La technologie a tué l’ennui, et cela a un prix


Enfin une étude au sujet de l’ennui, totalement masqué par l’arrivée de nos smartphones, télés, écouteurs et ordinateurs.

© Unsplash / Joshua Rawson-Harris

Ce ne sont que des pistes. Des pistes qui devront, désormais, faire l’objet de travaux plus approfondis. Ce constat, il provient directement des chercheurs des universités de Bath et Trinity, qui se sont penchés sur la question du rapport à l’ennui dans un monde où la technologie et son apport en divertissement est partout. Au fil du temps, les avancées technologiques nous ont permis d’emporter des objets de plus en plus pratiques, discrets et légers à transporter, nous donnant l’accès à une source illimitée de contenus à regarder sur notre temps libre.

Le problème est que le contenu comme les technologies se sont tellement optimisés que pour un temps mort de dix secondes à peine, il est toujours possible de trouver quelque chose de bon à faire sur son smartphone. Les années sont passées, une pandémie est passée par là, et les contenus sont devenus de plus en plus courts, les plateformes de plus en plus étudiées pour devenir notre seule et unique source de dopamine, et l’ennui a totalement disparu.

Un petit quart d’heure de calme, avant de s’endormir le soir, et il est aujourd’hui possible de le combler par un podcast. Un feu rouge, en voiture comme à pied, et il est toujours possible de regarder un TikTok, répondre à un Snap, prendre son BeReal du jour. Les films sont devenus trop longs. Les séries ont privilégié les épisodes de moins de 30 minutes. Toute une mouvance pour déboucher sur un point : le divertissement peut se greffer partout et tout le temps. Notre main peut saisir notre téléphone par habitude, sans même plus chercher à savoir pourquoi nous trouvons l’utilité de déverrouiller notre écran.

Ennui superficiel vs ennui profond

Revenons-en aux travaux des universités de Bath et de Trinity, en Angleterre et au Canada (Toronto), qui ont travaillé conjointement pour étudier le véritable problème dans l’utilisation des technologies et l’accès au divertissement qui brise l’ennui.

Selon les chercheurs, comme l’explique notre confrère Antoine Gautherie de Journal du Geek, la mort de notre ennui a réduit à néant un besoin de taille chez l’être humain à savoir l’imagination, la créativité et la construction de soi. L’ennui peut aussi, grâce aux moments de pause, marquer d’un blanc les moments dans la journée, dans la semaine, voire dans le mois, et éviter une fatigue mentale accélérée, l’anxiété, le stresse. Sans ces pauses, et sans cet ennui, il serait aussi plus facile de divaguer et plus compliqué de trouver de nouvelles passions et vivre de nouvelles expériences.

Le revers de médaille se trouverait dans l’ennui le plus profond, lorsque par exemple durant la pandémie certains se sont retrouvés avec une quantité de temps débordante. Cet ennui a des effets néfastes. Journal du Geek rappelait ainsi que d’après le philosophe Martin Heidegger, l’ennui profond aurait pour conséquence d’augmenter l’indifférence et l’apathie.

Le travail des chercheurs avec la technologie a donc été de cibler précisément de quel ennui les technologies entraînaient la mort. Face à l’ennui profond, il y aurait l’ennui superficiel, une sorte d’antichambre à l’ennui profond. C’est lui qui se présenterait comme indispensable, tant à la fois pour les petits temps morts dans nos journées, qui nous permettent de rythmer le temps et nous satisfaire des moments intenses, mais aussi pour l’accès, de temps à autre, à des ennuis plus profonds pour pouvoir véritablement se reposer, revenir avec de nouvelles idées, changer et développer son imagination.

C’est ainsi que cette première étude anglo-canadienne vise à ouvrir les consciences pour que d’amples travaux soient réalisés à l’avenir en prévention d’un déploiement encore plus global des technologies. “La pandémie a été une expérience tragique, destructive pour des tas de gens, surtout chez les moins fortunés. Mais nous avons aussi tous entendu des histoires de personnes confinées qui ont trouvé de nouveaux hobbies, de nouvelles carrières, ou même de nouveaux objectifs dans la vie”, expliquait ainsi Timothy Hill, sociologue à l’Université de Bath et co-auteur de ces travaux. Vous l’avez compris : pour ces fêtes de fin d’année, n’oubliez pas de vous ennuyer.

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Source : Presse-citron


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