Comment le gouvernement veut transformer votre téléphone en mouchard


Le projet de loi Justice du gouvernement prévoit d’autoriser les autorités à pénétrer dans les profondeurs de votre téléphone pour…. vous espionner.

© Unsplash / Yura Fresh

  • Le projet de loi Justice donne la possibilité aux enquêteurs d’activer à distance les appareils électroniques d’une personne à son insu
  • Cette possibilité d’intrusion technologique est dénoncée par la Quadrature du Net, qui la qualifie de « grave atteinte à l’intimité » et de « surenchère sécuritaire »
  • Le Conseil de l’Ordre du barreau de Paris a également exprimé son inquiétude face à cette atteinte potentielle à la vie privée

Selon la Quadrature du Net, une association de défense des droits sur Internet, le projet de loi Justice, actuellement à l’étude, pourrait transformer nos appareils électroniques, et en particulier nos téléphones, en véritables mouchards. Cette loi permettrait aux enquêteurs judiciaires d’activer à distance et à l’insu les appareils électroniques des personnes accusées de crimes et de délits passibles de plus de 5 ans d’emprisonnement. Cette nouvelle disposition légale est qualifiée par l’association de « grave atteinte à l’intimité » et de « surenchère sécuritaire ».

La Quadrature du Net explique que cela pourrait permettre, par exemple, d’activer le micro ou la caméra d’un téléphone ou d’un ordinateur, même s’ils ne sont pas allumés, pour filmer ou écouter les alentours. Les enquêteurs pourraient également géolocaliser un conducteur via le système électronique de sa voiture. L’association précise que les policiers exploiteront les failles de sécurité de ces appareils pour installer un logiciel qui leur permettra d’en prendre le contrôle et de les transformer en mouchards.

L’association met aussi en garde contre le fait que cette possibilité d’intrusion technologique ne se limite pas aux téléphones et aux ordinateurs. Elle pourrait s’étendre à d’autres appareils connectés, tels que les téléviseurs, les babyphones, les assistants vocaux, les montres et même les trottinettes connectées. Si le texte était adopté en l’état, cela démultiplierait dangereusement les possibilités d’intrusion policière, transformant tous nos outils informatiques en potentiels espions.

Quand le gouvernement la joue Big Brother

Cette inquiétude est partagée par le Conseil de l’Ordre du barreau de Paris, qui a dénoncé mi-mai cette atteinte particulièrement grave au respect de la vie privée. En effet, le projet de loi n’interdit pas l’écoute des conversations dans le cabinet d’un avocat, entre l’avocat et son client, même si leur transcription est interdite. Cette disposition est perçue comme une atteinte inadmissible et contraire au secret professionnel et aux droits de la défense.

La Quadrature du Net exprime de graves inquiétudes quant à l’atteinte aux droits et libertés fondamentales, notamment le droit à la sûreté, le droit à la vie privée, le secret des correspondances, et le droit d’aller et venir librement. En conséquence, l’association appelle tous les parlementaires à œuvrer pour la suppression de ces dispositions du texte de loi.

Ces nouvelles dispositions soulèvent de nombreuses questions concernant l’équilibre entre la nécessité de la sécurité et la protection des libertés civiles. Il reste à voir comment les législateurs, les professionnels du droit et le public réagiront à ces développements potentiels dans l’application de la loi.

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Source : Presse-citron


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