Les kiwis d’Italie meurent et personne ne sait pourquoi


L’Italie est le deuxième producteur mondial de kiwi après la Chine, mais depuis huit ans, les agriculteurs luttent contre un mystérieux ennemi qui a jusqu’à présent décimé plus de 20 % des plants de kiwi du pays.

Cela commence par les feuilles. Elles se flétrissent et sont tournées vers le bas. En dix jours, elles tombent toutes au sol, laissant les kiwis exposés à la lumière directe du Soleil.

Sous terre, les racines de la vigne s’assombrissent et commencent à pourrir. En un an ou deux, la plante entière se flétrit et meurt. Il n’existe aucun remède connu et lorsque les agriculteurs commencent à remarquer les symptômes décrits ci-dessus, il est déjà beaucoup trop tard pour faire quoi que ce soit. Les agriculteurs l’appellent morìa, ou « mourir », et elle a dévasté des plantations où les vignes de kiwi ont prospéré pendant des décennies.

Il n’est probablement pas tout à fait exact de parler de la morìa comme d’une maladie, car les scientifiques ne savent pas vraiment ce que c’est. Ils ont essayé de comprendre ce qui tue les kiwis depuis que le phénomène a été observé pour la première fois à Vérone, en 2012. Ils ont examiné une variété de facteurs, des champignons et des bactéries à la composition du sol et aux niveaux d’oxygène, mais ils ne sont pas plus près de trouver des réponses qu’il y a huit ans.

« Il est très difficile d’étudier quelque chose comme cela », a déclaré Lorenzo Tosi, un chercheur de la société Agrea, au Guardian. « Quand nous voulons comprendre la cause de quelque chose, nous essayons de l’isoler et de mener une expérience. Mais cela ne fonctionne pas cette fois-ci parce que plusieurs facteurs sont en jeu […] Tout semble contredire quelque chose d’autre. »

Les scientifiques ont trouvé une pléthore de pathogènes différents dans les vignes malades, mais aucun n’était présent dans chacun des spécimens analysés. Les agriculteurs ont essayé de déraciner de vieilles vignes de kiwi et d’en planter de nouvelles, ils ont planté sur des sols vierges et des fermes vieilles de plusieurs décennies, mais la morìa est finalement revenue.

« Cette année, tout est mort », a déclaré Corrado Mazzi, un cultivateur de kiwi de Vérone. « Vous pouvez essayer autant que vous voulez mais rien ne change, dans deux ou trois ans, vous êtes de retour au début. »

Mazzi, et d’autres cultivateurs de kiwi de la région de Vérone, ont tout essayé ces dernières années. Il a déraciné toutes ses vignes en 2015, et en a planté de nouvelles en 2016 et 2018. Il a suivi les meilleures pratiques agricoles, mais la morìa est quand même revenue.

Avec si peu de réponses à leur disposition, les scientifiques ont commencé à spéculer que le réchauffement climatique pourrait être la cause principale de cette inexplicable mort du kiwi. Les recherches ont montré que la température idéale pour la culture du kiwi se situe entre 25 et 27 °C, mais ces dernières années, les températures estivales ont grimpé jusqu’à 30 °C.

Il y a aussi les pluies extrêmes qui peuvent étouffer les racines de la vigne de kiwi, mais aucun syndrome de ce type n’a été enregistré avant 2012, si bien que beaucoup pointent du doigt le changement climatique.

« J’ai encore beaucoup de données à analyser, mais tout semble pointer dans cette direction », a déclaré Laura Bardi, microbiologiste des sols, au Guardian. « J’ai acquis la conviction que le changement climatique est le principal facteur ; si nous étudions cet aspect en profondeur, je pense que nous trouverons les causes. »

Quelle qu’en soit la cause, la morìa ne fait qu’accélérer le rythme auquel elle décime les plantations de kiwis. Elle a décimé 84 % des plantations rien qu’à Vérone, et elle se propage rapidement. Des symptômes similaires ont été observés en France, en Espagne, en Grèce, en Turquie, au Japon et en Chine, mais elle semble se propager à un rythme beaucoup plus rapide en Italie. Ce qui est effrayant, c’est que personne ne sait ce que c’est ni comment l’arrêter.

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Source : Oddity Central – Traduit par Anguille sous roche


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