Un nouveau rapport montre que les réformes en Arabie saoudite sont du baratin, mais il ne faut pas s’attendre à ce que les médias s’y intéressent


L’Arabie saoudite continue d’empiéter sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales à un rythme alarmant.

Selon un nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW), l’Arabie saoudite continue d’empiéter à un rythme inquiétant sur les libertés et les droits humains fondamentaux.

Le rapport note que les militants, les religieux et les dissidents politiques continuent d’être détenus arbitrairement. Le rapport fait également état d’arrestations massives de militantes des droits des femmes, dont beaucoup ont été victimes d’abus sexuels et de tortures avec des coups de fouet et des chocs électriques.

Parmi les personnes toujours détenues sans inculpation, procès ou toute procédure judiciaire, figurent des membres de la famille royale saoudienne et de riches magnats de la construction, arrêtés lors de la répression dite anti-corruption de 2017.

L’Arabie saoudite a fait la une des journaux il n’y a pas si longtemps après avoir annoncé un ensemble de réformes sociales, dont l’autorisation pour les femmes de conduire et de demander un passeport pour quitter le pays sans la permission d’un tuteur homme. Ces réformes ont été largement célébrées en Occident, mais comme l’explique même le rapport de HRW, les récentes réformes ne donnent pas une image complète de ce qui se passe dans le royaume saoudien.

En dépit d’un rapport de l’ONU publié en juin, qui attribuait la responsabilité de l’assassinat brutal du journaliste Jamal Khashoggi au prince héritier Mohammed Bin Salman (MBS) et à d’autres hauts responsables saoudiens, ce nouveau rapport de HRW a à peine fait les gros titres des médias.

Pourquoi est-ce possible ?

Mohammed bin Salman est “le nouveau jeune prince héritier qui remodèle l’Arabie saoudite”, a annoncé Reuters. “L’Amérique devrait soutenir le prince héritier révolutionnaire de l’Arabie saoudite”, a affirmé le Washington Post. “Le modèle d’un réformateur saoudien”, décrit le Wall Street Journal (WSJ). “Le sprint arabe de l’Arabie saoudite, enfin”, a célébré Thomas Friedman dans le New York Times en 2017. “Mohammed bin Salman : Le grand jeune réformateur saoudien pourrait avoir du mal à contrôler les forces qu’il a libérées”, a écrit l’Independent. “Le prince saoudien Mohammed bin Salman : Un réformateur difficile à lire”, explique le journal allemand DW.

La liste s’allonge encore et encore, et il convient de noter que cet éloge semble provenir des médias dits “libéraux”.

Si le fait de vénérer les criminels de guerre et les auteurs de violations flagrantes des droits de l’homme fait de vous un libéral, alors peut-être devrions-nous redéfinir ce qu’est un libéral en premier lieu. Et Donald Trump n’a-t-il pas déjà accusé l’Arabie saoudite d’avoir commis les attentats du 11 septembre ? Comment Trump est-il passé d’une attaque verbale contre l’Arabie saoudite à devenir l’un de ses plus proches alliés ?

Que ce pays riche en pétrole commette des attentats au Yémen, contre son propre peuple ou aux États-Unis eux-mêmes, le Royaume saoudien semble s’en tirer avec le moins de critiques médiatiques possible.

La seule exception à cette règle est un collaborateur du Washington Post qui a été sauvagement assassiné dans un consulat saoudien en Turquie. Mais même dans ce cas, et même avec la quantité de preuves reliant MBS à l’assassinat, il semble que le Royaume n’en ressentira aucune répercussion concrète.

En fait, lorsque le Guardian a rendu compte pour la première fois des tristement célèbres arrestations anticorruption de 2017, l’auteur du Guardian a écrit dans un article intitulé “Les arrestations saoudiennes montrent que le prince héritier est un preneur de risques avec un zèle pour la réforme” :

“Les dirigeants de l’Arabie saoudite ont réussi à consolider le pouvoir autour de leur jeune prince héritier, Mohammed bin Salman, et ont arrêté 11 grands princes, l’un des hommes les plus riches du pays et de nombreux anciens ministres dans le cadre d’une ‘purge de la corruption’.”

Ces arrestations, célébrées par les médias, sont les mêmes que celles actuellement critiquées par HRW comme étant arbitraires.

Dans le même ordre d’idées, on peut probablement s’attendre à ce que les figures de proue les plus importantes n’aient pas fait grand-chose pour repousser sérieusement le Royaume saoudien. La seule chose dont nous pouvons être sûrs, c’est que tout ce qu’il faudra pour forcer les États-Unis à se retourner enfin contre le prince héritier saoudien n’aura rien à voir avec les préoccupations relatives aux droits de l’homme.

Lire aussi : Exécutions en Arabie saoudite : 36 décapitations, un crucifiement et un cadavre exposé en public

Source : The Mind Unleashed – Traduit par Anguille sous roche


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