La Russie veut rivaliser avec le canal de Suez en créant un passage dans la mer du Nord


Et c’est le changement climatique qui a rendu cette tâche ardue possible.

Le passage maritime du Nord relie l’océan Pacifique à l’Atlantique via les eaux arctiques russes. En raison des conditions glaciales difficiles, la route n’est pas navigable toute l’année sans l’aide de brise-glace.

On peut donc s’étonner que 274 milliards de roubles (3,7 milliards de dollars environ) de fonds publics soient investis dans le développement de la route d’ici 2024, selon un rapport de l’AFP publié dans Digital Journal.

En effet, le rythme du recul de la couverture de glace dans la région signifie que Moscou vise à permettre la navigation de marchandises toute l’année par le passage d’ici 2030. Le gouvernement russe met en avant le fait que le passage est beaucoup plus court que la route passant par le canal de Suez. En fait, lorsque le cargo Ever Given a bloqué le canal de Suez au début de l’année, le gouvernement russe a déclaré que le passage de la mer du Nord était une “alternative viable”.

Selon le rapport de l’AFP, la Russie a pour objectif de faire passer le trafic par ce passage d’environ 33 millions de tonnes de marchandises en 2020 à 80 millions de tonnes en 2024. Elle vise ensuite à doubler ce chiffre pour atteindre 160 millions de tonnes d’ici 2035. À titre de référence, le canal de Suez permet le passage d’un milliard de tonnes de marchandises chaque année.

La société publique russe d’énergie atomique Rosatom développera la route et une flotte de brise-glace pour aider au développement. Elle affirme qu’elle investira 735 milliards de roubles (10 milliards de dollars) dans le développement d’ici 2024, dont 274 milliards de roubles provenant de l’État.

Des plans de développement de l’Arctique controversés

Outre le développement du passage maritime du Nord, la Russie souhaite également exploiter les ressources de la région arctique à mesure que la couverture de glace recule. C’est pourquoi le président russe Vladimir Poutine a fait du développement de l’Arctique une priorité stratégique.

“La région arctique a un énorme potentiel”, a expliqué le vice-premier ministre russe Alexander Novak au début du mois. “En termes de ressources, nous parlons de 15 milliards de tonnes de pétrole et de 100 trillions de mètres cubes de gaz. Assez pour des dizaines, voire des centaines d’années”, a-t-il expliqué.

Pour réaliser ses ambitions, la Russie utilisera des brise-glace tels que le navire à propulsion nucléaire “50 Years of Victory”, qui a atteint le pôle Nord cet été. Rosatom, la société à l’origine de ce navire, a pour objectif de construire quatre autres navires à propulsion nucléaire au cours des cinq prochaines années. Chacun d’entre eux coûte plus de 400 millions de dollars à construire et la construction peut prendre jusqu’à sept ans. Il n’est pas surprenant que les plans de développement de l’Arctique par la Russie aient suscité des réactions négatives dans le monde entier, car ils visent à extraire des combustibles fossiles grâce au recul de la couverture de glace causé par le changement climatique. Néanmoins, le pays continuera sans doute à chercher à créer un passage maritime sous son contrôle qui rivaliserait avec le canal de Suez.

Lire aussi : « Nos terres, notre territoire » : Moscou met en garde l’Occident avant une rencontre sur l’Arctique

Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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