Un contenu secret révélé dans les lettres entre Marie-Antoinette et son amant présumé


Marie-Antoinette, la dernière reine de France, reste, 228 ans après son exécution, un personnage controversé et fascinant.

Ce portrait d’état de Marie-Antoinette et de ses trois enfants survivants Marie Thérèse Louis Charles sur ses genoux et Louis Joseph peint par Elisabeth Louise Vigée-Lebrun. Domaine public Wikimedia Commons

Il existe de nombreuses idées fausses à son sujet, dont la plus célèbre est l’expression “laissez-les manger du gâteau”, qu’elle n’a jamais prononcée. Il existe également des mystères liés à la reine, comme la correspondance secrète expurgée entre la reine née en Autriche et le comte suédois Axel von Fersen.

Le comte von Fersen était un ami proche de Marie-Antoinette et a été soupçonné d’avoir été son amant. Les lettres datent de juin 1791 et d’août 1792, en plein cœur de la Révolution française, alors que la famille royale était placée sous haute surveillance au palais des Tuileries, qui n’existe plus. Fersen a participé à l’organisation de la fuite vers Varennes, la tentative ratée de la famille royale de s’échapper de France. Les historiens avaient donc espéré que ces lettres permettraient de recueillir les secrets de leur relation et de leurs projets.

Mais des mots et des phrases entières de ces lettres ont été censurés longtemps après leur envoi et leurs secrets ont été gardés pendant 150 ans. Grâce à des percées techniques, les secrets de ces lettres ont enfin été révélés. Les résultats sont publiés dans la revue Science Advances.

Photo d’un passage expurgé de la lettre du 4 janvier 1792 et de la version non censurée obtenue par la nouvelle technique. Crédit image : CRC

La lettre contient des mots tels que “bien-aimé”, “tendre ami”, “adorer” et “follement”, qui témoignent d’une relation très étroite entre les deux hommes. Elle suggère également que certaines des lettres écrites par Marie-Antoinette étaient en fait des copies des originaux. En étudiant les rapports cuivre-fer et zinc-fer des encres des textes originaux et des encres des rédactions, les scientifiques ont pu déterminer que c’est von Fersen qui a réalisé les copies.

Plus intéressant encore, les travaux ont révélé l’identité du censeur. Il ne s’agissait pas d’un membre de la famille von Fersen, mais d’Axel von Fersen lui-même. Les chercheurs, dirigés par Anne Michelin, pensent que cela suggère que les lettres avaient une forte valeur sentimentale et/ou politique pour le comte suédois.

La deuxième page de la lettre autographe de la reine Marie-Antoinette au comte de Fersen, datée du 4 janvier 1792, et partiellement expurgée. Crédit image : CRC

“Un autre intérêt de l’étude, en identifiant Fersen comme le censeur, est de voir l’importance des lettres reçues et envoyées à lui, que ce soit par attachement sentimental ou par stratégie politique”, écrit l’équipe dans le document. “Au lieu de détruire les lettres, il a décidé de les conserver, mais en caviardant certaines sections, ce qui indique qu’il voulait protéger l’honneur de la reine (ou peut-être aussi ses propres intérêts). Dans tous les cas, ces rédactions sont un moyen d’identifier les passages qu’il considérait comme privés. Le mystère de ces passages caviardés qui font la particularité de cette correspondance est peut-être la raison qui a permis d’épargner cette correspondance alors que le reste a été largement détruit.”

La technique utilisée, la spectroscopie de fluorescence à rayons X, a permis à l’équipe de microscanner la lettre de manière non destructive. Combinée à des techniques de traitement des données, elle leur a permis de reconstituer ce qui était caché sous la censure.

Scanner XRF pendant l’analyse de la lettre du 25 octobre 1791, écrite par le comte von Fersen pour la reine Marie-Antoinette. Crédit image : CRC

Lire aussi : Une lettre perdue depuis longtemps révèle qu’Einstein avait prédit la découverte des super-sens des animaux

Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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2 réponses

  1. Patrick dit :

    Et alors, quel est le texte qui a été biffé ?
    Apparement le texte n’est pas long, quelques lignes, alors pourquoi ne pas nous le mentionner, à la place de ces trois mots “bien-aimé” “adorer” “follement”qui font croire à une liaison, mais dont le texte entier pourrait signifier autre chose ?

  2. Tom Béorn dit :

    “qui témoignent d’une relation très étroite entre les deux hommes.”
    LGBT+ avant l’heure Marie-Antoinette?

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