Qui était La Voisin ? L’empoisonneuse mondaine française à louer


Dans une salle obscure se tient une femme de 40 ans, Catherine Monvoisin.

Sa silhouette est seulement éclairée par les torches que tiennent les hommes sans visage qui se tiennent devant elle, des hommes qui la condamnent à la mort par le feu. Nous sommes au XVIIe siècle, où une telle condamnation à mort est une fin inhabituelle pour la vie d’une personne. Mais Catherine est une femme hors du commun.

Catherine était l’épouse d’un marchand de soie et d’un joaillier et vivait une vie de confort dans la société parisienne. Elle était philanthrope, entrepreneur, diseuse de bonne aventure, mère et amatrice d’art. Mais elle était aussi une empoisonneuse professionnelle, une prétendue pourvoyeuse de sortilèges et une prétendue sorcière qui a plongé l’aristocratie française dans la tourmente, et a même tenté de tuer un roi.

Elle était plus connue sous le nom de “La Voisin” et était une figure centrale de “L’affaire des Poisons”. De par sa position dans la société parisienne, Catherine contrôlait un large réseau de diseuses de bonne aventure. Elle fournissait du poison, des avortements, des aphrodisiaques, organisait des messes noires, et prétendait même offrir des services magiques.

La Voisin (Antoine Coypel / Public Domain)

Elle était si célèbre qu’elle attirait même des clients de l’aristocratie, qui pouvaient se permettre de payer ses prix élevés qui finançaient son style de vie somptueux. Son organisation, qui pratiquait la magie noire sur commande et le meurtre par empoisonnement, a fait des milliers de victimes.

De la diseuse de bonne aventure à la sorcière

La Voisin est née Catherine Deshayes en 1640 et a épousé un marchand de soie et bijoutier parisien nommé Antoine Monvoisin, qui avait sa propre boutique à Paris. Les choses allaient bien pendant un certain temps jusqu’à ce que les affaires de son mari soient complètement ruinées. On pense qu’avant le mariage, sa vie était assez difficile car elle était confrontée à la pauvreté, et lorsque les affaires de son mari ont échoué, elle a refusé de retomber dans la même pauvreté. C’est alors qu’elle s’est tournée vers la voyance.

Elle a déclaré qu’elle utilisait à peine ce que Dieu lui avait donné. Elle a également déclaré avoir appris la cartomancie à l’âge de neuf ans. Après la ruine de l’entreprise de son mari, elle prévoyait de faire d’énormes bénéfices grâce à cette voyance.

Sa divination est mise en doute en 1665 ou 1666 par la Congrégation de la Mission, une société de prêtres catholiques romains, mais elle se défend, ce qui lui permet de poursuivre son activité de voyance. Elle se défend, ce qui lui permet de poursuivre son activité de voyance. Catherine se tourne alors vers la lecture des lignes de la main et la physiognomonie ou lecture du visage. Elle s’est ensuite tournée vers des pratiques plus secrètes, notamment en aidant ses clientes à se faire avorter de manière illicite, ce qui était illégal à l’époque.

Les diseuses de bonne aventure étaient très demandées en France au XVIIe siècle (Georges de la Tour / Public Domain).

Elle avait l’habitude d’encaisser d’énormes sommes d’argent grâce à son commerce d’avortement, car la plupart de ses clients étaient issus de familles riches ou de l’aristocratie française. Comme ses relations dans la société lui apportaient des clients de l’élite parisienne, elle a commencé à progresser lentement vers la magie noire. Elle fabriquait des amulettes et des objets magiques pour les vendre. Puis elle a commencé à fabriquer des philtres d’amour et des aphrodisiaques. Elle est également engagée pour faire de la sorcellerie, jetant des sorts pour apporter la richesse ou le succès à ses clients.

