Des récits de batailles bibliques confirmés à l’aide de variations du champ magnétique terrestre

De brèves variations de l’intensité du champ magnétique terrestre ont été utilisées pour fournir des dates plus précises pour la destruction de villes du Moyen-Orient, ce qui concorde avec les récits bibliques.

En somme, c’est juste une autre ligne de champ magnétique dans un mur. Crédit image : Yoav Vaknin

Le champ magnétique de la Terre n’est pas constant. Les retournements où il inverse soudainement la direction sont un outil crucial pour la datation des événements géologiques. Aujourd’hui, certains chercheurs affirment qu’ils peuvent utiliser des changements, même brefs, de l’intensité du champ pour dater avec précision la destruction de villes, puis utiliser ces dates pour vérifier les récits bibliques.

Le Deuxième Livre des Rois n’est pas l’une des parties les plus lues ou les plus célèbres de la Bible, mais les batailles qu’il décrit présentent un intérêt pour les historiens. Après tout, elles sont beaucoup plus plausibles que les récits des livres précédents, comme l’Arche de Noé, même si les victoires sont attribuées à une intervention divine.

Des fouilles archéologiques ont permis de faire correspondre un certain nombre de sites à des villes (des villages selon les normes modernes) dont la Bible parle comme ayant été détruites par divers voisins hostiles. Dans une nouvelle étude, Yoav Vaknin, doctorant à l’université de Tel Aviv, et ses co-auteurs montrent que la destruction de ces villes correspond aux récits bibliques.

Lorsque des substances magnétiques deviennent suffisamment chaudes, elles conservent le champ magnétique local en se refroidissant. Aujourd’hui, ce champ magnétique est souvent fourni par des lignes électriques ou d’autres sources artificielles, mais il y a trois millénaires, le champ magnétique de la Terre était à peu près le seul en ville. Ainsi, lorsque des armées pillardes brûlaient des villes, la couche de cendres qui marque leur “zone de destruction” porte une trace de l’intensité, ainsi que de la direction, du champ magnétique terrestre à l’époque.

“Sur la base de la similitude ou de la différence d’intensité et de direction du champ magnétique, nous pouvons soit corroborer soit réfuter les hypothèses selon lesquelles des sites spécifiques ont été brûlés au cours de la même campagne militaire”, a déclaré Vaknin dans une déclaration envoyée par courriel à IFLScience. Le fait que le champ géomagnétique changeait exceptionnellement vite dans cette région il y a 3 000 à 2 600 ans, atteignant parfois plus du double de l’intensité actuelle, facilite le processus.

La Bible mentionne que la ville philistine de Gath, juste au-delà des frontières de la Judée, a été détruite par Hazaël, roi d’Aram-Damas. Les archéologues pensent que le site de Tell es-Safi, dans ce qui est aujourd’hui le centre d’Israël, est le vestige de Gath, et qu’il a été incendié vers 830 avant notre ère.

Yoav Vaknin mesurant sur le site d’une des villes détruites, dont la date de destruction a été révélée par la magnétisation qui y est encodée. Crédit image : Shai Halevi, Autorité des Antiquités d’Israël

La Bible impute également à Hazaël la chute de trois autres villes, que l’on pense être les lieux connus aujourd’hui sous le nom de Tel Rehov, Tel Zayit et Horvat Tevet.

Vaknin et ses co-auteurs ne peuvent pas attribuer la responsabilité à un individu, mais ils affirment avoir montré que le champ magnétique était le même lorsque Gath et les autres villes ont brûlé, ce qui indique que c’était probablement la même année. Selon le rasoir d’Occam, il semblerait que la même main soit en jeu.

D’autre part, la destruction de Tel Beth-Shean (aujourd’hui au nord d’Israël) a également été attribuée par certains érudits modernes à Hazaël. Cependant, les données de Vaknin suggèrent que sa disparition est intervenue 70 à 100 ans après celle de Gath, époque à laquelle Hazaël était certainement mort. La chute de Tel Beth-Shean coïncide avec la campagne du pharaon Shoshenq dans les terres situées à l’est de la Méditerranée.

Les travaux soutiennent également la théorie selon laquelle certaines parties du royaume de Judée ont survécu après la destruction de Jérusalem par les Babyloniens. “Les villes du Néguev, des montagnes du sud de la Judée et des contreforts du sud de la Judée sont restées presque intactes”, a déclaré le professeur Erez Ben Yosef, coauteur de l’étude. “Maintenant, les résultats magnétiques confirment cette hypothèse.”

Ces villes sont tombées des décennies plus tard, et les auteurs attribuent leur destruction aux Edomites plutôt qu’aux Babyloniens. Ben Yosef a suggéré que cela pourrait expliquer pourquoi la Bible, rarement élogieuse à l’égard des voisins du royaume de Juda, réserve une haine particulière aux Edomites.

Cependant, le fait que la Bible puisse présenter un compte rendu précis d’événements qui se sont produits peu de temps avant qu’elle ne soit écrite n’en dit pas forcément long sur la façon dont elle couvre les milliers d’années qui l’ont précédée.

Villes de l’ancienne Judée et de ses environs avec les lignes d’invasion approximatives, indiquant quelles villes ont été détruites ensemble. Crédit image : Itamar Ben-Ezra

L’article est publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

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Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche