L’ensemencement des nuages a-t-il noyé Dubaï ? Voici le scoop sur la pluie artificielle des Émirats arabes unis


Dubaï a procédé à des exercices d’ensemencement des nuages pendant deux jours consécutifs avant les inondations. A-t-on dépassé les bornes ?

La ville de Dubaï est paralysée après les pluies torrentielles qui ont touché la région en 24 heures, soit la totalité des précipitations de l’année.

Les écoles ont été fermées et les employés ont été invités à travailler chez eux après l’inondation des parkings souterrains. Les services de métro ont également été interrompus après deux jours d’averses. L’aéroport international de Dubaï, l’un des plus fréquentés au monde, est confronté à d’importantes perturbations, les vols étant détournés ou retardés de plusieurs heures.

Les dégâts ne se limitent pas à la ville. Les routes de la capitale, Abu Dhabi, ont également été inondées, tandis qu’un homme de 70 ans a perdu la vie lorsque son véhicule a été pris dans les crues soudaines à Ras Al Khaimah.

Dans le pays voisin d’Oman, 19 personnes, dont des écoliers, sont mortes après des jours de pluies consécutives qui ont inondé des communautés, ont rapporté les médias locaux.

Déclenchées par l’ensemencement des nuages ?

De nombreux médias ont attribué les inondations aux activités d’ensemencement des nuages auxquelles Dubaï se livre régulièrement pour répondre à ses besoins en eau douce.

Dans le cadre de cette approche, des avions sont utilisés pour introduire des produits chimiques et de petites particules, telles que des sels de chlorure de potassium, dans les nuages de pluie afin d’augmenter les précipitations.

Selon Ahmed Habib, météorologue spécialisé au Centre national de météorologie (NCM), l’État a procédé à l’ensemencement des nuages les jours précédant les pluies. Des avions ont été envoyés de l’aéroport d’Al Ain lundi et mardi pour ensemencer les nuages convectifs qui s’étaient formés au-dessus de la région, a rapporté Bloomberg.

Depuis la publication de cette nouvelle, les utilisateurs se sont rendus sur les médias sociaux pour partager des images et des vidéos des inondations et ont attribué la responsabilité de ces inondations aux exercices d’ensemencement.

Faut-il incriminer l’ensemencement des nuages ?

S’il est facile d’établir une corrélation entre les deux incidents et d’imputer les inondations aux exercices d’ensemencement, un examen plus approfondi de la réalité révèle une autre histoire.

L’ensemencement des nuages n’est pas nouveau à Dubaï. Le rapport de Bloomberg indique que cette technique est utilisée depuis 2002 et qu’elle n’a jamais eu de résultats aussi désastreux au cours des deux décennies précédentes. On peut être certain que les expériences d’ensemencement n’ont pas mal tourné cette fois-ci puisque Dubaï mène environ 300 opérations de ce type chaque année. Le NCM a également précisé qu’il n’avait pas procédé à l’ensemencement des nuages le jour de la tempête.

Bien que l’ensemencement des nuages ressemble à un triomphe de l’homme sur l’une des forces de la nature, cette technique ne peut améliorer la production de pluie que d’environ 25 %. En d’autres termes, l’intervention humaine ne peut pas créer de la pluie lorsque les nuages de pluie ne sont pas présents dans le ciel. Même s’il y avait eu une augmentation des précipitations à Dubaï, le rôle de l’ensemencement des nuages aurait été relativement faible, et la région aurait de toute façon reçu une grande partie des précipitations.

Selon le rapport de Wired, l’ensemencement des nuages a un effet très localisé. La plupart des exercices des Émirats arabes unis se déroulent dans la partie orientale de la région, loin de Dubaï, où s’est produite l’averse. Une preuve supplémentaire en est la pluie excessive reçue par Oman, qui n’a pas procédé à l’ensemencement des nuages.

Pourquoi Dubaï a-t-elle été inondée ?

La réponse à cette question est simple : Dubaï n’a pas été conçue pour faire face à des précipitations d’une telle ampleur. Une ville du désert qui cherche à accroître ses réserves d’eau douce ne construit pas de collecteurs d’eaux pluviales pour évacuer l’eau supplémentaire pendant les pluies incessantes.

La ville est construite en béton et en verre et ne dispose d’aucune infrastructure pour absorber l’eau excédentaire. Avec le changement climatique, il est courant de voir les grandes villes inondées en cas de pluies excessives. Cette fois-ci, il s’agissait de Dubaï.

Cela nous rappelle une fois de plus que les infrastructures urbaines doivent être conçues en tenant compte de l’évolution du climat et de ses ramifications sur l’environnement naturel et humain.

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Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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