Sa réputation grandit

La renommée et la richesse ont rapidement commencé à croître dans les affaires de Catherine. Elle va alors plus loin, s’impliquant davantage dans la sorcellerie, le culte de Satan et la magie noire, recrutant activement et opérant à la tête d’une cabale maléfique de sorcières. Elle organisait des fêtes géantes et luxueuses pour l’élite de la société et de nombreuses rumeurs prétendaient qu’elle était infidèle à son mari.

Toutes ces pratiques magiques plus sombres l’ont rendue encore plus riche. L’une des pratiques les plus notables était la messe noire, cérémonie célébrée par les groupes sataniques, qu’elle pratiquait pour sa riche clientèle. Dans ces rituels, elle invoquait Satan pour qu’il exauce les vœux. Ces pratiques impliquaient des sacrifices d’animaux, et même de bébés.

Peu à peu, alors que la liste de ses relations s’allongeait, elle a commencé à s’intéresser aux poisons. Elle vendait ces poisons aux personnes qui souhaitaient la mort de quelqu’un. Cela lui a valu le surnom de “La Voisin” ou “The Poisoner”. Elle a développé un réseau d’empoisonneurs professionnels pour l’aider à développer son activité de vente de poisons. Elle était également chargée d’effectuer elle-même les empoisonnements.

Le prétendu alchimiste Adam Lesage, l’un des amants de Catherine, a raconté qu’elle avait assassiné son propre mari, une accusation qu’elle a niée. On pense que, tout au long de sa vie, elle a pu être responsable de la mort d’environ 2 500 nourrissons à cause de son empoisonnement. Cependant, pendant toute cette période, elle est restée une personnalité mondaine très en vue, et son simple charme a fait que personne ne l’a soupçonnée.

Début de la chasse aux sorcières

La chute de La Voisin commence avec une cliente de Catherine, Madame de Montespan, qui devient la maîtresse officielle du roi Louis XIV de France après avoir organisé une messe noire pour remporter la victoire en amour et attirer l’attention du roi. Mais même après avoir utilisé les philtres d’amour fournis par Catherine, le roi commence à se désintéresser d’elle. Le roi soupçonne qu’il pourrait être victime d’un empoisonnement, et donne l’ordre au chef de la police de Paris d’enquêter sur cette possibilité suite à l’arrestation d’une autre diseuse de bonne aventure, Magdelaine de La Grange.

Louis XIV of France (Charles Le Brun / Public Domain)

La Grange pointe alors du doigt Marie Bosse, empoisonneuse et membre du réseau de La Voisin. Cependant, Marie était également une rivale de La Voisin, et avoua au chef de la police l’affaire des poisons, et l’implication de Catherine. Catherine est rapidement arrêtée, et le scandale secoue la société française du 17ème siècle.

La vérité éclate au grand jour

Les choses empirent lorsque d’autres associés de Catherine commencent à donner des informations sur la magie noire et les empoisonnements massifs. Les membres de la haute société impliqués dans cette affaire sont également emprisonnés. Mais même lorsque la vérité sur La Voisin est connue, elle n’est jamais torturée, car on craint qu’elle ne révèle les noms de personnes de la haute société ou d’hommes politiques liés à ses crimes.

Lors d’un nouvel interrogatoire, Catherine a toujours nié avoir un quelconque lien avec les poisons et a refusé de révéler le nom de ses clients, y compris celui de la Montespan. Elle a également nié avoir pratiqué des avortements. Mais lors de son procès, des preuves telles que des fioles, des cruches, des sachets, des potions, des cristaux, des chaudrons et des objets de sorcellerie sont présentées contre La Voisin.

Avec toutes ces preuves contre elle, elle a été mise à mort par le feu en 1680. On pense qu’elle a empoisonné plus de 1 000 adultes et tué de nombreux enfants en bas âge lors de ses rituels. Au total, 300 personnes ont été arrêtées pendant l’enquête, et 36 ont été exécutées pour leurs crimes.

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Source : Ancient Origins – Traduit par Anguille sous roche


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