On croyait le rat-kangourou disparu, il est de retour !


Placé sur la liste des espèces disparues depuis près de trente ans, le rat-kangourou vient de faire sa réapparition en Basse-Californie, au Mexique. Un espoir pour les biologistes de voir d’autres mammifères survivre à l’urbanisation et à l’agriculture intensive.

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Scott Tremor, Sula Vanderplank et Eric Mellink n’en croyaient pas leurs yeux. L’été dernier, ces trois chercheurs spécialistes des petits mammifères ont en effet mis la main, lors de leurs travaux d’étude en Basse Californie (Mexique), sur quatre rats-kangourous de San Quintin (Dipodomys gravipes). Une espèce qui n’avait pourtant plus été observée depuis 1986 et avait même été officiellement déclarée éteinte en 1994 par le gouvernement mexicain.

Mesurant entre 10 et 15 centimètres, ce mignon rongeur aux grands yeux noirs se distingue grâce à ses longues pattes arrière, qui lui permettent de se déplacer comme le marsupial australien. Capable de sauter jusqu’à 2 mètres de hauteur et de se déplacer à 10 kilomètres à l’heure, le petit animal à la longue queue apprécie les plaines arides et vivait autrefois par milliers sur une longue bande de terre entre les régions d’Ensenada et San Quintin.

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Sula Vanderplank tient dans ses mains l’un des quatre rats-kangourous capturés. (Photo : Scott Tremor, San Diego Natural History Museum)

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L’animal apprécie les terres arides de Basse-Californie. (Photo : Sula Vanderplank, San Diego Natural History Museum)

Victime de l’urbanisation et de l’agriculture

Victime de l’urbanisation et du tourisme de la côte Pacifique, mais surtout du développement de l’agriculture, le petit mammifère semblait devoir être relégué pour toujours aux pages des livres consacrés aux espèces victimes des agissements humains. La région de San Quintin, située à 300 kilomètres au sud de la frontière des États-Unis, étant en effet devenue une importante plateforme agricole après la Seconde Guerre mondiale, annexant des milliers d’hectares d’habitat naturel de la faune locale, afin de les convertir en champs et serres destinés à la culture des fraises et tomates.

En dépit des recherches et des efforts de protection entrepris par les biologistes dès la fin des années 1970, nombre d’espèces furent anéanties, que ce soit sur terre, dans les rivières ou sur les côtes, en raison de l’usage intensif de pesticides.

Résilience des espèces

Pourtant, l’été dernier, au cours de leur habituel recensement de la faune, les chercheurs du Musée d’Histoire naturelle de San Diego et du Centre de Recherches scientifiques d’Ensenada, ont assisté à la renaissance du rat-kangourou. « Nous ne nous y attendions pas », explique le mammalogiste Scott Tremor. « Il s’agissait d’un recensement de routine, moins élaboré que certains de ceux que nous conduisons. La probabilité de découvrir des animaux très craintifs et apparemment disparus, était nulle… »

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Le mammalogiste Scott Tremor mesure l’un des spécimens. (Photo : Sula Vanderplank, San Diego Natural History Museum)

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Le rat-kangourou peuple désormais les zones côtières à l’écart des exploitations agricoles. (Photo : Sula Vanderplank, San Diego Natural History Museum)

Les trappes posées en différents points de la région ont cependant démontré que l’animal peuplait toujours les terres de Basse Californie. « Ces découvertes constituent toujours un soulagement », indique Sula Vanderplank, scientifique pour l’organisation Terra Peninsular. « Elles font naître l’espoir d’un changement et d’une amélioration de notre environnement, grâce à la résilience des espèces. Nous avons tant à apprendre de ces animaux et de l’écologie. »

Programme de protection

Observés, mesurés, puis relâchés dans la nature, les quatre rats-kangourous ont immédiatement soulevé une vague d’enthousiasme et déclenché la mise en place d’un programme de protection en partenariat avec les associations locales et les entreprises agricoles. Une zone de réserve naturelle a tout de suite été créée, laquelle sera gérée par Terra Peninsular, tandis qu’un plan destiné à restaurer et améliorer l’habitat de ces animaux va voir le jour, tout en veillant à la qualité de l’alimentation disponible.

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Très familier, le rat-kangourou ne craint pas les chercheurs. (Photo : Sula Vanderplank, San Diego Natural History Museum)

« Non seulement cette découverte constitue l’exemple parfait de l’importance du travail de terrain et des bonnes vieilles études ‘à l’ancienne’ avec trappes, mais elles permettent aussi d’avoir l’opportunité d’agir rapidement pour la protection de la faune », s’enthousiasme Scott Tremor. « Passer aussi vite de la recherche à l’action est un bonheur. Cela démontre notre volonté, mais aussi celle de tous, à protéger cette région de Basse Californie et notre planète entière. »

Le rat-kangourou de San Quintin n’est d’ailleurs pas le seul à avoir fait sa réapparition ces dernières années sur la côte Pacifique du Mexique. Trois autres espèces ont ainsi été retrouvées par les biologistes, à savoir l’écureuil terrestre à queue ronde, le marsouin du Pacifique, ainsi que le rongeur Microtus californicus, semblable à un gros hamster. Tous font désormais l’objet de programme de protection.

Source : Ouest-France


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