Une compagnie aérienne va effectuer 18 000 « vols fantômes » pour conserver des créneaux d’atterrissage


La compagnie aérienne Lufthansa affirme qu’elle sera contrainte d’effectuer 18 000 “vols fantômes” cet hiver afin de conserver ses créneaux de décollage et d’atterrissage.

Dans les semaines à venir, le groupe s’attend à devoir annuler quelque 33 000 vols en raison d’une baisse du trafic aérien provoquée par le pic de cas de COVID-19 dans le sillage d’Omicron. Le PDG Carsten Spohr a déclaré au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung que la baisse de la demande provenait d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche, qui ont été particulièrement touchées par cette vague de pandémie.

À l’approche de l’hiver, la compagnie aérienne n’a assuré que 60 % de ses horaires d’avant la pandémie, avec deux fois moins de passagers. En raison des règles relatives aux créneaux horaires dans les aéroports, la compagnie ne peut pas simplement réduire ses vols en conséquence, sous peine de perdre son droit d’atterrissage à l’avenir.

“En raison de la baisse de la demande en janvier, nous aurions même annulé beaucoup plus de vols”, a déclaré M. Spohr. “Mais en hiver, nous devrons effectuer 18 000 vols supplémentaires et inutiles, juste pour garantir nos droits de décollage et d’atterrissage.”

La compagnie affirme qu’elle sera obligée d’effectuer des vols sans passagers ou avec très peu de passagers afin d’obtenir ces créneaux, conformément à la règle de l’Union européenne (UE) “use it or lose it”. Selon les règles en vigueur pour l’hiver 2021/2022, les compagnies aériennes doivent utiliser au moins 50 % de leurs créneaux horaires, faute de quoi elles risquent de les perdre. Aux premiers stades de la pandémie, cette règle avait été ramenée à 0 % afin d’éviter que des vols n’aient lieu alors que la demande était nulle, mais elle a été progressivement relevée à mesure que le monde se réouvrait. Bien qu’elles ne soient pas encore revenues aux niveaux d’avant la pandémie (80 %), les compagnies aériennes ont du mal à fonctionner à 50 % sur la seule base de la demande des passagers.

“Malgré nos demandes pressantes de plus de flexibilité à l’époque, l’UE a approuvé une règle d’utilisation de 50 % pour chaque programme/fréquence de vol retenu pour l’hiver”, a déclaré à Metro un porte-parole de l’Association internationale du transport aérien (IATA). “Cette règle s’est clairement avérée irréaliste dans l’UE cet hiver, dans le contexte de la crise actuelle.”

Cela laisse des compagnies comme Lufthansa dans la position de faire voler des avions vides (et de libérer l’énorme quantité d’émissions de carbone que cela implique) afin de continuer à voler à l’avenir lorsque la demande de passagers sera de retour. Cette politique va à l’encontre de l’engagement pris par l’UE dans le cadre du contrat vert européen” de réduire les émissions du secteur des transports de 90 % d’ici à 2050 (par rapport aux niveaux de 1990), le secteur de l’aviation étant appelé à jouer un rôle important dans cette réduction.

Le ministre belge des transports, Georges Gilkinet, a écrit à la Commission européenne pour lui demander d’abandonner l’exigence de créneaux horaires afin de réduire les émissions de carbone inutiles.

Lire aussi : Même s’ils sont vides à cause du coronavirus, les avions sont obligés de continuer à voler

Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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