La cryptomonnaie Libra de Facebook pourrait voir le jour dès janvier 2021 et sera adossée au dollar dans un premier temps


Des déclinaisons en euro, yen ou livre sterling pourraient suivre.

C’est en juin 2019 que Facebook a lancé officiellement Libra, une cryptomonnaie censée permettre d’acheter des biens ou d’envoyer de l’argent aussi facilement qu’un message instantané.

En s’attaquant au domaine des cryptomonnaies, Facebook s’est lancé un défi de taille, tant il fait lui-même l’objet d’une grave crise de confiance après une série de scandales autour de sa gestion des données personnelles.

Dans les prévisions de Facebook, Libra devait offrir à partir du premier semestre 2020 un nouveau moyen de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels : le numéro un des réseaux sociaux y voyait la pierre angulaire d’un tout nouvel écosystème financier sans la barrière des différentes devises. Les responsables du projet ont expliqué que les usagers disposeront sur leur smartphone d’un porte-monnaie numérique pour faire leurs achats, envoyer ou recevoir de l’argent. À cet effet, comme Alphabet, Facebook a décidé d’ouvrir Calibra, une filiale chargée de s’occuper de fournir les différents services financiers autour de Libra. C’est cette filiale qui a donné son nom au porte-monnaie numérique.

Libra est donc un projet de cryptomonnaie et de monnaie virtuelle initié par Facebook que rejoint, à l’origine, un consortium de vingt-huit grandes entreprises et ONG. Il est convenu que la monnaie sera gérée par la Libra Association, une fondation sans but lucratif dont Facebook ne sera qu’une des organisations cofondatrices.

La Libra Association est une association indépendante à but non lucratif composée au départ de 28 membres et basée à Genève, en Suisse. Elle supervisera les décisions majeures concernant la cryptomonnaie. Les membres fondateurs incluent Mastercard Inc (MA.N), Visa Inc (VN), Spotify Technology SA (SPOT.N), PayPal Holdings Inc (PYPL.O), eBay Inc (EBAY.O), Uber Technologies Inc (UBER.N). et Vodafone Group Plc (VOD.L), ainsi que les sociétés de capital-risque Andreessen Horowitz et Thrive Capital. Il faut investir au minimum 10 millions de dollars, à l’exception des membres à but non lucratif tels que le groupe d’inclusion financière Kiva. L’association vise à avoir 100 membres par lancement. Chacun aura un vote sur des questions importantes. Facebook sera membre via Calibra, une filiale nouvellement créée qui offrira un portefeuille numérique pour Libra.

Libra était présentée comme une cryptomonnaie libérée des États, des banques centrales et du système financier traditionnel. Une monnaie universelle et décentralisée, portée par le plus grand réseau social au monde, soutenue par de grands acteurs du paiement (PayPal, Visa, MasterCard…), accessible — aussi — à ceux qui n’ont pas accès aux banques. Rapidement, libra s’est donc trouvée dans le viseur des régulateurs, exigeant des garanties sur la provenance des fonds, la stabilité financière ou la protection des données personnelles.

En Europe comme aux États-Unis, les élus ont indiqué clairement leur méfiance. En France, le ministre des Finances a déclaré : « Que Facebook crée un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, que ça devienne une monnaie souveraine, il ne peut pas en être question. » Les cryptomonnaies posent des risques pour les consommateurs, la stabilité financière et même « la souveraineté monétaire » des États européens, ont déclaré le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et son homologue allemand, Olaf Scholz, dans un communiqué conjoint publié lors d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Helsinki.

« La France et l’Allemagne considèrent que le projet Libra, tel que défini dans le plan directeur de Facebook, ne parvient pas à convaincre que ces risques seront correctement traités », ont-ils déclaré.

Aux États-Unis, les démocrates ont proposé le projet de loi « Keep Big Tech Out of Finance Act » (ou règlement pour tenir les géants de la Tech à l’écart de la finance), qui interdirait explicitement aux grandes entreprises d’Internet de fonctionner comme des institutions bancaires ou d’émettre des monnaies numériques. Cette proposition de loi cible directement le projet Libra de Facebook.

Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des États-Unis (FED), est monté aux créneaux la semaine dernière et a appelé Facebook à suspendre le projet Libra jusqu’à ce que les inquiétudes des régulateurs du marché financier soient complètement dissipées. D’après ce dernier, « Libra soulève de nombreuses et sérieuses préoccupations en ce qui concerne la protection de la vie privée, le blanchiment d’argent, la protection des consommateurs et la stabilité financière » et ces inquiétudes doivent être traitées « en profondeur et publiquement avant d’aller de l’avant ».

En juillet 2019, Donald Trump s’était clairement positionné comme opposant au projet Libra et plus généralement à la crytomonnaie (Bitcoin, Ethereum et autres). « Si Facebook et d’autres entreprises veulent devenir une banque, elles doivent rechercher une nouvelle charte bancaire et être soumises à toutes les réglementations bancaires, à l’instar des autres banques, nationales et internationales », a écrit Trump sur Twitter. « Je ne suis pas un fan du bitcoin et d’autres cryptomonnaies, qui ne sont pas de l’argent, et dont la valeur est très volatile et basée sur de l’air », a-t-il ajouté.

Des exemples d’éléments qui ont provoqué un rétropédalage des sociétés de paiement comme MasterCard, Visa et Stripe. Une succession d’évènements qui ont contraint Facebook a ralentir son processus de lancement. Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, a déclaré durant une audience devant le Congrès que Facebook ne lancera pas de cryptomonnaie tant que les régulateurs américains n’auront pas donné leur approbation.

Un lancement prévu pour janvier 2021

Ce vendredi 27 novembre, le Financial Times a rapporté que la cryptomonnaie de Facebook devrait être lancée en janvier 2021, mais dans une version limitée pour commencer (elle ne devrait donc être accepté que par un nombre restreint de partenaires parmi lesquels Uber et Spotify en tant que membre de l’association). Ce sera une stablecoin adossée au dollar (1 Libra dollar vaudra 1 dollar). Il ne manquerait plus, en réalité, que l’accord de la Swiss Financial Market Supervisory Authority (le siège de la Libra Association étant installé à Genève), pour que la cryptomonnaie puisse être opérationnelle.

Le groupe américain veut lancer ensuite les autres déclinaisons de sa monnaie adossées aux grandes monnaies comme l’euro, yen ou livre sterling. Il couvrira ainsi tous les grands marchés. Il avait renoncé à son projet initial ambitieux d’avoir une seule crypto adossée à un panier de devises (euro, dollar, yen…).

Lire aussi : E-euro, vers une nouvelle cryptomonnaie à l’échelle européenne ?

Source : Developpez


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