L’identité européenne inexistante


L’UE continue d’insister sur la création de la toujours insaisissable “identité européenne”, mais un tel objectif est-il réaliste ?

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen parle de l’Ukraine au Parlement européen à Strasbourg, dans l’est de la France, mercredi 14 septembre 2022. (AP Photo/Jean-Francois Badias)

Une approche descendante visant à créer de force une identité commune n’a jamais fonctionné, et ne fonctionnera jamais.

Malgré les efforts spasmodiques de la dictature médiatique de gauche, sa domination n’a pas réussi jusqu’à présent à forcer l’opinion publique des pays européens à croire que le vieux continent est uni. À l’Ouest, rares sont ceux qui osent le contredire, tandis que les opinions de l’Est sont ignorées.

Cette vision prétentieuse – détachée de la réalité du monde – est présentée quotidiennement aux Européens, mais elle sert au contraire de preuve évidente que ceux qui défendent la cause avec le plus d’agressivité ne croient pas eux-mêmes à la thèse qu’ils prétendent être la leur. Qu’a dit Ursula von der Leyen à propos de l’Italie ? Si l’Italie élit les mauvais partis lors des élections législatives, l’UE “dispose d’outils” pour les contraindre, comme dans le cas de la Pologne et de la Hongrie.

Voilà à quoi ressemble l’unité européenne selon le concept autoritaire de la gauche libérale. Nous avons entendu des réponses nombreuses et variées à la question du pourquoi, mais très peu ont abordé la question du manque d’identité européenne. Bruxelles, les médias de gauche et les réseaux d’ONG qui dictent la politique de l’UE ne sont pas les seuls à avoir essayé et échoué à forger une identité européenne commune.

Tito, notamment, a tenté de forger un État-nation slave du sud unifié à partir de la Yougoslavie diversifiée, et sa dictature à parti unique a fait de son mieux pour étouffer toute dissidence. Le chef du parti, né croate-slovène, a même divorcé de sa femme serbe lorsqu’elle l’a averti qu’une plus grande autonomie des républiques membres – qui, selon Tito, apaiserait la ferveur nationaliste qui couvait partout – déchirerait la Yougoslavie. La femme serbe avait raison car les mesures de Tito avaient enflammé le sentiment nationaliste au lieu de l’apaiser.

Le puissant leader a oublié une chose. Il n’y avait aucune substance réelle derrière la propagande du parti et de l’État, qui parlait constamment d’une Yougoslavie unie. En effet, l’identité yougoslave n’avait pas émergé au cours des sept décennies de l’État slave du Sud.

Comment le philosophe John Lukacs l’a-t-il formulé ? Le plus puissant constructeur d’identité pour les gens est l’appartenance à une nation, et ignorer ces vérités fondamentales en politique a des conséquences fatales. Lors du dernier recensement de la Yougoslavie, seules 20 000 personnes se sont identifiées comme yougoslaves. Pour un pays de 23 millions d’habitants, ce chiffre est extrêmement faible et aurait un impact social négligeable.

Pourtant, les langues des peuples slaves qui y vivaient, et qui constituaient la grande majorité de la population de l’ancien pays, étaient similaires – certainement plus similaires, par exemple, que le hongrois ne l’est au flamand. Cependant, tout le reste séparait les peuples des Balkans, y compris l’histoire, la religion et même l’économie.

Plus Bruxelles pousse le rêve d’une Europe unie, plus elle s’éloigne de l’objectif. Après tout, le fossé n’est pas seulement Est-Ouest et Nord-Sud, mais aussi Ouest-Ouest. Il suffit de penser aux différends entre les deux “grands”, l’Allemagne et la France. Toutes ces tensions sont balayées sous le tapis et dissimulées à l’opinion publique en vain. Le sommet franco-allemand de fin octobre était déjà marqué par des divergences sur la manière de gérer la crise énergétique en Europe, la politique de défense européenne et les relations avec la Chine ; l’événement a même failli être annulé.

Se pourrait-il qu’Emmanuel Macron et Olaf Scholz ne soient pas si différents de nombre de leurs propres citoyens ? Ces deux hommes politiques soi-disant pro-UE n’ont-ils finalement pas de véritable identité commune ?

Lire aussi : Le président Macron : « Nous avons besoin d’un ordre mondial unique »

Sources : Zero Hedge, Peter Feher via Remix News – Traduit par Anguille sous roche


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