L’UE s’apprête à dévoiler un portefeuille numérique adapté à la vie post-Covid


Pour permettre aux citoyens d’accéder aux services publics et privés en ligne.

Alors que plusieurs régions du monde et l’industrie du transport aérien travaillent sur des applications mobiles qui serviront de passeports vaccinaux pour aider à relancer les voyages internationaux, l’UE serait également sur le point de dévoiler un portefeuille numérique.

Des sources proches du dossier ont indiqué que l’UE devrait dévoiler mercredi les plans détaillés d’un portefeuille numérique à l’échelle du bloc, à la demande des États membres qui souhaitent trouver un moyen sûr pour les citoyens d’accéder aux services publics et privés en ligne. Est-il sûr de regrouper toutes ces données personnelles au sein d’une même application ?

Un portefeuille numérique donnant accès aux services publics et privés

Selon la rumeur, le portefeuille numérique de l’UE stockerait en toute sécurité les données de paiement et les mots de passe et permettrait aux citoyens des 27 pays de se connecter aux sites Web des administrations locales ou encore de payer leurs factures de services publics en utilisant une seule identité reconnue. L’application, à laquelle il serait possible d’accéder notamment par lecture d’empreinte digitale ou de rétine, devrait également servir de coffre-fort où les utilisateurs pourraient stocker des documents officiels tels que leur permis de conduire. Les sources ont toutefois ajouté que l’utilisation du portefeuille ne serait pas obligatoire.

Cependant, les citoyens qui choisissent de s’inscrire devraient bénéficier d’un écosystème numérique plus sûr et d’une plus grande flexibilité, idéale pour la vie post-pandémique. Afin de protéger les citoyens, les fonctionnaires européens imposeront une séparation structurelle empêchant les entreprises qui accèdent aux données des utilisateurs de les utiliser pour toute autre activité commerciale, comme la commercialisation de nouveaux produits. Bruxelles aurait entamé des discussions avec les États membres afin de fournir des lignes directrices sur les normes techniques pour le déploiement du portefeuille numérique.

Selon les personnes interrogées, le portefeuille devrait être pleinement opérationnel dans environ un an. D’après elles, les nouvelles propositions s’inscrivent dans le cadre d’un réexamen de l’identification électronique existante à l’échelle de l’UE et font suite à une consultation sur les « moteurs et les obstacles » au déploiement d’un portefeuille numérique. Le système existant a été peu utilisé, puisque seuls 19 pays ont introduit des pièces d’identité numériques, qui ne sont pas toutes compatibles entre elles. En fin de compte, ce sont les États membres qui décideront de la manière de mettre en œuvre le système.

Les élus européens espèrent que l’amélioration de la culture numérique et l’utilisation accrue des outils numériques pendant la pandémie contribueront à dynamiser le nouveau système. Les régulateurs devraient également mettre en avant la facilité d’accès aux services publics et privés si les gens décident de s’inscrire. Par exemple, une personne désirant louer une voiture pourrait utiliser son portefeuille numérique pour le faire à distance via une application qui vérifiera son identité et émettra une clé électronique afin qu’elle puisse prendre la voiture immédiatement sans avoir à faire la queue à l’aéroport.

« Le portefeuille numérique sera simple, sécurisé et protégera les personnes en ligne », a déclaré une source à Financial Times. « Les gens auront aussi le pouvoir de décider de la quantité d’informations qu’ils donnent, alors que Google et les autres ne vous laissent pas décider de ce que vous donnez », a-t-elle ajouté.

D’autres efforts sont également entrepris à l’échelle mondiale

L’Union européenne, d’autres gouvernements dans le monde et l’industrie aérienne travailleraient sur des passeports vaccinaux afin de relancer les vols internationaux. Ils travaillent sur des systèmes qui permettraient aux voyageurs d’utiliser des applications de téléphonie mobile pour prouver qu’ils ont été vaccinés, ce qui pourrait les aider à éviter les lourdes exigences de quarantaine à leur destination. C’est le cas en France. Le gouvernement français a ajouté en avril une nouvelle fonctionnalité à l’application de suivi des contacts TousAntiCovid.

Appelée TousAntiCovid-Carnet, elle vous permet d’ajouter les résultats de vos tests PCR et antigéniques dans l’application pour les présenter à un tiers. Le gouvernement a également prévu un nouveau menu pour ajouter la preuve que l’on a été vacciné, notamment le certificat de vaccination, ce qui permettra aux utilisateurs de prendre l’avion ou d’aller à l’étranger. Mais ces multiples efforts soulignent l’absence d’un système central international permettant de vérifier électroniquement le statut vaccinal. Les projets sont également confrontés à des difficultés techniques pour travailler ensemble.

De même, des questions relatives à la protection de la vie privée et à l’inégalité des vaccins subsistent. En effet, les passeports vaccinaux ajoutent une nouvelle couche numérique à la multitude d’applications de santé et de suivi des contacts liées au coronavirus que de nombreux pays et pays ont déjà mises en place. Leur utilisation au niveau national pour rouvrir les économies locales a fait l’objet d’un vif débat, de nombreuses personnes s’opposant à l’obligation de les utiliser dans les pubs, les concerts et les événements sportifs. Cependant, l’idée de les utiliser pour les voyages internationaux est de plus en plus répandue.

