Une nouvelle recherche met en lumière une cause possible de l’autisme : les aliments transformés


Plus nous en apprenons sur le microbiome, plus les pièces s’emboîtent les unes dans les autres.

  • Une nouvelle étude de l’Université de Floride centrale plaide en faveur de l’émergence d’un lien entre l’autisme et le microbiome humain.
  • Des niveaux élevés d’acide propionique (PPA), utilisés dans les aliments transformés pour prolonger la durée de conservation, réduisent le développement neuronal du cerveau fœtal.
  • Bien que d’autres recherches soient nécessaires, il s’agit là d’une autre étape pour bien comprendre les conséquences d’une mauvaise alimentation.

Une nouvelle étude de l’Université de Floride centrale, publiée dans Scientific Reports le 19 juin, plaide en faveur de l’émergence d’un lien entre l’autisme et le microbiome humain. Des niveaux élevés d’acide propionique (PPA), qui est utilisé dans les aliments transformés pour prolonger la durée de conservation et inhiber la croissance des moisissures, semblent réduire le développement neuronal du cerveau fœtal.

Se tourner vers l’alimentation pour mieux comprendre l’autisme n’est pas nouveau. Comme l’écrit Steve Silberman dans son opus sur l’autisme, Neurotribes, les étapes fondamentales du traitement des enfants comprennent l’élimination des aliments soi-disant déclencheurs, le traitement des allergies alimentaires, les mégadoses de vitamines et de minéraux, et les traitements antifongiques et probiotiques pour renforcer le microbiome chez l’enfant.

Cette nouvelle étude pose toutefois une autre idée : l’alimentation de la mère est impliquée dans l’apparition de l’autisme chez le fœtus en développement. Une telle constatation, si elle s’avère vraie, pourrait avoir d’importantes conséquences pour l’avenir des soins prénatals.

Comme l’écrit l’équipe composée de Latifa S. Abdelli, Aseela Samsam et Saleh A. Naser, les troubles du spectre autistique (TSA) sont marqués par la neuroinflammation et les symptômes gastro-intestinaux. L’éventail comprend divers niveaux d’altération de la communication sociale, ainsi que des comportements répétitifs qui entravent les progrès d’apprentissage d’un enfant et sa capacité d’établir des relations avec les autres.

Le nombre d’enfants diagnostiqués avec un TSA a augmenté d’année en année, bien que, comme l’écrit M. Silberman, le spectre ne soit pas nouveau. Pourtant, quelque chose est en train de changer dans les sociétés qui causent cette poussée. En 2000, le CDC a observé qu’un enfant sur 150 présentait de tels comportements ; en 2018, ce nombre est passé à un sur 59.

L’autisme pourrait-il être causé par des microbes intestinaux ? | Dr. Emeran Mayer

L’équipe de recherche note que des milliers de gènes sont associés aux TSA. Bien qu’il n’y ait pas de coupable unique probable – ils croient qu’il s’agit d’une interaction entre les forces génétiques et environnementales – ils se sont concentrés sur les anomalies du système immunitaire maternel. M. Naser, qui se spécialise dans la recherche en gastro-entérologie, s’est penché sur le PPA, car il avait déjà observé des niveaux élevés de cet acide carboxylique dans des échantillons de selles d’enfants autistes.

L’excès de PPA réduit le nombre de neurones dans le cerveau tout en surproduisant simultanément des cellules gliales, ce qui entraîne une inflammation, un marqueur de l’autisme. Des quantités accrues de PPA endommagent les voies neuronales qui permettent au cerveau de communiquer avec le corps. Ce cocktail toxique correspond aux symptômes de l’autisme : comportements répétitifs, problèmes de mobilité, difficultés à communiquer avec les autres.

Le PPA est naturellement présent dans le microbiome humain. L’augmentation des quantités d’acide, consommées par les mères sous forme d’aliments transformés, semble avoir un effet négatif sur leurs enfants. L’augmentation du PPA se répercute sur le fœtus, ce qui peut retarder le développement neuronal, ce qui pourrait aider à déclencher les effets en cascade qui mènent au spectre.

L’acide a été découvert pour la première fois en 1844 par le chimiste autrichien Johann Gottlieb, qui l’a remarqué dans des produits sucrés dégradés. Isolé, il dégage une odeur désagréable d’odeur corporelle. Fabriqué, cependant, il est utilisé pour arrêter le moulage dans l’alimentation animale, ainsi que dans les produits alimentaires humains, y compris les céréales, les produits de boulangerie et le fromage. Son utilisation est autorisée dans l’UE, aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Des recherches antérieures ont établi un lien entre une trop grande quantité de PPA et tout, de l’irritation du nez et de la gorge aux malformations congénitales et au cancer (chez le rat). Bien que sa toxicité soit généralement considérée comme faible en cas d’ingestion, cette étude de l’UCF suggère que ses effets sur le microbiome maternel sont beaucoup plus importants qu’on ne l’avait imaginé précédemment. Ce n’est, selon les chercheurs, qu’un premier pas, mais un pas important :

“Cette recherche n’est que le premier pas vers une meilleure compréhension des troubles du spectre autistique. Mais nous avons confiance que nous sommes sur la bonne voie pour enfin découvrir l’étiologie de l’autisme.”

Il n’y a pas d’avantage sans coût. Le faible coût des vaccins, par exemple – certaines blessures par rapport à des millions de vies sauvées – semble un compromis valable.

Le coût élevé des aliments transformés ne semble toutefois pas valoir la peine d’être sacrifié. Les aliments prêts-à-servir sont une création du marché et non une évolution en matière de bonne nutrition. Le pain ne devrait pas durer des semaines sur une étagère. Les animaux ne devraient pas être engraissés avec des aliments à faible valeur nutritive, surtout si la chimie utilisée pour leur production finit par nuire à notre espèce.

Ce sont là les coûts réels de notre système agricole, qui a un impact direct et négatif sur nos microbiomes. La recherche ne fournit peut-être pas les réponses que nous sommes prédisposés à croire, mais la science n’est pas une question de popularité des réponses. Le PPA n’est peut-être pas la cause de l’autisme, et cette recherche nécessite des études de suivi, mais elle indique quand même un marqueur potentiellement important.

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Source : Big Think – Traduit par Anguille sous roche


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