Les artistes de l’âge de pierre ont été inexplicablement hypnotisés par les chevaux, des millénaires avant la domestication


Dans certains des dessins rupestres les plus anciens jamais trouvés, le cheval puissant règne en maître sur tous les autres animaux. Représentée avec précision et enthousiasme, cette créature majestueuse est difficile à manquer.

En fait, pour quatre animaux dessinés sur le mur de la grotte à l’âge de pierre en France et en Espagne, au moins un est forcément un cheval. Habituellement plus grand que tous les autres, cet animal puissant se trouve souvent au-dessus des lions, rhinocéros, mammouths, bisons et ours.

Ce ne serait pas étrange si ces ancêtres utilisaient les chevaux comme moyen de transport ou comme principale source de nourriture.

Mais ces images ont été dessinées des milliers d’années avant que les humains ne commencent à domestiquer et à monter à cheval, et comme le font remarquer les auteurs, le renne était leur viande de base, pas le cheval.

Pourtant, il est évident que les chevaux représentaient quelque chose de spécial pour les habitants de l’Europe de l’âge de pierre, mais que personne ne peut dire avec certitude.

Georges Sauvet, expert en art préhistorique, a rassemblé plus de 4 700 exemplaires de dessins, peintures et gravures paléolithiques dans l’espoir d’en savoir plus.

Les représentations figuratives datent de 12.000 à 30.000 ans, originaires de ce qui est aujourd’hui la France et l’Espagne.

Au fil des années et des images, il ne pouvait s’empêcher de remarquer “la primauté du cheval”.

À l’aide de plusieurs analyses statistiques, M. Sauvet montre que les chevaux sont représentés d’une manière particulière dans l’art européen ancien. Près de 30 % de tous les animaux de sa collection sont des chevaux, et plus des trois quarts des sites comprenaient au moins une image de l’animal.

Bien que les chevaux et les bisons dominent le tableau, représentant environ la moitié des animaux dessinés, le premier semble avoir un statut particulier. On le trouve dans 44 % des représentations, et il est beaucoup plus régulièrement mis en vedette que le bison.

“Les variations régionales que nous observons sont principalement stylistiques et thématiques”, a écrit Georges Sauvet, qui travaille à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès en France.

“Même le nombre plus élevé de représentations postérieures dans la région cantabrique ou la ‘préférence’ pour les représentations de mammouths dans le Périgord ne minent pas la primauté du cheval comme sujet privilégié.”

Selon lui, l’un des cadeaux à donner, c’est la direction dans laquelle les chevaux se dirigent. Alors que la plupart des animaux sont tirés vers la gauche, les chevaux sont les seules espèces qui sont principalement orientées vers la droite.

Claude Barrière l’avait remarqué en 1997, mais sa révélation s’est faite sans grand préavis. M. Sauvet dit que ses conclusions confirment les soupçons de Barrière.

“Le rôle prééminent du cheval est illustré par des réalisations fortes et saillantes, et les artistes ont été très attentifs à ce point”, affirme Georges Sauvet.

“Ils ont choisi des endroits remarquables, des endroits élevés et visibles pour attirer les grands chevaux. C’est comme si le choix de lieux spectaculaires servait à signifier symboliquement que le cheval était ‘au sommet’, au-dessus des autres espèces.”

Un cheval de 2,70 m de long tiré sur le grand plafond de la grotte de Rouffignac en Dordogne dans le sud-ouest de la France est probablement le plus grand cheval de l’histoire de l’art rupestre paléolithique. En dessous, il y a un anneau de bisons, de mammouths et de rhinocéros.

Dessiner un animal aux proportions parfaites sur le mur ou le plafond d’une grotte est tout un exploit, et selon M. Sauvet, les images des chevaux sont particulièrement précises en forme, dimensions et situation.

En fait, une étude réalisée en 2012 a révélé que les humains préhistoriques étaient meilleurs pour dessiner des chevaux que les artistes modernes.

April Nowell, de l’Université de Victoria au Canada, a déclaré au New Scientist que les archéologues avaient déjà remarqué l’importance du cheval. Mais elle dit que même si cette étude s’ajoute certainement à cette tendance, nous ne pouvons pas faire de véritables inférences sur les raisons.

Georges Sauvet soutient que l’art rupestre est lié à des histoires mythiques et que, par conséquent, les chevaux pourraient avoir été une sorte de statut mythique. Nowell dit que c’est aller trop loin. En fin de compte, ils sont tous les deux d’accord, il y a quelque chose à propos du cheval.

L’étude a été publiée dans Journal of Archaeological Science: Reports.

Lire aussi : Certains singes sont entrés dans l’âge de pierre il y a plus de 3 000 ans

Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche


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