Les trésors en or des anciennes villes légendaires de Troie, Poliochni et Ur proviennent de la même source


Ce fut probablement une chose étrange à voir, un groupe de chercheurs entrant dans un musée avec un appareil de mesure portable, projetant un rayon laser sur certains des objets en or les plus importants de l’histoire de l’archéologie et y faisant de minuscules trous. Mais cela en valait la peine, car ils ont ainsi découvert des routes commerciales préhistoriques entre les villes s’étendant de la mer Égée à l’Indus.

Quelques objets en or en provenance de Troie et de Poliochini analysée dans le cadre de cette étude. (Moritz Numrich et col./ Journal of Archaeological Science)

Ernst Pernicka, directeur scientifique du Centre d’archéométrie Curt-Engelhorn (CEZA) des musées Reiss-Engelhorn de Mannheim (Allemagne), a travaillé avec une équipe internationale de scientifiques afin d’analyser des échantillons de bijoux de l’âge du bronze provenant de Troie et de Poliochini, ce qui a été rendu possible grâce à un système d’ablation au laser innovant et portable.

La ville mythique de Troie (aujourd’hui appelée Hisarlik, à Canakkale, en Turquie) est un site à périodes multiples, aujourd’hui partiellement enterré. Elle a été le célèbre décor de l’Iliade d’Homère (l’une des plus anciennes œuvres de la littérature occidentale), qui raconte le siège de la ville. Poliochini était une ancienne colonie sur l’île de Lemos, précédant la construction de Troie I.

Les échantillons d’or analysés par les chercheurs appartiennent au légendaire « Trésor de Priam », excavé en 1873 par le découvreur allemand de Troie et expert linguistique Heinrich Schliemann. Depuis sa découverte, l’origine de l’or (aujourd’hui conservé dans des musées en Russie et en Allemagne) est un mystère et fait l’objet d’une enquête.

Aujourd’hui, Pernicka et son équipe ont enfin pu prouver que le trésor provenait de dépôts secondaires, tels que des rivières, et que sa composition chimique est identique à celle des objets en or de Poliochni et des tombes royales d’Ur en Mésopotamie. Pour les chercheurs, cela signifie qu’il existait probablement des liens commerciaux entre ces régions éloignées.

Equipement portatif à base de laser permettant d’analyser la composition d’anciens objets en or. (Centre d’archéométrie Curt-Engelhorn (CEZA))

Pour leur étude, l’équipe a utilisé le système portable d’ablation au laser pour procéder à une extraction peu invasive de l’or. Le plus grand fait fondre un petit trou microscopique dans les échantillons, dont la composition a ensuite été analysée par spectrométrie de masse. Les chercheurs ont étudié 61 artefacts à l’aide de cette méthode, tous datant du début de l’âge du bronze (2 500-2 000 ans avant J.-C.).

La forte concentration de palladium, de zinc et de platine dans les bijoux de Troie indique clairement que l’or a été rejeté par une rivière sous forme de poussière d’or. Les chercheurs ont également pu montrer que les échantillons ont été produits en série et non sous forme d’objets individuels. C’est la seule explication, par exemple, de la même quantité de platine dans des échantillons trouvés sur différents sites.

Par ailleurs, les experts ont longtemps débattu de l’origine réelle de l’or provenant des tombes royales d’Ur. Il n’existe aucune source naturelle d’or en Mésopotamie, ce qui fait de l’Anatolie occidentale, le site de Troie, une source possible.

Selon Pernicka :

Toutefois, d’autres régions très différentes, connues pour avoir eu des liens commerciaux étroits avec Ur, ont également été envisagées.

L’étude publiée dans le Journal of Archaeological Science : Portable laser ablation sheds light on Early Bronze Age gold treasures in the old world: New insights from Troy, Poliochni, and related finds.

Lire aussi : Des archéologues fouillent la ville antique de Troie et découvrent un four vieux de 3 700 ans

Source : GuruMeditation


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