Rencontre avec le poisson qui a des mains sur lesquelles il marche


Ocean Art 2022 nous rappelle que la mer est un endroit vraiment particulier.

“Si vous n’avez jamais vu de poisson-main, imaginez que vous trempez un crapaud dans de la peinture aux couleurs vives, que vous lui racontez une histoire triste et que vous le forcez à porter des gants deux tailles trop grandes” – The Handfish Conservation Project. Crédit image : Nicolas Remy, première place Cold Water, Ocean Art 2022

Un poisson avec des mains sur lesquelles il aime se promener a récemment remporté la première place dans la catégorie “eaux froides” d’Ocean Art 2022. Photographié par Nicolas Remy, le poisson-main tacheté (Brachionichthys hirsutus) n’a en fait pas de mains proprement dites mais des nageoires pectorales modifiées qu’il utilise pour marcher sur le fond marin.

Le poisson-main tacheté est gravement menacé d’extinction. Il ne resterait que 3 000 individus à l’état sauvage. Il a donc fallu à Remy une plongée marathon de neuf heures pour en trouver un à Hobart, en Tasmanie, dans la Derwent River. Remy a ciblé l’endroit spécifiquement à la recherche d’un poisson-main tacheté, car il s’agit d’un lieu connu pour l’espèce, mais avec seulement deux mètres de visibilité, la tâche n’a jamais été facile.

La dérive dans l’obscurité limoneuse a fini par payer, et grâce à un kit d’éclairage astucieux, Rémy a pu capturer ce superbe cliché du célèbre “poisson aux mains”. C’est une espèce qui a sa place en Tasmanie, aux côtés des échidnés et des ornithorynques, parmi les animaux sauvages les plus étranges du monde.

Ces nageoires pectorales sont faites pour marcher, et c’est à peu près ce qu’elles font. Crédit photo : Matty Testoni via iNaturalist, CC BY-NC 4.0

Le poisson-main tacheté est un type de baudroie que l’on ne trouve que dans une partie de la côte du sud-est de l’Australie et de la Tasmanie. Ils se nourrissent de crustacés, de vers et de coquillages et utilisent leurs voisins, comme les ascidies et les éponges, comme un mât sur lequel ils accrochent leurs œufs.

Cette solution de nidification unique ne s’est malheureusement pas avérée efficace face à l’invasion de seastars du Pacifique Nord (Asterias amurensis) qui prédatent les ascidies pédonculées et les œufs de poisson-main tacheté dont elles sont recouvertes. On pense que c’est l’une des principales causes de leur statut d’espèce en danger critique d’extinction, selon la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

L’histoire nous dit que cela pourrait être une très mauvaise nouvelle pour le poisson à main tacheté, car son cousin le poisson à main lisse (Sympterichthys unipennis) est devenu la première espèce de poisson marin à être considérée comme une “extinction moderne”. Un hommage approprié à l’espèce a été rendu par le Handfish Conservation Project qui a donné une description artistique de son apparence :

“Si vous n’avez jamais vu de poisson-main, imaginez que vous trempez un crapaud dans de la peinture aux couleurs vives, que vous lui racontez une histoire triste et que vous le forcez à porter des gants deux tailles trop grandes.”

L’observation de poissons-mains est donc une nouvelle passionnante pour les défenseurs de l’environnement, et des observations comme celle de Rémy montrent à quel point ces animaux sont bizarres, et à quel point il serait dommage de les perdre.

Heureusement, une population ambassadrice de poissons-mains tachetés a récemment été élevée en captivité pour la première fois, alors croisons les doigts pour que nous puissions inverser la tendance à froncer les sourcils de ces clowns grincheux et assurer un avenir plus brillant et plus abondant à l’espèce.

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Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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