La Chine est sur le point de tester son réacteur nucléaire alimenté au thorium


Le réacteur expérimental pourrait permettre à la Chine de se rapprocher de ses objectifs en matière d’énergie verte.

Un réacteur nucléaire expérimental en Chine fait des vagues.

Alimenté par du thorium, le réacteur nucléaire chinois est sur le point de commencer ses essais. Bien que cet élément radioactif ait déjà fait l’objet d’essais dans des réacteurs, de nombreux scientifiques et experts de l’industrie s’accordent à dire que, selon un rapport de la revue Nature, cette expérience pourrait faire de la Chine le premier pays à être à deux doigts de développer cette technologie à l’échelle commerciale.

Si cela fonctionne, il s’agirait d’une étape importante pour la communauté internationale, qui cherche à créer des alternatives plus sûres et plus efficaces aux formes conventionnelles d’énergie nucléaire.

Nous devons commencer à étudier le thorium dès maintenant

Le nouveau réacteur n’est pas conventionnel car il fait circuler des sels fondus à l’intérieur, et non de l’eau. Il pourrait produire de l’énergie nucléaire à des coûts relativement abordables, sans sacrifier la sécurité. Et, surtout, le réacteur alimenté au thorium pourrait générer des quantités de déchets radioactifs beaucoup plus faibles que les réacteurs traditionnels, ce qui pourrait permettre de lever les objections de longue date à l’égard de l’énergie nucléaire. Selon le gouvernement de la province de Gansu, la construction du réacteur expérimental au thorium basé à Wuwei, près de la frontière du désert de Gobi, devait s’achever en août et les essais devaient commencer ce mois-ci, rapporte Nature.

Le thorium est un métal argenté faiblement radioactif que l’on trouve à l’état naturel dans les roches et qui n’est actuellement pas utilisé dans l’industrie moderne. Il s’agit également d’un déchet de l’exploitation des terres rares en Chine, ce qui signifie qu’il pourrait constituer une alternative viable à l’uranium, un élément que le pays doit importer à grands frais. “Le thorium est beaucoup plus abondant que l’uranium et ce serait donc une technologie très utile dans 50 ou 100 ans”, lorsque les réserves mondiales d’uranium commenceront à diminuer, explique dans le rapport l’ingénieur nucléaire Lyndon Edwards de l’Australian Nuclear Science and Technology Organization, basée à Sydney. Mais comme il pourrait s’écouler des décennies avant que la technologie ne soit totalement au point, il n’y a pas de temps à perdre et nous devons commencer le développement dès maintenant, a-t-il ajouté.

Représentation d’un réacteur nucléaire à sels fondus. Source : Département américain de l’énergie / Agence internationale de l’énergie atomique

Le thorium ne peut pas subir de fission par lui-même

La Chine a lancé son projet de réacteur à sels fondus en 2011, investissant environ 500 millions de dollars dans le programme, selon l’ancien président Ritsuo Yoshioka du Forum international sur les sels fondus de thorium à Oiso, au Japon, qui a beaucoup travaillé avec des chercheurs chinois. L’Institut de physique appliquée de Shanghai (SINAP) exploite le réacteur de Wuwei, qui a été construit pour générer seulement 2 mégawatts d’énergie thermique. Pour mémoire, cette quantité ne pourrait alimenter qu’un maximum de 1 000 foyers (d’où la raison pour laquelle il s’agit d’un test). Mais si l’expérience s’avère concluante, la Chine a pour objectif de construire un autre réacteur de 373 mégawatts d’ici 2030. À ce niveau de puissance, un réacteur nucléaire au thorium pourrait alimenter des centaines de milliers de foyers.

Selon Jiang Kejun, modélisateur énergétique à l’Institut de recherche sur l’énergie de la Commission nationale du développement et de la réforme de Pékin, ces réacteurs hautement efficaces et respectueux du climat font partie des “technologies parfaites” capables de rapprocher la Chine de son objectif “zéro carbone”, fixé pour 2050, selon le rapport de Nature. Le thorium-232, isotope naturel, ne peut pas subir de fission, mais il peut absorber des neutrons pour former de l’uranium-233 lorsqu’il est irradié, ce dernier pouvant subir une fission et générer de la chaleur.

À l’heure actuelle, le thorium a été testé comme combustible nucléaire potentiel dans d’autres réacteurs en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il fait également déjà partie du programme nucléaire de l’Inde, bien que le coût de son extraction se soit révélé inefficace par rapport à l’uranium dans ce pays, d’autant plus que le thorium doit être converti pour fonctionner comme matière fissile. Mais, si le réacteur au thorium de la Chine s’avère efficace, il pourrait constituer une étape importante sur la voie du développement d’une énergie nucléaire à l’échelle commerciale basée sur cet élément.

Lire aussi : Les physiciens viennent de faire une percée majeure dans le développement des réacteurs à fusion

Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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