Dans quelques années, votre docteur ne sera peut-être plus humain


Il se peut que dans quelques années, votre médecin ou chirurgien ne soit pas humain, mais une intelligence artificielle. Si les robots commencent à faire leurs preuves, dans quelle mesure pourront-ils investir les hôpitaux ?

Un nouveau type de médecin entre dans la salle d’examen et il n’a pas de visage, ni de nom. L’intelligence artificielle commence en effet à faire son chemin en médecine. Toutefois, que ceux qui se méfient d’une prise de contrôle du monde par les robots ne craignent rien. L’introduction de cette nouvelle technologie dans le domaine de la santé ne consiste pas nécessairement à opposer les esprits humains aux machines. L’IA est dans la salle d’examen pour élargir, aiguiser et, parfois soulager l’esprit du médecin. Un équipier de choix tant pour le professionnel de santé que pour le patient. Mais quelles pourraient être les contributions spécifiques ou uniques de l’IA en médecine ?

Les médecins sont aujourd’hui surchargés de responsabilités cliniques et administratives. Trier la quantité massive d’informations disponibles est une tâche accablante, voire impossible. L’IA entre alors en jeu, mais ses applications en médecine vont au-delà de ce travail administratif. Des algorithmes de diagnostic puissants en passant par les robots chirurgicaux, la « machine » est capable d’évoluer dans toutes les disciplines médicales. Or d’un autre côté, on peut se poser une autre question. De quelle manière l’IA pourrait-elle être potentiellement nuisible dans la pratique de la médecine ?

Bien que nous en soyons encore aux premiers stades de développement, l’IA est déjà tout aussi capable (sinon plus) que les médecins de diagnostiquer les patients. Des chercheurs de l’hôpital John Radcliffe à Oxford (Angleterre) ont en effet mis au point un algorithme plus précis que les médecins pour diagnostiquer les maladies cardiaques, au moins dans 80 % du temps. À l’Université d’Harvard, des chercheurs ont créé un microscope capable de détecter des infections sanguines potentiellement mortelles. Une étude de l’université Showaà Yokohama au Japon, a de son côté révélé qu’un nouveau système endoscopique assisté par ordinateur, qui pouvait révéler des signes de tumeurs potentiellement cancéreuses dans le côlon avec une sensibilité de 94 %, une spécificité de 79 % et une précision de 86 %.

Rappelons également les prouesses de « Watson » d’IBM, qui a été mis au défi de recueillir des informations significatives à partir des données génétiques des cellules tumorales. Face à des experts humains – qui ont pris environ 160 heures pour les passer en revue – Watson n’a pris que dix minutes pour effectuer la même tâche.

L’IA est également plus douée que les humains pour prédire les soucis de santé avant qu’ils ne surviennent. En avril dernier, des chercheurs de l’université de Nottingham ont publié une étude montrant que formée à partir de 378 256 patients, une IA autodidacte avait prédit 7,6 % de complications cardiovasculaires en plus chez que la norme actuelle. Pour mettre ce chiffre en perspective, « cela représente 355 patients supplémentaires dont la vie aurait pu être sauvée », selon les chercheurs.

L’IA s’avère donc utile pour donner un sens à d’énormes quantités de données qui seraient écrasantes pour les humains. Elle pourrait donc redonner du temps aux médecins en leur permettant de se décharger de certains fardeaux administratifs. À cet égard, l’IA ne consiste donc pas nécessairement à remplacer des médecins, mais à optimiser et améliorer leurs capacités.

Au cours des deux dernières décennies, l’une des applications les plus marquantes de l’IA en médecine fut également le développement de robots chirurgicaux. Dans la plupart des cas à ce jour, ces robots fonctionnent comme une extension du chirurgien, qui contrôle l’appareil depuis une console proche. En 2015, le MIT a effectué une analyse rétrospective des données de la FDA pour évaluer l’efficacité de la chirurgie robotique. Au cours de la période d’étude, 144 décès de patients et 1 391 blessures ont été signalés, principalement en raison de difficultés techniques ou de dysfonctionnements de l’appareil. Le rapport notait que « malgré un nombre relativement élevé de complications, la grande majorité des procédures ont été couronnées de succès et n’ont posé aucun problème ». Mais le nombre de dysfonctionnements dans des domaines chirurgicaux plus complexes – comme la chirurgie cardiothoracique – était « significativement plus élevé ». Si la chirurgie robotique semble donc bien fonctionner dans certaines spécialités, les chirurgies les plus complexes sont aujourd’hui laissées aux chirurgiens humains – du moins pour l’instant.

En revanche, si les choses changeaient et que les robots venaient à remplacer définitivement les humains en matière de chirurgie, un patient pourrait-il poursuivre un robot pour faute professionnelle ? Comme la technologie est encore relativement nouvelle, les litiges dans de tels cas constituent une sorte de zone grise légale. Traditionnellement, les experts considèrent qu’une faute médicale est le résultat d’une négligence de la part du médecin, ou de la violation d’une norme de soins préalablement définie. Le concept de négligence cependant, implique une prise de conscience dont l’IA manque intrinsèquement. À l’heure actuelle, la question n’a pas de réponse claire, mais elle devra être traitée au plus tôt.

Dans les années à venir, le rôle de l’IA en médecine ne fera que croître : dans un rapport signé Accenture Consulting, la valeur du marché de l’IA en médecine en 2014 a été estimée à 600 millions de dollars. D’ici 2021, ce chiffre devrait atteindre les 6,6 milliards de dollars. L’industrie est peut-être en plein essor, mais nous ne devrions pas intégrer l’IA à la hâte. Les avantages d’une procédure ou d’un traitement devront inévitablement l’emporter sur les risques. Et ce sera à l’Homme de conduire ce changement.

Sources : SciencePostFuturism


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