Les photos que l’on peut montrer, les photos que l’on doit cacher


En septembre 2015, la photo du jeune Alan Kurdi mort échoué sur une plage turque a fait le tour de la terre. De très nombreux l’ont reprise, ce qui a provoqué une sidération par l’émotion dans l’opinion publique.

Comme nous le soulignions dans un article publié en avril, tel était bien le but recherché par le photographe qui a pris la photo. Cette stupeur et l’empathie que la photo n’ont pas manqué de provoquer ont permis d’organiser des mouvements de population extra-européenne considérables, au plus fort de la crise des migrants, la réticence de l’opinion publique ayant été émoussée sous le coup de la sidération.

L’actualité nous apporte de nouveaux exemples que le choix des photos diffusées ou interdites dans les médias, sociaux ou d’information, n’est jamais neutre.

Les photos que vous ne verrez jamais

Le 29 octobre, un islamiste récemment arrivé clandestinement en France a assassiné au couteau 3 personnes dans une basilique à Nice. Au meurtre sanglant, s’ajoutent un mode opératoire particulièrement cruel et la charge symbolique de commettre cet acte dans un lieu de culte.

Nous mettons-nous à nous habituer à l’inacceptable, à la barbarie ? Un récent sondage de l’IFOP vient de mettre en avant le fait que la peur du terrorisme faiblit dans l’opinion publique. Dans quelle mesure cette accoutumance est-elle due à des médias qui accordent de moins en moins d’importance à des actes cruels, inacceptables et dont les causes doivent être identifiées pour mieux les combattre ?

Comme le souligne Pierre Sautarel sur Twitter :

Ce début d’anesthésie émotionnelle n’est-il pas dû également au fait que les images de ces meurtres de sang-froid sont systématiquement occultées dans les médias de grand chemin ? Avez-vous vu les charniers laissés par les islamistes après les carnages sur la promenade des Anglais ou au Bataclan ? Non. Il semble y avoir un tabou à représenter la mort si elle risque de susciter la colère. Une colère qui peut pourtant être saine si elle est canalisée dans la recherche de solutions véritablement efficaces dans un cadre juridique donné.

Un internaute a fait récemment la cruelle expérience des tabous dans la société française. Après avoir publié sur un site internet une photo d’une victime de l’attentat commis à la basilique niçoise, il a été placé en garde à vue dans les locaux de la brigade de répression de la délinquance contre la personne, selon le parquet cité par Actu19. Le site d’information sur la délinquance apporte quelques précisions à ce sujet :

« Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour “diffusion de message à caractère violent”, après qu’une photo d’une victime de l’attentat de la Basilique de Nice, a été publiée sur le site internet Jeuxvideos.com. »

On reste muet devant la célérité des autorités à engager une procédure pour une photo, fusse-t-elle choquante.

La photo que vous n’auriez pas dû voir

Après l’attentat commis par un islamiste tunisien le 29 octobre à Nice, des journalistes sont allés à la rencontre de la famille du terroriste. Les chaines de télévision ont abondamment relayé des images de la mère de ce dernier en pleurs. Pour Nice-Matin il n’y a aucun doute : « la famille du principal suspect (est) sous le choc ».

Le journal illustre son article par une photo de la famille endeuillée du terroriste. On se dit que l’acte meurtrier de l’islamiste est un acte isolé, qui n’a pas le soutien de ses proches.

Damien Rieu fait part sur Twitter d’un détail sur la photo de la famille éplorée qui ne peut manquer de surprendre : un plaisantin ( ?) au visage caché qui fait le V de la victoire en arrière-plan.

L’histoire ne dit pas si les journalistes sont allés interviewer cette personne et lui ont demandé si son geste venait saluer l’honneur du prophète censément sali…

Ne cherchez plus la photo d’ensemble sur le site de Nice-Matin, elle a été rapidement remplacée par la photo de la mère éplorée du terroriste en gros plan…

Résumons. Il y a des photos de morts que l’on peut montrer, d’autres que l’on doit soigneusement cacher, et parfois des détails qui vont à l’encontre du but recherché… On peut néanmoins s’interroger sur ces tabous à géométrie variable imposés dans le médias de grand chemin. À l’inverse, on peut aussi cesser de s’interroger…

Lire aussi : France : Mort de la liberté d’expression

Source : Ojim.fr


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1 réponse

  1. Max Planc dit :

    Il y a le politiquement correct mais il y a aussi le journalistiquement correct.
    En fonction des victimes les photos sont choisies pour ne pas attiser la haine, le sectarisme ou le racisme, il y en a déjà bien assez en France.
    On peut dire qu’il y a désormais une forme d’autocensure au sein de la classe médiatique.

    Max

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