Le logiciel espion Pegasus « se réorganise » : à quoi s’attendre ?


La société derrière le logiciel espion Pegasus est dans une mauvaise passe. Mais tel l’Hydre de Lerne, il compte bien renaître de ses propres cendres.

© Unsplash / Vale

Souvenez-vous, il y a un an. Pegasus, le logiciel espion commercialisé par NSO Group, était au cœur de multiples révélations. Des journalistes, des militants pour les droits humains ainsi que des présidents et des ministres s’avéraient avoir été victimes du logiciel d’espionnage aux capacités déconcertantes.

Un vrai problème pour la sécurité, la souveraineté et pour l’image de NSO Group. La société israélienne promettait de ne développer ce logiciel et le commercialiser seulement dans le seul cadre de la lutte antiterroriste et contre la criminalité. Il en était tout autre. Et depuis, les relations commerciales entre NSO Group et les puissances étatiques qui ont acheté le logiciel Pegasus restent très floues.

Réorganisation

L’impact de ces révélations s’est directement traduit du côté de la santé financière de la société. NSO Group va mal. Son bilan était déjà menacé par un prêt de longue date, censé permettre à la société de continuer à investir, et voilà que le scandale Pegasus a fortement pénalisé son avenir. Comme le confirme AFP, 100 des 700 employés de la société viennent d’être licenciés et le PDG Shalev Hulio fait ses valises.

“Shalev Hulio [sera] remplacé par Yaron Shohat, actuel directeur des opérations qui présidera à la réorganisation”, peut-on lire dans un communiqué de NSO Group envoyé à l’agence de presse. Au programme, “la compagnie se réorganise afin de se préparer à sa prochaine vague de croissance”, préférait-elle dire, en ajoutant toutefois que “NSO va s’assurer que ses technologies de pointe seront utilisées de manière juste et louable”.

Parmi les autres chantiers de sa réorganisation, la volonté de se concentrer sur les pays de l’OTAN. À l’heure où l’Ukraine est en guerre contre la Russie et alors que le scandale Pegasus avait contraint les États-Unis à mettre NSO Group sur liste noire, il est l’heure pour l’entreprise de lutter pour sa survie. En vue de la puissance de son outil, capable de s’implanter sur n’importe quel téléphone et suivre les échanges y compris sur les plateformes les plus sécurisées, NSO Group ne devrait pas avoir du mal à trouver preneur.

3 milliards de smartphones pris en filature

Toujours dans son communiqué, l’entreprise confirmait qu’elle souhait toujours devenir “l’une des plus grandes sociétés de cybertech au monde”. Face à elle, des sociétés américaines plus discrètes n’en sont pas moins redoutables. Dans d’autres révélations par le média The Intercept, nous apprenions début mai 2022 l’existence des sociétés Anomaly Six et de Zignal Labs. Leur activité permettait de suivre et de localiser en direct pas moins de 3 milliards de smartphones, pris en filature.

De toutes ces nouvelles preuves, le grand public découvrait l’envers du décor dans les avancées technologiques de la surveillance de masse. Des sociétés privées redoutables sur le cyber-espionnage. Le tout, sans le moindre effort grâce à la data de multiples applications mobiles. Ce sont ces dernières, en revendant les données de localisation de leurs utilisateurs, qui font le gros du travail. Avec cette quantité, le logiciel espion n’a plus qu’à interroger en temps réel chaque appareil avec ses données mises à jour à la minute près.

Lire aussi : Edward Snowden réagit au scandale Pegasus : « on est tous visés »

Source : Presse-citron


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