Un lac argentin est devenu rose à cause de la pollution


Les habitants disent que les responsables gouvernementaux “sont ceux qui autorisent l’empoisonnement des gens”.

Un lac teinté de rose en Australie occidentale. Aussie Oc / Wikimedia

On dit que le vert est la couleur de la cupidité. La pollution est peut-être rose.

Selon un premier rapport de l’Agence France-Presse, une lagune située dans la région de Patagonie, dans le sud de l’Argentine, est devenue rose vif à cause de la pollution, un phénomène effrayant que les militants et les experts locaux ont lié à un produit chimique utilisé pour conserver les crevettes destinées à l’exportation.

Et ça sent vraiment mauvais.

Cela s’est déjà produit auparavant

La couleur provient du sulfite de sodium, un produit antibactérien employé par les usines de poisson qui crée un déchet lié à la contamination de l’eau de la rivière Chubut voisine, qui se jette dans la lagune de Corfo, en plus d’autres sources d’eau dans la région, ont déclaré les militants, selon le rapport de l’AFP. Les résidents locaux se plaignent depuis longtemps d’arômes nauséabonds et d’autres problèmes liés à l’écosystème autour de la lagune et de la rivière. “Ceux qui devraient être aux commandes sont ceux qui autorisent l’empoisonnement des gens”, a déclaré à l’AFP Pablo Lada, un militant écologiste, déclarant que le gouvernement est à blâmer pour le ruissellement de la pollution.

La lagune a pris une teinte rose la semaine dernière et avait conservé une couleur inhabituelle jusqu’à dimanche, a déclaré Lada, un résident de Trelew, qui est une ville proche de la lagune, et environ 1.400 km de Buenos Aires. Federico Restrepo a déclaré à l’AFP que le changement de couleur était dû à la présence de sulfite de sodium dans les déchets de poisson, qui sont censés être traités avant d’être déversés, selon la loi locale. La lagune n’était pas utilisée pour les loisirs, et c’est là que s’écoulent les eaux de ruissellement du parc industriel de Trelew. Le plus remarquable, c’est qu’il a déjà pris la même couleur fuchsia.

Les responsables locaux affirment que le lagon rose oppose les moyens de subsistance aux profits des entreprises

Cependant, les habitants estiment que cette fois-ci, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Au cours des dernières semaines, les habitants de Rawson, qui sont proches de Trelew, ont bloqué les routes que les camions empruntent pour transporter les déchets de poisson transformés dans leurs rues et les acheminer vers les usines de traitement situées à la périphérie de la ville. “Nous recevons des dizaines de camions par jour, les habitants commencent à en avoir assez”, a déclaré Lada à l’AFP. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les protestations n’ont plus lieu d’être à Rawson, les autorités provinciales autorisant les usines à déverser leurs déchets dans la lagune de Corfo. “La couleur rougeâtre ne cause pas de dommages et disparaîtra dans quelques jours”, a déclaré à l’AFP Juan Micheloud, le chef du contrôle environnemental de la province de Chubut.

En revanche, le secrétaire à la planification de la ville de Trelew rompt totalement avec Micheloud, déclarant à l’AFP : “Il n’est pas possible de minimiser quelque chose d’aussi grave.” Pendant ce temps, les usines qui transforment le poisson, notamment le merlu et les crevettes, fournissent des milliers d’emplois dans la province de Chubut, où vivent environ 600 000 personnes. En outre, des dizaines d’entreprises de pêche étrangères travaillent dans la même région et dans les mêmes eaux, qui relèvent de la juridiction atlantique de l’Argentine. “La transformation du poisson génère du travail… c’est vrai”, a déclaré Lada. “Mais ce sont des entreprises qui font des profits de plusieurs millions de dollars et qui ne veulent pas payer le fret pour amener les déchets à une usine de traitement qui existe déjà à Puerto Madryn, à 56 km de là, ou construire une usine plus proche.” Que la décoloration de la lagune d’Argentine signale ou non une menace sérieuse pour l’écosystème local, il reste poignant de suggérer que les résidents locaux d’un environnement naturel, et non les entreprises pour lesquelles ils travaillent, devraient avoir le dernier mot sur ce qui doit et ne doit pas être déversé dans les masses d’eau.

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Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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