Une femme juive de 102 ans révèle ce que c’était que de vivre aux côtés d’Hitler pendant la décennie qui a précédé l’Holocauste

Dans les années 1920 et 1930, Alice Frank Stock vivait dans le même quartier de Munich qu’Adolf Hitler pendant son ascension au pouvoir.

Une jeune femme juive de 102 ans, Alice Frank Stock, a récemment fait part de son expérience en tant que voisine d’Adolf Hitler dans la décennie qui a précédé la Seconde Guerre mondiale.

Selon l’agence britannique Bristol Post, Stock, qui est juive, a vécu avec sa famille dans le quartier de la Prinzregentenplatz à Munich pendant les années 1920 et 1930. Ils s’étaient installés en ville alors qu’elle n’avait que trois mois, en raison du travail de son père en tant que juge à la Haute Cour. Stock a rappelé que Munich était une « ville très culturelle ».

« Nous vivions dans un petit immeuble à côté du Théâtre du Prince Régent », a déclaré Stock. « C’était un bel appartement, avec quatre ou cinq chambres, un grand salon et une salle à manger. »

La jeune Stock ne savait pas que dans ce même bel immeuble vivait un personnage qui allait changer le cours de l’histoire.

Stock dit qu’elle ne savait pas exactement quel appartement le célèbre dictateur nazi occupait dans son quartier, mais qu’il était suffisamment proche pour qu’elle puisse voir de temps en temps Hitler quitter l’immeuble et y entrer avec sa troupe de gardes SS.

L’immeuble de Munich où Stock et Hitler ont vécu avant qu’il ne devienne chancelier de l’Allemagne en 1933.

Hitler a grandi et vécu en Autriche avant de se rendre en Allemagne pour poursuivre ses ambitions gouvernementales. Il a vécu à Munich jusqu’à ce qu’il obtienne le titre de Chancelier en 1933 avec lequel il a pris le contrôle du gouvernement allemand et a commencé sa dictature.

Cependant, même avant la nomination de Hitler au poste de chancelier, des rumeurs horribles circulaient autour de son appartement, notamment que sa nièce bien-aimée Geli Raubal y avait été assassinée. Hitler et Raubal ont partagé une relation notoirement intime avant que le jeune homme de 23 ans ne meure dans des circonstances mystérieuses alors qu’il vivait avec lui.

On pense généralement que Raubal s’est suicidée avec l’arme d’Hitler cinq ans après avoir emménagé avec lui. En effet, Stock a rapporté avoir vu ce qu’elle croit être le cercueil de Raubal être retiré de la maison d’Hitler.

« Il y a eu des spéculations sur comment et quand elle est morte. Je pense qu’il était vrai que le cercueil a été transporté et qu’il contenait une femme », a déclaré Stock. « Mais il n’y a jamais eu de confirmation – et vous ne pouviez pas parler ouvertement. »

Vivre si près d’Adolf Hitler signifiait que Stock avait de multiples rencontres troublantes avec lui. Elle se souvient également qu’un groupe de gardes SS ne l’avait pas autorisée à s’asseoir dans la loge royale du théâtre local parce qu’elle lui avait été réservée.

Le mobilier et les objets rituels d’une synagogue de Mosbach, en Allemagne, brûlent sur la place de la ville pendant la Nuit de Cristal, 1938.

« Une fois, je suis allée à l’opéra – j’ai obtenu des billets par l’intermédiaire de l’école… J’étais très contente », a détaillé Stock. « J’y suis arrivé le soir et des SS m’ont dit : “Tu ne peux pas entrer ici, va plus bas.” En levant le rideau, j’ai regardé la loge royale – et il y avait Hitler assis là. »

Après l’arrivée des nazis au pouvoir, le père de Stock a été libéré de son poste de juge et Stock n’a pas pu s’inscrire dans un collège allemand parce qu’elle était juive. Par conséquent, sa famille l’a envoyée en Suisse. Plus tard, elle s’est inscrite dans un collège de secrétariat à Londres.

Mais la situation en Allemagne s’est aggravée. En 1938, les nazis ont commencé à lancer des pogroms qui visaient les Allemands juifs dans une série de violentes attaques antisémites, à commencer par l’attaque notoire des commerces juifs connue sous le nom de Kristallnacht ou la « nuit du verre brisé ».

« Le lendemain de la Nuit de Cristal, une amie de mes parents leur a téléphoné pour leur dire que son mari avait été emmené dans un camp de concentration », a déclaré Stock. Une centaine d’Allemands juifs ont été tués au cours de ces violences.

Après la Seconde Guerre mondiale, Stock a épousé son mari, Roy, et ils ont vécu à Paris jusqu’en 2009.

Le père de Stock a également failli être envoyé dans les camps de concentration nazis, mais il a été épargné en raison de son âge avancé et du simple fait que les camps étaient déjà pleins. Il est cependant devenu évident que la famille Frank devait quitter l’Allemagne immédiatement.

« Ils devaient partir et nous [Stock et son frère] avons essayé de leur obtenir un permis pour venir en Angleterre », dit-elle. « Le gouvernement britannique a dit à l’époque qu’il fallait avoir 1 000 livres en Angleterre, mais nous ne l’avons pas fait. Son père a été obligé de donner son précieux violon en guise de paiement. »

La famille de Stock a finalement pu fuir Munich pour Londres où ils l’ont retrouvée. Ils étaient partis dans l’un des derniers trains à arriver à Londres quelques jours avant que les nazis n’envahissent la Pologne en 1939, donnant ainsi le coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale.

Bien après avoir survécu à la guerre, Stock s’installe à Paris où, à 45 ans, elle rencontre son mari, Roy Macdonald Stock. Ils sont restés ensemble dans la capitale française jusqu’en 2009, date à laquelle ils se sont installés à Bristol, en Angleterre, la ville natale de son mari.

Avec sa famille qui a échappé à l’Holocauste et sa proximité avec le dictateur nazi lui-même, c’est un miracle que Stock soit encore en vie aujourd’hui. Heureusement, Stock n’a plus eu de problèmes avec le Führer, et elle n’aurait probablement rien à lui dire même si elle avait su ce qu’elle sait maintenant.

« Je ne voudrais pas lui parler parce que mes sentiments seraient trop forts », a-t-elle dit, « je ne pourrais pas ».

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Source : All That’s Interesting – Traduit par Anguille sous roche