Des pays comme l’Islande ont ouvert leurs frontières aux visiteurs vaccinés et d’autres, comme l’Arabie saoudite, autorisent désormais les citoyens vaccinés à voyager à l’étranger. La dernière décision de l’UE d’ouvrir ses frontières aux voyageurs entièrement vaccinés rend la situation encore plus urgente. L’UE, la Chine et le Japon travaillent tous sur leurs propres certificats de vaccination numériques pour les voyages transfrontaliers. Le Royaume-Uni, quant à lui, a mis à jour fin mai l’application du National Health Service pour permettre aux utilisateurs entièrement vaccinés de prouver leur statut lorsqu’ils voyagent à l’étranger.

Les tests sont en cours pour le certificat numérique de l’UE, qui confirmera également les résultats du test COVID-19 ou la guérison du virus. Il devrait être mis en service d’ici à la fin du mois de juin, ce qui permettra aux résidents de retrouver leurs amis et parents vivant dans 30 pays européens. En revanche, l’on ne sait pas encore exactement où et comment les voyageurs de l’UE, qui ne dispose pas de points de contrôle aux frontières intérieures, verront leurs certificats vérifiés. Selon les autorités de Bruxelles, cette décision sera prise par chaque pays. L’idée est que les voyageurs apposent un code QR sur leur téléphone.

Ensuite, pour le contrôle, le code serait scanné, par exemple dans un aéroport ou une gare, à l’aide d’une application de vérification officielle qui consulte les bases de données nationales, via une “passerelle” technique de l’UE. Selon des rapports parus dernièrement, les voyageurs ont également besoin d’une application pour smartphone afin de pouvoir transporter d’éventuels certificats de vaccination officiels. Le projet de l’UE comprend une technologie open source que les pays européens peuvent utiliser pour créer leurs propres portefeuilles mobiles officiels.

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a créé son application mobile IATA Travel Pass, auquel des compagnies comme Qantas, Japan Airlines, Emirates, British Airways et Virgin Atlantic ont adhéré. Une initiative concurrente, CommonPass, a gagné en popularité auprès de transporteurs comme Cathay Pacific, JetBlue, United et Lufthansa. Les voyageurs peuvent déjà utiliser ces applications pour vérifier que les résultats de leur test COVID-19 sont acceptés à leur destination. Travel Pass et CommonPass ne sont pour l’instant disponibles que pour les voyageurs des compagnies aériennes qui les utilisent.

Qu’en est-il de la sécurité et de la vie privée des utilisateurs ?

Travel Pass et CommonPass peuvent être intégrés aux applications de voyage des compagnies aériennes afin que les utilisateurs puissent vérifier leur statut vaccinal lorsqu’ils s’enregistrent en ligne. Les deux systèmes devraient aussi fonctionner avec les certificats de l’UE. CommonPass indique que les utilisateurs pourront importer les certificats de vaccination d’ici la mi-juin. « Dans un contexte de pandémie, les passeports de vaccination ne pourront que se généraliser », a déclaré Paul Meyer, directeur général de The Commons Project, l’association sans but lucratif à l’origine de CommonPass.

« Nous pensons qu’il restera obligatoire pour les voyages internationaux », a-t-il ajouté. Selon certains experts, les faux documents COVID-19 en papier vendus par des fraudeurs ont été un problème pendant la pandémie, mais les développeurs affirment que les versions numériques ont des garanties qui les rendent difficiles à falsifier. L’IATA indique qu’elle ne vérifie pas les résultats des tests ou le statut vaccinal, mais qu’elle sert d’intermédiaire aux laboratoires agréés pour envoyer ces informations de manière sécurisée aux voyageurs dont l’identité peut être associée à la personne qui a effectué le test ou la vaccination.

Elle scanne le visage du voyageur à l’aide de la caméra du téléphone et le compare aux données biométriques du passeport. Des contrôles sont effectués pour éviter qu’une autre personne n’utilise son identité. Par ailleurs, les passeports de vaccination seraient un sujet polarisé, les discussions en ligne mettant en évidence les craintes qu’ils soient utilisés pour contrôler les gens, restreindre la liberté et éroder la vie privée. Les développeurs soulignent qu’un minimum de données personnelles est conservé sur les téléphones, et que les seules choses qui sont transmises sont des clés de chiffrement.

Ces clés permettraient d’échanger des informations en toute sécurité. « Si cela est fait correctement, il n’y a pas de risque supplémentaire pour la vie privée, car il s’agit simplement d’indiquer le statut de la pièce d’identité (oui ou non) », a déclaré Kevin Trilli, responsable produit de la société de vérification d’identité Onfido, qui travaille sur la technologie des cartes de vaccination. Il faut également se demander si les différents systèmes de certification des vaccins fonctionneront bien ensemble et si les pays reconnaîtront les certificats des autres.

Le gouvernement britannique a prévenu que peu de pays acceptent actuellement les preuves de vaccination des voyageurs. « Il n’est pas possible d’avoir un système interopérable au jour zéro, mais avec le temps, les problèmes seront résolus, ce qui permettra de préparer le terrain pour la prochaine pandémie », a déclaré Trilli. Toutefois, qu’en est-il des personnes qui n’ont pas de smartphone ? Ou des familles qui ne disposent pas d’un appareil pour chaque membre ? Les responsables de l’IATA et de l’Union européenne affirment qu’ils travaillent à des solutions, y compris sur support papier.

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Source : Developpez


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