Snowden avertit que les États utilisent le coronavirus pour construire « l’architecture de l’oppression »


Et prédit que les mesures prises pour lutter contre le COVID-19 vont persister longtemps.

Depuis des années, des experts ne manquent pas d’évoquer des menaces de pandémie mondiale. En 2015 par exemple, Bill Gates, le cofondateur de fondation Bill & Melinda Gates, a déclaré lors de la conférence TED 2015 que « si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes au cours des prochaines décennies, il s’agira très probablement d’un virus hautement infectieux plutôt qu’une guerre. Pas des missiles, mais des microbes ».

Bill Gates ajouta que cela pourrait être dû en partie au fait que « nous avons investi énormément dans des moyens de dissuasion nucléaire. Mais nous avons en fait investi très peu dans un système pour arrêter une épidémie ». Et de conclure lors de son discours que « nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie ».

Comme Bill Gates, Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a mis à nu en 2013 les opérations de surveillance menées par la NSA, vient de déclarer lors d’une interview donnée par visioconférence que « tous les universitaires, tous les chercheurs qui ont examiné cette question savaient que cela allait arriver ». « Il n’y a rien de plus prévisible qu’une pandémie dans un monde où nous vivons les uns sur les autres dans des villes surpeuplées et polluées ». « Même les agences de renseignement [le savaient], je peux vous le dire de première main, car elles lisaient les rapports qui prévoyaient la pandémie », dénonce Edward Snowden. C’est à croire que ces gouvernements n’ont pas vraiment pris ces alertes au sérieux. Conséquence, le monde entier fait les frais d’une pandémie incontrôlable qui fait tomber chaque jour des hommes, des femmes et même des enfants par centaines.

Pour faire face à la pandémie, la Chine qui a été le premier à être touché a dû mettre en place des mesures très strictes qui lui ont permis de sortir de cette crise sanitaire. Entre autres mesures, nous avons par exemple le confinement, mais aussi des actes de répression contre les contrevenants et le renforcement de la censure sur internet. En quelque trois mois, les mesures prises par la Chine auraient permis de maîtriser la progression du virus au sein de la population, à en croire les chiffres publiés par les autorités chinoises. Pour une population de plus d’un milliard d’habitants, la Chine a rapporté seulement 81 907 cas confirmés de malades du virus pour 3 336 décès et 77 455 guérisons. En France, pour une population qui est estimée à un peu plus de 67 millions d’habitants, l’on enregistre actuellement 112 950 cas de personnes contaminées pour 13 197 décès et 24 932 guérisons. En Belgique, pour une population de 11,46 millions d’habitants, l’on enregistre présentement 26 667 personnes contaminées, 3 019 décès et 5 568 guérisons. En Suisse, pour 8,57 millions d’habitants, l’on a pour l’instant 24 551 contaminés, 1 002 décès et 11 100 guérisons. Sur la base de ces chiffres, l’on pourrait se dire que les régimes autocratiques sont mieux armés que les régimes démocratiques pour gérer cette crise. Pour Snowden, cela n’est pas vrai. Même si la Chine peut faire des choses que la France, les États-Unis, l’Angleterre, etc. ne peuvent pas faire, pour lui, cela ne signifie pas que ce que font les pays autocratiques est en fait plus efficace.

Si pour le lanceur d’alerte, les mesures que la Chine a utilisées ne sont pas aussi efficaces, le fait que la propagation du virus a été maîtrisée en Chine a attiré l’attention de nombreux pays. Plusieurs gouvernements n’ont pas hésité à demander conseil et à suivre le modèle de la Chine en commençant par confiner les gens. D’autres pays sont allés plus loin en commençant à faire usage d’applications de contact tracing (suivi des personnes pour les avertir assez tôt d’un risque de contagion lorsqu’elles ont été exposées à une personne classée comme contaminée). Et à mesure que la crise sanitaire s’intensifie, chaque gouvernement n’hésite pas à user des moyens qu’il juge adéquats pour s’en sortir. Pour éviter le cafouillage au niveau des applications de contact tracing, l’UE a appelé à la mise en œuvre d’une application de suivi paneuropéenne.

Analysant les mesures prises dans l’urgence pour faire face à la pandémie, Joseph Cannataci, le rapporteur spécial des Nations unies, a mis en garde les États en déclarant que « les dictatures et les sociétés autoritaires commencent souvent face à une menace ». Et d’ajouter que « c’est pourquoi il est important d’être vigilant aujourd’hui et de ne pas céder toutes nos libertés ».

Edward Snowden est également de cet avis et déclare qu’à « mesure que l’autoritarisme se répand, que les lois d’urgence se multiplient, que nous sacrifions nos droits, nous sacrifions également notre capacité à arrêter le glissement dans un monde moins libéral et moins libre ».

« Croyez-vous vraiment que lorsque la première vague, la deuxième vague, la 16e vague du coronavirus sera oubliée depuis longtemps, ces capacités ne seront pas conservées ? Que ces ensembles de données ne seront pas conservés ? Peu importe comment il est utilisé, ce qui est construit est l’architecture de l’oppression », avertit Snowden.

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Source : Developpez


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