Les GAFAM et le contrôle des câbles sous-marins


Devinette : quelle longueur représentent les presque cinq cents câbles sous-marins par lesquels transite l’essentiel du trafic internet ? Réponse : plus de 1,3 millions de kilomètres. Auxquels les GAFAM s’intéressent furieusement.

99% des données numériques passent par le câble sous-marin

Ou plutôt les câbles sous-marins, le site spécialisé TeleGeography en dénombre 486, contre moins de la moitié en 2009. Les premiers câbles ont été posés au XIXème siècle entre l’Europe et le continent américain à la suite du développement du télégraphe. Depuis 1988 les câbles classiques en cuivre sont remplacés par de la fibre optique. Les enjeux géopolitiques sont évidents, sans câble plus de communication possible, et la Chine et les Etats-Unis s’affrontent ouvertement via leurs opérateurs.

Nouveaux opérateurs

Traditionnellement les grands opérateurs téléphoniques étaient les opérateurs des câbles sous-marins. Liés à la téléphonie, ils les fabriquaient, les posaient, les entretenaient, les surveillaient et souvent les exploitaient. Ces opérateurs tels Alcatel Submarine Networks, Louis Dreyfus Travocean, Orange Marine, Telefonica, sont devenus minoritaires ou réduits au rang d’associés. Depuis une quinzaine d’années les entreprises de la silicone vallée y ont investi massivement, répondant à leurs besoins croissants de transferts de données, à l’atteinte de nouveaux marchés dans les pays du tiers-monde et permettant également un contrôle de l’information. Ils posent ouvertement un défi à la souveraineté numérique des Etats.

Le coût d’un câble entre Europe et les Etats-Unis est estimé à environ 300M$, une paille pour Alphabet (Google) ou Meta (Facebook), Microsoft ou Amazon dont les bénéfices se comptent en dizaines de milliards de dollars. La possession – en exclusivité ou en partenariat – permet aussi de décider quel type de données y transitera en priorité et même d’analyser en temps réel les flux sur le plan quantitatif ou qualitatif.

Les nouveaux câbles des GAFAM (exclusif ou en association)

Le tableau ci-dessous est indicatif à fin 2022, de nouveaux chantiers s’ouvrent chaque année.

Alphabet 21
Meta 16
Microsoft 6
Amazon 5

Soit un peu moins de 50 câbles représentant un investissement cumulé de 15 milliards de dollars.

La majorité de ces câbles sont en association, mais la tendance récente va vers les GAFAM comme propriétaires exclusifs ou comme chefs de file, les entreprises traditionnelles se contentant de devenir prestataires pour la fabrication et la pose des câbles. Ainsi Meta est-il l’opérateur de 2Africa, le plus grand réseau entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, en association avec Orange et Vodafone, ces derniers en position seconde.

La géopolitique est omniprésente dans le domaine. L’opérateur chinois Hengtong (qui a intégré l’activité câbles de Huawei) est exclu de tout marché vers ou à partir du continent nord-américain. Les fabricants (Alcaltel, le japonais NEC) sont réduits à la portion congrue, ils fabriquent avec de faibles marges et posent puis laissent la place, généralement aux américains. Et l’Europe direz-vous ? Merci de la question, l’U.E. lance un plan d’envergure mais pour plus tard, la souveraineté numérique n’est pas pour demain.

Lire aussi : Le câble sous-marin de Facebook deviendra le plus long du monde avec 37 000 km

Source : OJIM


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