Changement climatique : Une truffe noire du Périgord a poussé pour la première fois au Pays de Galles


Une truffe noire du Périgord — Tuber melanosporum, l’une des spécialités les plus prisées et les plus chères du monde — a pour la première fois poussé au Pays de Galles (Royaume-Uni). Jamais un de ces champignons n’avait été récolté si loin de ses terres.

Cultiver des truffes noires est un long processus. Ces dernières poussent dans les systèmes racinaires des arbres, formant une relation symbiotique avec leur hôte. En conséquence, le champignon devient une sorte « d’extension » de la racine de l’arbre, recevant un apport constant de glucides venant de l’arbre, en échange de son apport de minéraux vers la racine. Les truffes poussent dans des sols mous, convenablement humides et bien drainés à forte teneur en calcaire, presque exclusivement dans les régions à climat méditerranéen — au nord de l’Espagne, au nord de l’Italie et dans sud de la France. D’où la surprise : comment une truffe noire peut-elle évoluer au Pays de Galles ?

Ce coûteux champignon a en effet pu être cultivé pour la première fois au Royaume-Uni, conséquence du réchauffement climatique, ont annoncé des chercheurs de l’Université de Cambridge et de la société Mycorrhizal Systems Ltd (MSL). La Tuber melanosporum, de son nom scientifique, se trouve majoritairement en France, dans le Lot, dans le sud-ouest de la France. Elle a pu être récoltée pour la première fois au mois de mars dernier à Monmouthshire, au sud du Pays de Galles, à l’issue d’un programme mené par MSL et des fermiers locaux. « Il s’agit de l’emplacement le plus au nord où elle n’ait jamais été trouvée », ont souligné les chercheurs dans un communiqué.

Pour Paul Thomas, de l’Université de Stirling, en Écosse, cette annonce « montre que la résistance climatique des truffes est plus importante que ce que l’on pensait jusqu’ici, mais il est probable que cela soit dû à un changement climatique, et parce que certaines zones du Royaume-Uni (…) sont adaptées à la culture de ces espèces ». La truffe récoltée (16 grammes) en mars s’est développée dans les racines d’un chêne méditerranéen planté en 2008, inoculé avec des spores de Tuber melanosporum. Le sol environnant a ensuite été traité avec de la chaux pour réduire son acidité. Le précieux sésame, lui, a été préservé pour la postérité. A terme, la MSL compte bien continuer à faire pousser des truffes dans le but de fournir les restaurateurs locaux.

Les détails de cette étude ont été publiés dans la revue Climate Research.

Source : SciencePost


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