Un minéral créé en laboratoire peut aspirer le CO2


Durant la conférence GoldSchmidt 2018 qui a eu lieu à Boston, des scientifiques ont annoncé avoir accéléré le processus de création d’un minéral capable de stocker le dioxyde de carbone (CO2). Cet outil offre une nouvelle approche pour résoudre le problème de pollution mondiale.

Un minéral de laboratoire

La magnésite est un type de carbonate de magnésium. Il se forme lorsque le magnésium se combine avec de l’acide carbonique. Si nous pouvons produire ce minéral à grande échelle, il pourra stocker en toute sécurité de grandes quantités de dioxyde de carbone. Cela serait une vraie révolution.

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Magnésite. Localité : Serra das Éguas, Brumado (Bom Jesus dos Meiras), Bahia, Brésil. Crédits : Didier Descouens/Wikipédia Commons Files

Comment fabrique-t-on un minéral ?

« Premièrement, nous avons expliqué comment et à quelle vitesse la magnésite se forme naturellement », a déclaré Ian Power à la conférence Goldschmidt à Boston. Il est chercheur principal et géochimiste environnemental à l’Université Trent au Canada. « C’est un processus qui prend des centaines ou des milliers d’années dans la nature à la surface de la Terre. » Cet enfermement du CO2 dans la roche s’appelle la séquestration du carbone.

Pour servir de solution, la magnésite doit pouvoir être créée à un niveau industriel. Avec les travaux des scientifiques, on sait que cette production peut se faire à température ambiante.

« Ce processus a lieu à température ambiante, ce qui signifie que la production de magnésite est extrêmement efficace sur le plan énergétique. »

Il a fallu 72 jours aux scientifiques pour produire leur échantillon – au lieu des milliers d’années annoncés. À l’état naturel, il faut une demi-tonne de CO2 pour produire une tonne de magnésite.

Un nouveau catalyseur

En chimie, un catalyseur est une substance qui accélère un processus. Les scientifiques ont donc fini par trouver le bon catalyseur dans le processus de création de la magnésite.

Leur secret ? Des microsphères en polystyrène. Ian Power a expliqué ceci : « Utiliser des microsphères signifie que nous avons pu accélérer la formation de magnésite par des ordres de grandeur. »

Les scientifiques ont précisé que le catalyseur est réutilisable, même si cette voie reste encore à explorer convenablement.

Est-ce vraiment une solution viable ?

Ian Power critique lui-même sa trouvaille :

« Pour l’instant, nous reconnaissons qu’il s’agit d’un processus expérimental et qu’il faudra le développer avant de pouvoir être sûr que la magnésite peut être utilisée dans la séquestration du carbone. Plusieurs variables entrent en compte, notamment le prix du carbone et le raffinement de la technologie de séquestration, mais nous savons maintenant que la science le rend réalisable. »

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Dolomite et magnésite. Localité : Carrière Azcárate, Eugui, Esteribar, Navarre, Espagne. Crédits : Didier Descouens/Wikipédia Commons FIles

Mais cela n’a pas suffi pour décourager ses consorts :

« Il est vraiment intéressant que ce groupe ait mis au point le mécanisme de la cristallisation naturelle de la magnésite à basse température. Le potentiel d’accélération du processus est également important, offrant potentiellement une voie géniale et relativement peu coûteuse au stockage du carbone, et peut-être même l’élimination directe du CO2 de l’air », a déclaré le professeur Peter Kelemen de l’observatoire Lamont Doherty Earth de l’Université de Columbia (New York).

Ainsi, il ne faut pas se reposer sur cette solution pour polluer autant que l’on veut. Cela resterait de toute façon une voie de garage, qui est là pour lutter contre le réchauffement climatique. Tous les problèmes de surconsommation des ressources naturelles restent inchangés.

Sources : SciencePostConférence Goldschmidt 2018Phys.org – Image d’en-tête : Didier Descouens / Wikipédia Commons Files


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