Une étude révèle qu’un contact direct avec la peau pourrait sauver la vie de nombreux bébés prématurés


Lorsqu’un bébé naît prématurément, le contact immédiat peau contre peau pourrait lui sauver la vie.

Au lieu de placer les nouveau-nés de faible poids dans une couveuse, de nouvelles recherches suggèrent de les blottir contre la poitrine de leur mère, ou celle d’un proche soignant, et de les nourrir exclusivement au lait maternel.

Cette approche, appelée « soins kangourou », s’est avérée être l’un des moyens les plus efficaces et les plus sûrs de traiter les enfants prématurés ayant un faible poids à la naissance, ce qui se traduit par une diminution des infections, un taux d’allaitement plus élevé et une meilleure prise de poids dans les études.

Malgré le nombre croissant d’avantages, cette pratique n’a pas été largement adoptée.

À l’heure actuelle, l‘Organisation mondiale de la santé recommande des soins kangourou continus pour tous les prématurés, mais seulement après qu’ils ont été retirés et déclarés cliniquement stables dans l’unité de soins intensifs néonatals (USIN).

Un essai contrôlé randomisé mené dans cinq hôpitaux suggère maintenant que la recommandation de l’OMS sépare les bébés et leurs mères trop tôt. Les hôpitaux devraient plutôt mettre en place une unité de soins mère-enfant dotée de lits et de chaises afin que le personnel hospitalier puisse s’occuper des nouveaux parents et des bébés en même temps.

L’étude a été menée auprès de 3 211 nourrissons de faible poids au Ghana, en Inde, au Malawi, au Nigeria et en Tanzanie, qui ont soit reçu des soins immédiats de type kangourou dans une « unité mère-nourrisson » spécialement aménagée, soit été séparés de leurs parents pour des soins classiques, de brefs moments de contact étant autorisés après les 24 premières heures.

Au cours des trois premiers jours, les nourrissons qui ont bénéficié d’un contact immédiat peau à peau ont été maintenus environ 17 heures par jour dans l’unité mère-néonatale. En revanche, les nourrissons placés dans des incubateurs ou des chauffages radiants n’ont bénéficié que d’une heure et demie de contact intermittent par jour.

Par rapport aux soins néonatals classiques, les nourrissons qui ont été immédiatement touchés par leurs parents avaient 25 % moins de risques de mourir au cours du premier mois de leur vie.

Les nouveau-nés tenus en permanence étaient également moins susceptibles de souffrir d’hypothermie et d’empoisonnement bactérien du sang, peut-être parce que ces nourrissons étaient davantage exposés au microbiome protecteur de leur mère, étaient plus susceptibles de recevoir du lait maternel précoce et étaient manipulés par moins de personnes.

Le fait d’éviter le stress de la séparation entre la mère et le nourrisson pourrait également avoir contribué à de meilleurs résultats en matière de santé. Il a été démontré que le contact entre un bébé et sa mère stabilise le rythme cardiaque du nouveau-né, calme sa respiration et diminue ses pleurs.

« Le fait de garder la mère et le bébé ensemble dès la naissance, sans aucune séparation, va révolutionner la façon dont les soins intensifs néonatals sont pratiqués pour les bébés nés précocement ou de petite taille », affirme Rajiv Bahl, responsable de la recherche et du développement de la santé maternelle et néonatale à l’OMS.

« Cette étude illustre le fait que les soins prodigués par la mère kangourou ont le potentiel de sauver beaucoup plus de vies s’ils sont mis en place immédiatement après la naissance, un résultat pertinent pour les pays de tous niveaux de revenus. »

Aujourd’hui, plus de 96 % des nourrissons ayant un faible poids de naissance naissent dans les pays en développement, et ces enfants sont particulièrement vulnérables aux maladies infectieuses, aux retards de développement et à la mort.

Les soins néonatals conventionnels sont coûteux et nécessitent de grandes compétences et un soutien logistique, ce que de nombreux pays à faibles revenus ne peuvent se permettre. Les soins kangourous, en revanche, constituent une alternative sûre et efficace, beaucoup plus facile à mettre en œuvre.

Les résultats confirment une méta-analyse récente selon laquelle les soins kangourou après stabilisation clinique entraînent une baisse de 40 % de la mortalité infantile.

Pourtant, de nombreux prématurés ne parviennent pas à ce stade. Des études révèlent que près de 50 % des décès néonatals dans un certain nombre de pays d’Asie et d’Afrique surviennent dans les 24 heures suivant l’accouchement, et 80 % dans la première semaine de vie, ce qui signifie que de nombreuses vies sont perdues avant que les soins kangourou puissent être mis en place.

« L’idée de donner un contact peau à peau immédiatement après l’accouchement à de très petits bébés instables a rencontré une assez forte résistance, mais environ 75 % des décès surviennent avant que le nourrisson ait été jugé suffisamment stable », explique Nils Bergman, de l’Institut Karolinska en Suède.

Les auteurs de la nouvelle étude estiment que si les nourrissons de faible poids recevaient immédiatement des soins kangourou, cela pourrait sauver 150 000 nouveau-nés en insuffisance pondérale chaque année.

L’OMS est en train de réviser ses directives sur les soins kangourou.

L’étude a été publiée dans NEJM.

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Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche


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