Il y a des tensions évidentes entre ces deux approches. Une installation automatique amènerait certainement à des taux plus élevés d’adoption, par exemple parce qu’elle réduit les coûts d’installation. Cependant, le mode d’installation automatique a un caractère beaucoup plus intrusif et son implémentation pose des questions en termes de respect des lois en vigueur.

Les raisons les plus souvent citées contre une installation sont la peur d’un piratage du téléphone, la crainte que le gouvernement ne renforce la surveillance, et une plus grande anxiété. Il semble essentiel de prendre en compte ces craintes dans le développement de l’application et les procédures d’installation. D’un point de vue technique, il semble tout à fait possible d’éviter l’utilisation des données GPS et de se reposer uniquement sur les capacités de la technologie Bluebooth (comme à Singapour). D’un point de vue organisationnel, il semble qu’il sera aussi crucial de faire appel à une autorité renommée, transparente, et indépendante du gouvernement, pour établir la confiance des Français dans cette approche. Nos résultats suggèrent en effet que beaucoup de Français se méfieront d’une politique de traçage numérique initiée par la seule volonté du gouvernement. À ce titre, une installation automatique pourrait être beaucoup plus difficile à instaurer politiquement. »

L’Union européenne favorable à une application unique pour suivre les infections

Pour éviter que chaque pays de l’Union européenne ait à développer sa propre solution, qui pourrait non seulement porter atteinte à la vie privée, mais également disperser les efforts des États de l’UE, Wojciech Wiewiorowski, le responsable de la surveillance de la vie privée de l’UE, a délivré un communiqué dans lequel il a déclaré que le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) « appelle à une application mobile COVID-19 de modèle paneuropéen, coordonnée au niveau de l’UE » pour suivre la propagation du nouveau coronavirus. Comme principe de fonctionnement, le CEPD recommande que l’application s’appuie sur des identifiants de diffusion temporaires et la technologie Bluetooth pour suivre les contacts, ce qui permettrait de protéger à la fois la confidentialité et les données personnelles. En outre, pour rassurer davantage les individus et les organismes de protection de la vie privée, Wiewiorowski déclare « qu’idéalement, une coordination avec l’Organisation mondiale de la santé devrait également avoir lieu, afin de garantir la protection des données dès la conception dans le monde entier ».

L’initiative, nommée Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT), rassemble plus de 130 chercheurs de huit pays et suit globalement l’approche adoptée par l’application TraceTogether de Singapour. PEPP-PT devrait lancer sa plateforme cette semaine avec une application allemande de suivi des contacts contre le coronavirus soutenue par l’Institut Robert Koch qui coordonne la réponse nationale au coronavirus.

Lire aussi : Edward Snowden avertit que la “biosurveillance” pourrait survivre au coronavirus

Source : Developpez


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