Des chercheurs travaillent sur des cubes d’uranium qui pourraient provenir d’une expérience nazie


Les laboratoires nucléaires américains possèdent des cubes d’uranium d’origine allemande et une méthode de détermination de l’âge permet de savoir s’ils datent de l’époque nazie.

L’uranium a été utilisé pour développer le plutonium pour les bombes nucléaires. PNNL/ACS

La victoire des Alliés sur les puissances de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale n’a pas seulement réduit l’espoir d’Hitler de dominer le monde, mais aussi celui de développer la technologie nucléaire et de l’utiliser pour alimenter des armes.

Cette hypothèse pourra être confirmée, si les chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory (PNNL) parviennent à confirmer que les cubes d’uranium en leur possession appartiennent bien à l’époque nazie. Leurs recherches seront présentées à la réunion de l’American Chemical Society, cet automne.

Au cours des années 1940, des scientifiques allemands se sont penchés sur les réactions de fission nucléaire afin de produire du plutonium destiné à être utilisé pendant la guerre. Parmi eux se trouvaient deux équipes importantes dirigées par Werner Heisenberg et Kurt Diebner, chacune travaillant à des endroits différents du pays. Les deux équipes reçoivent des cubes d’uranium de 5 cm de côté pour leurs expériences. En plaçant ces cubes dans de l’eau “lourde” (composée de deutérium, un isotope de l’hydrogène), les scientifiques espéraient que l’uranium se désintégrerait dans une réaction en chaîne.

Heureusement, cette approche n’a pas fonctionné. Lorsque les troupes alliées se sont emparées du laboratoire d’Heisenberg en 1945, elles ont expédié plus de 600 de ces cubes aux États-Unis. Cependant, il existe peu de documents permettant de les retrouver à l’intérieur des États-Unis et les chercheurs pensent que seuls 12 de ces cubes sont encore dans le domaine public. Même celui qui se trouve au PNNL n’a pas de provenance, et les chercheurs veulent donc déterminer leurs origines.

Brittany Robertson, doctorante au laboratoire, utilise la radiochronométrie – une méthode de détermination de l’âge des éléments radioactifs – pour déterminer dans un premier temps si le bloc date bien de l’époque nazie. Même à l’état naturel, les éléments radioactifs se désintègrent et se transforment en éléments de numéro atomique inférieur.

Robertson prévoit d’utiliser cette méthode pour déterminer l’âge des blocs. Lors de leur fabrication, les blocs étaient constitués d’uranium pur. Mais au fil des ans, l’uranium s’est décomposé en thorium et en protactinium. En mesurant les quantités exactes de ces derniers éléments, Robertson peut déterminer l’âge des blocs. En outre, M. Robertson est également à la recherche d’éléments de terres rares qui pourraient fournir des indices sur le lieu d’extraction de l’uranium.

Brittany Robertson avec un cube. Source : PNNL/ACS

Fait intéressant, l’équipe a croisé un autre bloc de ce type à l’Université du Maryland et a constaté qu’il était recouvert de styrène. Le bloc du PNNL utilise un revêtement à base de cyanure. Ces revêtements sont utilisés pour limiter l’oxydation de l’uranium. On sait également que le laboratoire d’Heisenberg utilisait des blocs dont le revêtement était à base de cyanure, tandis que le laboratoire de Dibenar utilisait des blocs d’uranium recouverts de styrène. Comme le laboratoire de Diebner n’a jamais été perquisitionné par les forces alliées et que l’on ignore où se trouvent les blocs qu’ils ont utilisés, il est probable que le laboratoire de Diebner a expédié de l’uranium au laboratoire d’Heisenberg pendant les expériences.

En testant leur science sur certains des matériaux préliminaires de l’ère nucléaire, les chercheurs veulent s’assurer que leur science est solide, avant de la mettre en œuvre dans le monde d’aujourd’hui.

Lire aussi : Les mystérieux « cubes nucléaires » nazis circulent toujours au marché noir

Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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