Au Royaume-Uni, les mairies récoltent des millions de données personnelles, y compris si vous êtes infidèle ou endetté
Les mairies récoltent des millions de détails très personnels sur les habitants à l’aide du logiciel Covid, révèle le Daily Mail.
Une entreprise privée a signé des accords lucratifs avec les autorités locales pour recueillir les données qui peuvent être utilisées pour prédire qui est susceptible de rompre le confinement.
Les informations sont tirées des registres de la municipalité et comprennent le niveau d’endettement des familles, les conditions de vie, les revenus, les absences scolaires et les exclusions. Elles sont introduites dans un système de profilage appelé Covid OneView afin de créer une analyse de risque pour les ménages et les individus qui sont considérés comme vulnérables.
Selon les mairies, l’objectif est d’aider à identifier les personnes les plus exposées au coronavirus. Mais un conseil municipal a présenté des diapositives lors d’une vidéoconférence le mois dernier, montrant que ces informations pourraient être utilisées pour prédire qui pourrait enfreindre les règles d’isolement.
Notre enquête a révélé que les informations que Covid OneView peut recueillir comprenaient des notes sur :
- Les rapports sexuels infidèles et dangereux, la santé et le bien-être émotionnel, les problèmes de sommeil et les animaux de compagnie dangereux.
- Gestion de la colère et comportements socialement inacceptables.
- Détails financiers, y compris les dettes, les faibles revenus et les arriérés d’impôts.
- Fréquentation scolaire, faible engagement scolaire et repas scolaires gratuits.
Les députés et les militants ont déclaré que le système manquait de transparence et qu’il n’était pas clair pourquoi il fallait tant d’informations sur la vie des habitants.
Jake Hurfurt de Big Brother Watch, un groupe de défense de la vie privée, a déclaré : « Cela souligne le changement vers la surveillance de masse et la collecte de données qui a été déclenché par la pandémie. »
« Il est scandaleux que les conseils utilisent d’énormes quantités d’informations personnelles et d’algorithmes expérimentaux pour attribuer aux gens des “scores de risque” et des prévisions à huis clos. Les gens ont le droit de savoir comment leurs données sont utilisées et comment les décisions concernant leur vie sont prises. »
Xantura, l’entreprise à l’origine du système, a déclaré qu’elle travaillait exclusivement pour les conseils depuis 12 ans et que des « millions de données » rendaient ses algorithmes « incroyablement précis ». Elle fait payer ses clients 18 000 £ pour l’utiliser.
Le Chartered Institute of Public Finance and Accountancy, partenaire de Xantura dans le projet, a déclaré que OneView visait à s’appuyer sur l’opération Shield, qui a identifié 1,5 million d’individus à haut risque de Covid.
Alors que l’opération Shield était limitée aux personnes ayant un besoin clinique élevé, OneView vise à aider les conseils à identifier les personnes les plus vulnérables à l’impact social et économique de la pandémie.
Cela inclut les dossiers sur les arriérés de loyer des logements, les soins sociaux des enfants et des adultes et les dossiers scolaires. Ces dossiers sont utilisés pour détecter les « facteurs de risque de contagion », qui comprennent l’endettement, la violence domestique, la santé mentale et les faibles revenus.
Captures d’écran d’une présentation montrée lors d’une vidéoconférence le mois dernier illustrant comment les conseils britanniques collectent secrètement des données pour créer des listes de personnes risquant de rompre leur isolement en utilisant Covid OneView
Un autre document produit par Xantura en mai, utilisant l’exemple du Conseil de Barking et Dagenham dans l’est de Londres, met en évidence la manière dont les données sont ventilées et utilisées.
Il indique : « Nous avons immédiatement pu identifier 1 114 ménages, qui n’étaient pas encore engagés dans des services municipaux, mais qui ont une dette importante de plus de 1 000 livres sterling, ont plus de 65 ans et vivent seuls. »
« Au cours de la première semaine d’utilisation du système de gestion des cas, 58 ménages identifiés ont été orientés vers une zone de service pour un soutien supplémentaire. »
London Councils, l’association des 32 arrondissements de la capitale, a déclaré ce mois-ci que l’utilisation du système de « données, d’analyses prédictives et d’intelligence artificielle » avait aidé les autorités locales à identifier les personnes ayant besoin d’un soutien.
Le mois dernier, une note d’information séparée indiquait comment les conseils pouvaient exploiter davantage les données des documents fournis en « creusant » dans un « éventail de catégories » et trouver des détails supplémentaires à inclure dans l’analyse.
Il s’agit notamment de 19 classifications de « haut niveau », incluant les comportements socialement inacceptables tels que les « rapports sexuels infidèles et dangereux », ainsi que les dangers et les menaces, notamment le fait d’être « potentiellement agressif » ou d’avoir des animaux de compagnie dangereux.
M. Xantura a déclaré que la note montrait simplement des informations qui peuvent être analysées et qu’aucun des conseils utilisant OneView – à Londres, dans l’Essex, dans les West Midlands, dans le Cheshire et dans le Merseyside – ne le déployait pour prédire qui briserait l’isolement.
Les détails de OneView peuvent être publiés après que le Mail ait révélé le mois dernier que des millions de personnes étaient surveillées pour leur éloignement social dans le cadre d’un projet soutenu par le gouvernement et déployé secrètement dans toute la Grande-Bretagne. Au moins 363 caméras installées à l’origine pour surveiller la circulation ont été remplacées – également sans consultation publique – pour espionner les piétons.
Le député conservateur Steve Baker fait partie des critiques de OneView, affirmant que le système doit être rendu plus transparent.
Le député conservateur Steve Baker a dit de OneView : « Est-ce vraiment ainsi que nous voulons vivre, sous le regard des machines qui décident des services publics auxquels nous aurons droit ? Il est clair qu’il y a des avantages potentiels à apporter de l’aide aux personnes qui en ont besoin – mais nous devons être rassurés sur la manière dont cette aide est décidée. »
Jamie Stone, porte-parole libéral démocrate pour les questions numériques, a déclaré : « Il est vital qu’à tous les niveaux de gouvernement, il y ait une transparence absolue sur les données collectées et la manière dont elles sont utilisées. »
« Il s’agit de garantir la protection des données personnelles des citoyens et le respect de leur vie privée. »
Wajid Shafiq, directeur général de Xantura, a déclaré : « L’application OneView est destinée à être utilisée par les conseils pour relier les données qu’ils ont déjà collectées afin qu’ils puissent rapidement identifier les personnes les plus exposées aux conséquences plus larges de la pandémie de Covid-19. »
« Cela leur permet de concentrer leur aide là où elle aura le plus grand impact.
Trop souvent, des dommages qui auraient pu être évités continuent de se produire, non pas parce qu’un organisme ne dispose pas d’informations sur une personne ou un enfant vulnérable, mais parce que ces informations n’ont pas été mises en relation. »
Il a insisté sur le fait que l’application OneView était entièrement conforme aux règles de protection des données et aux autres directives gouvernementales sur le partage des données.
Un porte-parole du conseil municipal de Barking et Dagenham a déclaré que OneView était utilisé pour « identifier et atteindre nos résidents les plus vulnérables afin de prévenir des difficultés invisibles ». Il a ajouté qu’il avait utilisé des données « collectées de manière appropriée » en suivant les conseils du bureau du commissaire à l’information.
Source : Daily Mail – Traduit par Anguille sous roche
