Ce champignon à l’aspect étrange pourrait être une alternative biodégradable au plastique


Des scientifiques ont découvert que le champignon de l’amadou (Fomes fomentarius) possède des propriétés surprenantes, qui pourraient lui permettre de constituer à l’avenir une alternative naturelle et biodégradable à certains plastiques et autres matériaux.

Comme son nom l’indique, ce champignon lignivore a toujours été utilisé pour faire des étincelles dans les feux, mais il a également été incorporé dans des vêtements et utilisé en médecine.

Aujourd’hui, il pourrait avoir une toute nouvelle utilité en tant qu’alternative biodégradable aux plastiques, grâce à la façon dont le mycélium du F. fomentarius est constitué.

Constitué de fins filaments appelés hyphes, le mycélium forme des réseaux de racines qui se propagent dans le sol ou dans les matières en décomposition. Dans le cas du champignon de l’amadou, ce réseau peut être divisé en trois couches distinctes, explique l’équipe issue d’institutions de recherche de Finlande, des Pays-Bas et d’Allemagne.

“Le mycélium est le composant principal de toutes les couches”, écrivent les chercheurs dans leur article publié. “Cependant, dans chaque couche, le mycélium présente une microstructure très distincte avec une orientation préférentielle, un rapport d’aspect, une densité et une longueur de branche uniques.”

Les chercheurs ont examiné la composition structurelle et chimique du corps fructifiant de F. fomentarius, à partir d’échantillons collectés en Finlande. Des tests de résistance mécanique ont été combinés à des scans détaillés du champignon afin d’examiner ses caractéristiques en détail, révélant trois couches : une croûte externe dure et fine enveloppant une couche mousseuse en dessous et des empilements de structures tubulaires creuses au cœur.

L’ultra-architecture de F. fomentarius utilisée dans cette étude. (Pylkännen et al., Science Advances, 2023)

Selon l’équipe, certaines parties du champignon étaient aussi solides que du contreplaqué, du pin ou du cuir, tout en étant plus légères que ces matériaux. C’est une combinaison qui n’est généralement pas associée à la partie charnue d’un tel champignon.

Les chercheurs ont constaté que les tubes creux, qui constituent la majeure partie des fructifications du F. fomentarius, peuvent résister à des forces plus importantes que la couche de mousse, le tout sans subir de dislocations ou de déformations majeures.

Toutefois, ce n’est peut-être pas si surprenant : ce champignon doit être construit pour résister aux rigueurs des changements de saison ainsi qu’aux branches d’arbres tombant d’en haut. C’est ce genre de résistance qui peut inspirer de nouveaux matériaux synthétiques.

Habituellement, les matériaux plus forts et plus rigides sont aussi plus lourds et plus denses, mais pas dans ce cas.

“Ce que l’on trouve d’extraordinaire, c’est qu’avec des changements minimes dans la morphologie de leurs cellules et la composition polymérique extracellulaire, ils formulent divers matériaux avec des performances physiochimiques distinctes qui surpassent la plupart des matériaux naturels et fabriqués par l’homme qui sont habituellement confrontés à des compromis de propriétés”, écrivent les chercheurs.

“Nous pensons que ces résultats devraient attirer un large public en science des matériaux et au-delà.”

Le champignon F. fomentarius joue déjà un rôle clé dans la nature, dans la mesure où il s’accroche aux arbres morts et libère d’importants nutriments qui resteraient autrement dans l’écorce. Aujourd’hui, il pourrait être encore plus utile dans le domaine de la science des matériaux.

Il reste à déterminer exactement comment et où ce champignon pourrait être utilisé, mais la compréhension de ses couches est une étape importante : nous savons maintenant comment il est construit au niveau cellulaire.

Cela fait partie d’un ensemble croissant de recherches sur le potentiel des matériaux vivants, qui utilisent des cellules vivantes de manière contrôlée et programmée pour obtenir certains résultats finaux – qui, dans ce cas, seraient des types particuliers de matériaux.

“Ces résultats pourraient constituer une grande source d’inspiration pour la production de matériaux multifonctionnels dotés de propriétés supérieures pour diverses applications médicales et industrielles à l’avenir”, écrivent les chercheurs.

La recherche a été publiée dans Science Advances.

Lire aussi : Une nouvelle étude confirme que certaines bactéries aiment manger du plastique

Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche


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